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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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mais le crépuscule du désert s’attardait. On fumait comme des pompiers, Pops et moi. C’était août dans l’Arizona et la transpiration collait nos blousons sur nos torses comme une seconde peau.
    J’avais mes Glock. Carlos et Timmy avaient chacun un Beretta .380. Pops avait un revolver Smith & Wesson à cinq coups. Il est théoriquement interdit d’armer un collaborateur extérieur, mais je lui faisais confiance et je ne voulais pas qu’il prenne des risques sans avoir les moyens de se défendre.
    J’ouvrais et fermais mon Zippo. Carlos faisait des bulles de chewing-gum. Pops parlait avec sa femme sur son portable. Timmy restait immobile, aussi calme qu’un lézard sur un rocher. Salaud.
    Rudy arriva. Il emballa le moteur, le coupa, mit pied à terre. Il n’était pas armé. Pops était un ami ; Rudy était le moyen d’atteindre un objectif. Il restait un ancien détenu à qui il était interdit de porter une arme.
    — Désolé d’être en retard.
    Il ne paraissait pas désolé. Je m’en fichais.
    — Pas de problème. On a le temps.
    Timmy dit :
    — Il n’est que sept heures, président.
    — Très bien.
    Rudy ôta la Cellophane d’un paquet souple de Marlboro rouges, arracha le papier d’argent avec les dents et en sortit une cigarette. Je lui donnai du feu.
    On resta silencieux.
    Puis Rudy expliqua :
    — Bon, je prends les choses en main quand on sera à l’intérieur, n’oubliez pas. Si vous me marchez sur les pieds, le spectacle est terminé. Les Angels respectent le règlement et ils tiendront à ce qu’on fasse de même. Faut pas que vous mettiez en danger le statut que je vous ai fabriqué, bande de mouchards. J’ai besoin de voir que vous êtes fiers de vos couleurs. En plus, on fera peut-être une virée avec ces gars, ce soir. Je regrette de vous mettre dans le bain aussi vite, mais il y a quelques trucs que vous devez savoir. On sera à l’arrière, on suivra le rythme. Faudra qu’on suive le rythme. S’ils grillent un feu, on grille un feu. S’ils se font arrêter par les flics, on se fait arrêter par les flics. Les gars de Mesa roulent comme les Blue Angels {21} pour Memorial Day. Il y a des chapitres qui détestent sortir avec eux parce que c’est des putains de nazis de la route. Gardez une distance de cinquante centimètres avec la roue qui vous précède. Et restez derrière. Croisez jamais la trajectoire de la roue avant d’un membre à part entière. Si vous doublez un de ces types, ça vous coûtera la peau du cul.
    Tout le monde garda le silence.
    Rudy demanda :
    — Qu’est-ce qui vous prend ? Vous êtes prêts, les mecs ?
    On se regarda sans un mot. Pops lui-même, âgé et grisonnant, qui, en temps ordinaire, s’en serait foutu si on lui avait collé une balle dans la tête, demeura silencieux. Rudy fut dégoûté.
    — Écoutez, si on fait vraiment ce truc, on y va aussi vite et aussi fort que possible. On va descendre de nos motos et on va se diriger vers ces types comme si on était les pires affreux du monde. On va les regarder dans les yeux et leur dire qui on est. Ce qui arrivera ensuite, on verra. On s’en débrouillera.
    Rudy se tourna vers moi et reprit :
    — Si tu le sens pas, si tu veux rentrer chez toi tout de suite pour raconter à la femme de ton voisin que t’es un vrai dur, on annule cette connerie et on met un terme à l’opération, parce que c’est ici et maintenant qu’elle commence.
    Le silence se prolongea, dû cette fois à la honte plus qu’à la peur.
    — Jésus déteste les gonzesses, bredouillai-je.
    Les gars se tournèrent vers moi d’un air de dire : qu’est-ce que c’est que cette connerie ? J’expliquai :
    — C’était la devise de mon ancien équipier, Chris Bayless, dans ce type de situation. S’il était là, il dirait : Alors, t’as l’estomac noué et t’as envie de rentrer chez toi ? Bon, remonte tes noix et au boulot. Jésus déteste les gonzesses… tu es un agent infiltré, putain, faut que tu fasses ce que tu dois faire ! Allez, les mecs, je suis un paquet de nerfs mais Jésus déteste les gonzesses, hein ?
    Timmy répéta à voix basse :
    — Jésus déteste les gonzesses.
    Carlos et Pops prononcèrent la phrase en chœur.
    Rudy dit :
    — D’accord, Jésus déteste les gonzesses. Maintenant on y va !
    Ça marcha. On partit. Qualifier ce qui suivit de dément reviendrait à dire qu’une jambe coupée est une égratignure. Rudy plaça Pops et Timmy, motards

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