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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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été mis à l’épreuve ? Je ne crois pas. Ces types aiment ce genre de connerie, tu le sais.
    — Je me fous de ce qu’ils aiment. Rappelle-la.
    — Je le ferai plus tard.
    — Ce n’est pas une suggestion. Rappelle-la.
    Je savais qu’il avait raison ; je savais aussi qu’il pouvait m’envoyer au tapis en deux secondes.
    — OK, OK.
    Je téléphonai. Dale pleurait toujours. Je m’excusai et tentai d’expliquer dans quelle situation j’étais. Gwen prit le téléphone et n’y alla pas par quatre chemins.
    — Jay, ne parle plus jamais de cette façon à nos enfants ! Ce ne sont pas des accessoires. Tu comprends ?
    Je répondis que oui, mais je n’étais pas sincère. Elle m’emmerdait, n’avait pas idée de ce que j’affrontais. Elle me demanda une nouvelle fois si je comprenais. Je répondis à nouveau par l’affirmative. J’ignore pourquoi Gwen ne m’a pas annoncé à cet instant qu’elle me quittait. Je demandai à parler à Dale. Je pris soudain conscience de ce que j’avais fait. Pendant quelques instants, je redevins Jay Dobyns. Je lui dis que le type qui lui avait parlé comme ça n’était pas moi, que c’était quelqu’un d’autre, que je n’étais pas sérieux, que j’étais heureux que la guitare lui plaise. Elle se calma mais demeura troublée. Je promis de me faire pardonner. Je lui demandai si elle me pardonnerait. C’était une enfant, comment pouvait-elle répondre autre chose que oui ?
    Je raccrochai. La colère bouillonnait en moi, mais je ne savais pas où la diriger. Je haïssais les Angels, je haïssais l’ATF, je haïssais Timmy, qui m’avait obligé à m’excuser, je haïssais ma femme, je haïssais ma famille, je me haïssais, puis je me remettais à haïr les Angels et le cycle reprenait. Je ravalai ma haine et m’efforçai de rester calme. Je dis à Timmy que Dale allait bien. Je fus convaincant, il me crut, ou feignit de le faire. Je m’excusai et il répondit que ce n’était rien, que nous subissions tous de fortes pressions. J’avais envie de reprocher à quelqu’un ce que j’étais devenu ; toutes les personnes que je connaissais me traversèrent l’esprit, mais je ne pouvais m’en prendre qu’à moi.
    La vérité, cependant, était que j’étais absolument prêt à jeter ma famille aux orties si cela me permettait d’obtenir la faveur des Hells Angels. Je croyais, peut-être stupidement, que ma famille finirait par comprendre, qu’il était logique que je prenne beaucoup quand elle m’accordait un peu. En réalité, dans l’instant, je n’aurais pas hésité à refaire ce que j’avais fait à Dale. Les propos de Bobby me revinrent en mémoire : il faut que tu renonces à tout pour devenir un Hells Angel. Ses paroles m’avaient semblé ridicules mais elles prirent soudain un sens. J’eus l’impression d’être pitoyable. Non. J’étais pitoyable.
    J’étais devenu Bird beaucoup plus que Jay Dobyns. Ma transformation était presque complète.
    Quand on regagna la maison, Bobby me demanda à qui j’avais téléphoné. Je répondis que je préparais une grosse affaire à Culiacán, au Mexique, pour la semaine prochaine. J’ajoutai que nous serions absents pendant quelque temps mais que nous serions de retour pour la réunion du 6 juin. Bobby dit que c’était OK, qu’ils connaissaient la situation quand ils nous avaient fait venir et qu’ils avaient promis de nous laisser notre liberté sur le plan des affaires. Je le remerciai. Joby me demanda de l’avertir si j’entendais parler d’une trentaine d’armes de poing, qu’il avait l’intention d’en fournir au chapitre de San Francisco, lequel les distribuerait ensuite aux gangs qui le soutenaient. Je répondis que je le ferais. Le lendemain, 1 er   juin, on quitta Prescott pour prendre un peu de repos.
    Les insignes n’enthousiasmèrent pas Slats, mais je m’en foutais complètement. Si j’étais prêt à renoncer à ma famille, je ferais la même chose à l’égard d’un collègue, même de la stature de Slats, sans la moindre hésitation. C’était une occasion en or et j’avais travaillé très dur pour l’obtenir. Slats ne pouvait pas m’arrêter. J’étais victime du syndrome du héros : j’étais obligé de sauver l’opération et résolu à le faire à tout prix, quelles que soient les difficultés. J’avais l’impression que, sans moi, rien ne pouvait marcher.
    À cette époque, l’équipe était nettement divisée en deux groupes, le

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