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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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motards, notamment les Spartan Riders. Leur insigne central représentait une hache de guerre verticale et deux glaives croisés sur un fond rouge sang. En le regardant, je m’aperçus soudain que ces types étaient aussi bidons que nous. La formule est simple : si on a l’air d’un dur, on est un dur. L’importance de l’attitude – la nôtre, mais surtout celle de ces soi-disant « hors-la-loi » – était absolument incroyable.
    Un Spartan, Bruno, un colosse, arriva avec deux de ses gars. Ils avaient tous une canette de bière. Deux femmes les accompagnaient. Des femmes âgées, brisées. Ils brûlaient tous la chandelle par les deux bouts depuis trop longtemps.
    Bruno avait les cheveux en brosse très courte. Sa tête évoquait une calebasse géante et bosselée. Il portait son blouson à même la peau. Il avait un ventre à bière mou qui en écartait les pans et sa graisse était en guerre contre son nombril, qui avait pratiquement disparu. Il apparut immédiatement qu’il ne nous aimait pas.
    À un moment donné, il se tourna vers Carlos.
    — Mec, qu’est-ce qu’ils ont, vos putains de blousons ? Ils ont l’air neuf.
    Ceux que nous portions, Carlos, Pops, Timmy et moi, sortaient du magasin. Celui de Rudy, authentique, avait roulé sa bosse, mais les nôtres étaient des faux et ça se voyait. Carlos réagit vite.
    — Putain de conne. La gonzesse qui s’est occupé de nos affaires – tu sais qu’on vient d’autres chapitres et qu’on a rejoint Rudy –, cette conne est aussi adroite qu’un môme de trois ans avec des cisailles. Elle a bousillé nos blousons en ôtant les insignes, donc il a fallu qu’on en achète.
    Bruno ne marcha pas. Cruze oui.
    — Merde, mec. Le blouson d’un homme, c’est comme sa peau. Qu’est-ce que vous avez fait ?
    Carlos ne tint pas compte de Bruno.
    — Qu’est-ce qu’on pouvait faire ? C’est comme ça.
    Il montra l’insigne qu’il portait sur la poitrine.
    Bruno se frotta le ventre comme s’il contenait son cerveau. Il suggéra :
    — Vous auriez dû la massacrer.
    Carlos répondit tristement :
    — Ouais, on en avait envie. Mais c’est la mère d’un de nos frères.
    Il vida sa canette d’un trait et la jeta dans la poussière.
    Cruze leva la main et dit :
    — C’est comme ça hein ?
    Carlos rota. Je répétai :
    — Ouais, c’est comme ça.
    Je demandai à Rudy si nous irions dans la tente des Angels.
    — Ouais, répondit-il comme si c’était sans importance.
    Il proposa à Cruze de se joindre à nous. Bruno annonça qu’il restait là.
    On prit l’allée centrale. Ce fut extraordinaire. La foule nous dévisageait et s’écartait pour nous laisser le passage, comme si nous étions des rois.
    La peur me picotait la nuque et les avant-bras. Ce n’était pas comme le Flamingo de Laughlin, où les gens ordinaires et les flics étaient très nombreux. Ici, il y avait beaucoup de monde, c’était un rassemblement réservé aux motards et les forces de l’ordre y étaient gravement sous-représentées. J’étais à la fois terrifié et excité.
    Nous allions faire la connaissance des Hells Angels.
    Ils occupaient une zone où plusieurs vastes auvents les protégeaient du soleil. Deux prospects, des colosses, en gardaient l’accès. Cruze alla leur parler. Rudy les salua. Ils nous invitèrent à entrer.
    Au loin, un haut-parleur diffusait les Allman Brothers. À gauche se dressait un stand de T-shirts, tenu par deux jeunes femmes à forte poitrine. SOUTENEZ LES ROUGE ET BLANC DE VOTRE VILLE était écrit sur le devant de leur chemise. Le rouge et le blanc sont les couleurs des Hells Angels, et c’est aussi l’un de leurs surnoms les plus répandus. Les femmes portaient des shorts en jean très courts. Elles ne souriaient pas et fumaient.
    Je sortis une clope et l’allumai.
    On croisa des Angels qui nous regardèrent de la tête aux pieds. Ils connaissaient Cruze et les Red Devils, mais n’avaient jamais entendu parler des Solos. Ils demandaient à voix haute :
    — D’où sortent ces fils de pute orange ?
    On gardait le silence. Je m’efforçai d’avoir l’air détendu, mais j’avais l’estomac noué.
    On se dirigea vers deux responsables qui se tenaient au fond du dernier auvent.
    Cruze dit :
    — Salut patron.
    Le premier, qui pesait plus de cent vingt-cinq kilos, avait la peau rose et les cheveux blancs. Il beugla :
    — Cruze ! Ça va ?
    — Je suis avec des gars qui veulent te rencontrer.
    Le

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