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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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le connaissait pas. Rudy était trop imprévisible pour qu’on le laisse foutre le bordel dans tout l’État.
    C’était une évolution intéressante, mais j’avais plusieurs raisons de ne pas accepter. Rejoindre les Hells Angels alors que l’opération n’en était qu’à ses débuts n’était pas envisageable et encore moins recommandable. Je savais que si je devenais prospect, je ne pourrais pas agir aussi librement que si je demeurais Solo Angeles Nomad. En outre, il faudrait que Slats – et nos patrons – nous autorisent à le faire. Je décidai de refuser sans refuser, puis de consulter les autres membres de Black Biscuit.
    Cependant la proposition de Smitty était rassurante. La façon dont le départ de Carlos l’avait touché et cette proposition inattendue montraient à l’évidence que nous étions acceptés… convoités même. Elles prouvaient que nous faisions du très bon travail.
    Je dus rester un peu trop longtemps silencieux, en ruminant sa proposition, parce que Smitty demanda :
    — Bird, tu as entendu ce que je viens de dire ?
    J’allumai une nouvelle cigarette.
    — Entendu ? Tu blagues, Smit ? Tu me demandes si j’ai envie de devenir Hells Angel ?
    — Timmy et Pops aussi. Je veux que les Solo Angeles Nomads passent chez nous.
    Je bus ma bière. Elle était déjà tiède vu la chaleur torride. Je donnai à Smitty une réponse réfléchie et, techniquement, honnête :
    — Écoute, Smitty, je ne veux pas te manquer de respect, mais il faut que je réfléchisse. Il faut que j’en parle à Rudy, mon président. Bob le connaît. Je me suis engagé à être fidèle aux Solos et je peux pas les quitter comme ça.
    — La fidélité est un atout. Je comprends.
    Il fit tomber un cylindre fragile de cendre dans un cendrier des Hells Angels, puis reprit :
    — Naturellement. Réfléchis, c’est logique. Je sais que tu as ce qu’il faut, mais n’oublie pas… il en faut beaucoup.
    Il finit sa bière, je terminai la mienne.
    — Maintenant faut que j’aille à la réunion.
    Il resta assis. La conversation était terminée. Je me levai.
    Je tendis la main.
    — Merci, Smitty.
    Il me serra la main tout en souriant.
    — À bientôt, Bird.
     
    5 octobre. Sur le chemin du Carré, je m’arrêtai dans un Starbucks. Il y avait déjà le spécial Halloween : latte à la citrouille saupoudré de sucre brun à la cannelle. J’aime les spéciaux de Starbucks : je les prends avec beaucoup de mousse et du lait allégé. Totalement ridicule, mais c’est comme ça.
    Tandis que je traversais le quartier général de Black Biscuit, Slats demanda :
    — Qu’est-ce que c’est que ce truc ?
    Il montrait mon café.
    — Un triple latte à la citrouille, beaucoup de mousse, beaucoup de sucre. À quoi ça ressemble ?
    Il baissa la tête et tourna les talons.
    Les agents se préparaient à partir pour un rassemblement des Hells Angels Nomads qui se déroulerait à Bellemont, ville située à l’ouest de Flagstaff. Il ne durerait qu’un après-midi : pas une fête énorme. Nous avions l’intention d’y passer, de saluer des gars, puis de rentrer directement à Phoenix.
    On organisa une petite séance de mise en condition. Slats nous bombarda de questions : Où vous habitez, en ce moment ? Des Solos, hein ? Jamais entendu parler. Vous êtes d’où ? Redites-moi voir où est votre siège ? Qu’est-ce que c’est que ce tatouage ? Vous viviez où ? Qu’est-ce que c’est que cette moto ? Qui est votre président ? Où il est ?
    Slats aboya :
    — Où est ta nana ?
    — Mec, je suis aussi libre qu’un oiseau.
    — Ah bon ? J’ai de la chatte de premier choix. Je peux te brancher.
    Slats jouait d’une façon convaincante le rôle d’un connard de maquereau du milieu des motards.
    — C’est moi qui décide.
    — Suis-moi.
    — C’est bon. Si tu veux les amener, vas-y. J’ai dit que j’étais aussi libre qu’un oiseau, pas au pied du mur. Je me débrouille très bien et j’ai pas besoin de te suivre et de regarder sous les jupes.
    Slats cracha dans une canette de Coca et sortit de son personnage. Il se pencha sur sa chaise pliante métallique, le dossier gris et dur appuyé contre sa poitrine.
    — Je trouve ça bizarre.
    — Qu’est-ce que je devrais répondre ?
    — Pas ça.
    — Mec, je trouve ça très bon. En plus, ils nous surnomment déjà les Solo Nomads gays. Faut que ça change.
    — Je sais, mais il faut que ça soit plus

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