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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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sien à Rudy, en veillant cette fois à ne pas se placer entre lui et Dennis ou Turtle. Je mordis dans mon hot-dog. Il était juteux et croustillant. Il y avait de la moutarde d’un côté et du ketchup de l’autre.
    — Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?   ! aboya Rudy.
    Il jeta le hot-dog par terre et l’écrasa sous sa botte.
    — Putain de merde. Tu as de la graisse à la place du cerveau ? J’ai dit : avec de la choucroute. J’ai répété : avec de la choucroute, putain de con. Va m’en chercher un autre. Si tu te trompes pas, je te chargerai des hamburgers.
    Timmy reprit le chemin du grill. Je criai, par-dessus l’épaule :
    — Le mien va.
    — Le mien aussi, ajouta Carlos.
    Quand Timmy lui eut donné son deuxième hot-dog, Rudy le leva et l’examina comme un modèle réduit d’avion. Il hocha la tête. Il mordit dedans.
    — Bon boulot. Maintenant, toi et Pops, vous pouvez aller chercher à manger si vous voulez.
    Timmy et Pops s’éloignèrent en direction du grill.
    On mangea, on but de la bière, on parla de Bad Bob et on dit qu’on était très heureux d’avoir reçu la bénédiction des Hells Angels. J’ajoutai que c’était un honneur que je n’aurais jamais cru pouvoir obtenir. Dennis indiqua qu’on lui avait dit du bien de nous. Rudy affirma que Bad Bob était un type comme il faut. Pops, Carlos et Timmy se tenaient un peu en retrait, mangeaient leur hot-dog et buvaient de la bière. Cruze s’en alla. Dennis dit que Bob voulait faire notre connaissance. On parla de Laughlin et de la bagarre. Puis on annonça qu’il fallait qu’on y aille, qu’on les remerciait de nous avoir reçus et offert à manger. Profitant d’un instant de silence, Turtle me demanda de signer la banderole d’honneur tendue au fond de l’auvent. On y lisait HELLS ANGELS NOMADS et une tête de mort d’un mètre cinquante en occupait le centre. Je me détendis et souris. Un Angel de longue date tel que Turtle demanderait-il à quelqu’un qu’il n’appréciait pas et ne respectait pas de signer une banderole appartenant au club ? Non. J’écrivis : « Amour et respect, Bird, Solo Angeles Nomads ».
    J’étais très content de moi quand je rejoignis le groupe. Ce fut à cet instant que Turtle demanda :
    — Hé, les mecs, c’est quoi le putain de problème de vos blousons ?
    Et Carlos – avec des fioritures de la part de Pops – leur servit notre baratin sur la mère de Cricket.
    On lui devait des camions de roses.
     
    Le retour à Phoenix fut ridicule. La moto de Rudy tomba en carafe et on paya un type pour les ramener, lui, sa nana et sa bécane ; la mienne toussait, s’essoufflait et refusait de dépasser soixante-dix parce que le génie de la mécanique que je suis n’avait pas ouvert complètement l’arrivée d’essence ; Timmy, épuisé et déshydraté, vomit continuellement la nourriture et la boisson ingurgitées dans la journée. Il tint bon, ne se plaignit pas, mais à notre arrivée le côté droit de son blouson était couvert de morceaux de hot-dog.
    On se regroupa au quartier général de l’opération, endroit qu’on surnommait le Carré de citrouilles (ou simplement le Carré) à cause de l’orange vif des Solo Angeles. Il s’agissait d’un entrepôt d’une zone industrielle de Phoenix. Les entreprises voisines étaient des fabriques de meubles et de petites sociétés de programmation. En façade, il y avait un bureau qui n’était jamais occupé par une secrétaire et derrière, au-delà d’une porte ordinaire, le quartier général. Une douzaine de tables de travail, deux fois plus d’ordinateurs, deux bureaux, une salle de conférences et un quai de déchargement où nous avions passé beaucoup de temps à bricoler les motos déglinguées fournies par l’ATE Kitchenette insuffisante et salle de bains avec toilettes. Affiches de pin-up et tout un mur consacré à ma carrière de footballeur universitaire, dont les collègues se moquaient sans cesse. Il y avait un mur consacré aux photos des suspects, des postes d’exploitation des indices et un coffre-fort. Au cours de cette année, le Carré devait tenir lieu de foyer à beaucoup d’entre nous.
    Timmy nettoya son blouson, Slats fit du café, puis ce fut le débriefing. Deux éléments principaux se dégagèrent. Premièrement, nos blousons devaient absolument perdre l’éclat du neuf. On les posa au pied du quai de déchargement, on versa dessus de l’eau, de la bière, des poignées de

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