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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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intrépides et confirmés, derrière et leur dit de ne pas rouspéter. On se cramponna désespérément, Carlos et moi. On resta à soixante centimètres de la moto qui nous précédait et on fonça comme une chaîne sur un dérailleur. Les voitures filaient selon des angles impossibles quand nos Harley énormes s’inclinaient sur les autoroutes de Phoenix. Le crépuscule céda la place à la nuit. Les lumières se coagulaient en taches orange, rouges et noires. Le bruit rongea nos jambes, nos culs, nos poitrines et, tout d’un coup, les machines cliquetèrent comme si elles respiraient. Ce fut la première fois que je roulai vraiment à moto, pas de problème.
    Au sud de Mesa, on s’arrêta devant un Circle K. Timmy et Pops allèrent acheter des Red Bull et des cigarettes.
    Carlos dit, comme pour lui-même :
    — Bordel de merde ! On va mourir sur ces putains de trucs. Tu le sais, hein ?
    C’était exactement ce que je ressentais. Les Harley sont des pièges mortels entêtants. Point.
    Rudy reconnut :
    — C’est mieux.
    Il me tapota la cuisse.
    Slats téléphona et dit également :
    — C’est mieux.
    Je le remerciai et lui annonçai que nous étions prêts. Il répondit que la liaison radio fonctionnait et que l’équipe de couverture était en place. Les gars pourraient être dans le clubhouse, le fusil à pompe Ithaca à la main, en quarante-cinq secondes. Je répondis que c’était cool et raccrochai.
    Les passants nous regardaient du coin de l’œil. Je souris à une femme accompagnée d’un enfant de dix ans. Elle prit le petit garçon par les épaules et lui fit tourner le dos au groupe d’hommes effrayants dont je faisais partie, le poussa vers leur voiture. Pour la première fois depuis des jours, je pensai à Jack, mon fils.
    J’avais manqué de nombreux moments importants de la croissance des enfants. Le pire fut celui des premiers pas de Jack, parce que je travaillais sur une affaire d’attentat à la bombe dans un casino de Las Vegas. Le jour où c’était arrivé, Gwen avait téléphoné et laissé un message. Je n’avais pas pu décrocher parce que j’étais dans la voiture déglinguée que j’utilisais, en compagnie de mon équipier, Vincent Cefalu, et de notre suspect, à la lisière de Las Vegas, où on cherchait un restaurant de tacos tout en parlant d’une livraison de plastic. C’est contre ce genre de choses que j’ai souvent échangé les moments les plus précieux de ma vie.
    La femme au petit garçon embraya et quitta sa place de stationnement en une courbe serrée, rapide, qui fit grincer l’essieu de la voiture. On resta encore un moment sur le parking, puis Rudy donna le signal. On dit : Jésus hait les gonzesses, et on y alla.

9
 
PREMIÈRE SOIRÉE À MESA
    1 er et 2 août 2002
     
    Le clubhouse de Mesa se trouvait dans un quartier résidentiel. C’était un ranch avec un auvent destiné aux voitures sur le flanc ouest, au-delà d’un mur en parpaings montant à hauteur d’épaule et coiffé de tuiles rouges. Un grand palo verde se dressait derrière ce mur. Une bande de plastique rouge passait dans les maillons de la chaîne qui permettait de fermer l’entrée du chemin privé. Au-dessus du porche, deux têtes de mort se faisaient face, se fixant à jamais en chiens de faïence. Entre elles, en lettres enflammées caractéristiques des Hells Angels, on lisait : MESA.
    Cinq Hells Angels vinrent nous accueillir. Rudy indiqua qu’ils s’appelaient Ghost, Trigger, Bighead, Stroker Dave et Rockem, un prospect. Ils avaient tous une arme à feu et leur outil préféré en cas de bagarre : poignard, marteau, matraque ou coup-de-poing américain. Ils nous conduisirent jusqu’à une porte latérale. Rudy entra avec Trigger et je suivis Ghost, qui portait un gilet pare-balles. Quand on arriva à la porte, il se tourna vers moi, posa une main sur ma poitrine.
    — Désolé, Bird. Faut qu’ils restent dehors.
    Il montra mes Glock.
    Impossible, il fallait que nous gardions nos armes ; si les Angels ne nous permettaient pas de les conserver, l’opération ne pourrait tout simplement pas progresser. Si nous y renoncions, nous risquions de nous mettre en difficulté. Si nous disions : d’accord, nous les laissons, mais seulement cette fois, peut-être se demanderaient-ils si nous étions bien les affreux que nous prétendions être. Nos propos et nos actes devaient tous nous permettre d’être crédibles. On avait décidé d’insister pour rester

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