Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
Vom Netzwerk:
mon gars, dis-je.
    Il tourna la tête. Il parut étonné et contrarié. Il ne m’avait pas entendu entrer. Quand il s’aperçut que c’était moi, ses traits s’adoucirent. C’était un bon garçon. Trop bon pour moi.
    Je lui demandai ce qu’il faisait.
    — Bon, mes devoirs, maintenant. Je jouais à Madden’s, j’essayais d’apprendre toutes les phases de jeu offensives pour éviter d’y penser tout le temps, tu vois ?
    Je répondis que oui. Je savais qu’il ne pouvait jouer que pendant un temps limité, et fus heureux qu’il tente d’apprendre toutes les phases de jeu. En jouant avec lui, j’avais été estomaqué par le nombre de séquences dont l’ordinateur disposait, et constaté avec stupéfaction à quel point il était difficile de les mettre en œuvre ou en échec. C’est triste à dire, mais je considérais Madden’s comme une forme d’éducation, qui bénéficiait de mon appui total.
    Je demandai :
    — Hé, tu as faim ?
    — Oui.
    — Tu devrais apporter tes devoirs dans la salle à manger. Je vais préparer le repas.
    Il acquiesça et prit ses affaires.
    Dans la cuisine, je sortis une boîte de thon, l’ouvris, vidai l’eau et mis son contenu dans un saladier. J’y ajoutai de la mayonnaise et du poivre. J’éminçai un petit oignon et un cornichon, que je mis également dans le saladier. J’ajoutai de l’aneth. Je plaçai quatre tranches de pain dans le toaster. Avec une fourchette, je mélangeai le poisson aux autres ingrédients. Je regardai Jack. Il avait rentré la tête dans les épaules et tirait la langue. Il se donnait beaucoup de peine, s’efforçait de faire de son mieux. Je me sentis fier.
    Je posai le pain sur un plat et répartis la salade de thon sur deux tranches de pain doré. Je posai des feuilles de laitue dessus. Je tartinai de la moutarde sur les deux autres tranches. Je les mis en place puis coupai les sandwichs en diagonale.
    Je regardai à nouveau Jack. Il effaçait quelques lettres. Non, il en effaçait beaucoup. Je le voyais de profil. Sa concentration s’était muée en contrariété. Je pris le plat et m’approchai de la table.
    Il gommait si fort qu’il trouait le papier. Je lui demandai si la réponse présentait des difficultés.
    — Non. La réponse est bonne.
    — Dans ce cas quel est le problème, mon gars ?
    Je m’assis près de lui, posai le plat et pris une moitié de sandwich. Je mordis dedans.
    — Mon écriture. Elle ne va pas du tout. Je ne peux pas l’améliorer. Je la déteste.
    Il lâcha son stylo et baissa la tête. Le thon était bon, mais j’eus envie de vomir. Je compris immédiatement que j’avais cassé quelque chose dans la tête de mon fils.
    Je dis :
    — Je la trouve bien. Je peux la lire.
    — Ce n’est pas la question, papa, elle ne va pas, tu vois ? Je peux faire mieux.
    — Tu as neuf ans, mon gars. Ça viendra.
    — Mais elle ne va pas.
    Je compris ce qu’il voulait dire. Je m’aperçus que c’était une paraphrase des propos que j’avais tenus à mes enfants Dieu sait combien de fois dans toutes sortes de contextes : sport, travail scolaire, tâches ménagères. Je leur avais seriné : Tout ce que vous faites – tout  – faites-le au maxi. C’est la clé de la réussite dans la vie et de l’estime de soi. Donnez tout ce dont vous êtes capables, il n’y a que ça qui soit acceptable. C’est ça qui fera de vous des gagnants. J’eus l’impression d’être une limace. J’aurais dû être là pour lui dire que c’était la volonté qui comptait, et non le résultat. Mais je n’étais pas là. Enfin, j’étais là dans la mesure où Jack s’efforçait de me faire plaisir en écrivant bien… mais je n’étais pas là physiquement pour lui dire que, quelles que soient les circonstances, il me faisait plaisir. Il confondait volonté et résultat, comme je l’avais toujours fait.
    Une limace. Une limace coupée en deux. Je me tortillais, mais je veillai à ce qu’il ne s’en aperçoive pas.
    Je dis :
    — Hé, mon gars, je sais que je t’ai dit l’inverse, mais c’est la volonté de faire de ton mieux qui compte. Si tu as la volonté de faire de ton mieux, le résultat te satisfera sûrement. Tu piges ? C’est ce qui est important. Fais de ton mieux. La volonté est sa propre récompense.
    Il répondit qu’il était d’accord, mais je ne le crus pas. Logique. C’était à peine si je me croyais moi-même. Pour moi, depuis de très nombreuses années, seuls les

Weitere Kostenlose Bücher