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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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croyaient à la rédemption, pensant qu’ils finiraient par échapper à un monde de jugement, de harcèlement et d’incarcération. Dans leurs prières, ils faisaient le vœu d’avoir une moto dans l’autre vie.
    On partit en file indienne. On fit vrombir les moteurs afin d’envoyer l’esprit du mort là où il devait aller avec un dernier geste, une dernière proclamation.
    Peut-être était-ce pitoyable, peut-être était-ce profond, peut-être n’était-ce rien. J’y assistai, mais sans m’y intéresser. J’avais d’autres sujets de préoccupation.
    Rudy avait une gueule de déterré. Il était retourné en Methopotamia, berceau de la Cristallisation. J’avais dit à Bad Bob qu’il s’en mettait plein le nez. Compte tenu de l’expression de ses yeux, c’était plus grave encore. Il s’était laissé complètement déborder par cette merde.
    On se rendit au clubhouse des Spartan Riders, situé dans East Van Buren, au centre de Phoenix. Même chose, cette fois avec de la bière et de l’herbe.
    On partit vers dix-neuf heures. On descendit Van Buren et on prit la Septième Rue, à droite, en direction de Bank One Ballpark, où jouent les Diamondbacks. On était en formation : Rudy et moi devant, Timmy et Pops derrière.
    Deux voitures de patrouille s’immobilisèrent face à face, devant nous, dans la Septième Rue. Rudy s’arrêta et je fis de même. Un hélicoptère arriva de l’ouest, descendit rapidement, braqua un projecteur d’un million de watts sur la rue. Les portières des voitures de patrouille s’ouvrirent. Rudy reculait, dans l’intention de faire demi-tour, et me disait de l’imiter. Je répondis :
    — C’est pas aujourd’hui que je dois mourir, Rude. Ces mecs ont pas l’air de rigoler.
    Je jetai un coup d’œil par-dessus l’épaule. Derrière nous, trois autres voitures de patrouille barraient la chaussée. Nous étions pris au piège au milieu du bloc.
    Les policiers agirent rapidement. Ils connaissaient leurs ordres. Coincer les Solo Angeles Nomads et arrêter Rudy Kramer, ancien détenu en possession d’une arme à feu.
    Deux membres de la brigade d’intervention, en noir, avec un casque à visière en plastique fumé, arme braquée sur le sol – les Darth Vader des forces de l’ordre –, sortirent d’une ruelle et se dirigèrent vers nous au petit trot. Les agents en uniforme descendirent de voiture et avancèrent rapidement. On nous ordonna de descendre de moto. On obéit. Des armes furent dégainées, mais pas les nôtres. En réalité, ce soir-là, nous n’étions pas armés.
    Heston Silbert, lieutenant de l’unité d’intervention de Phoenix, connaissait notre statut et dirigeait l’opération, mais les agents qui la mettaient en œuvre ignoraient tout de nous. Ils se montrèrent très professionnels, chirurgicaux et rapides. Ils concentrèrent leur attention sur Rudy.
    Ils nous firent allonger – à plat ventre, mains sur la nuque, chevilles croisées – sur une rangée. Rudy était près de moi. Je le regardai. Il ne me rendit pas mon regard. Il semblait calme… ce n’était pas la première fois que cela lui arrivait. Quand on le fit lever, je dis :
    — Je t’aime.
    Il se tourna vers moi et répondit :
    — Je sais.
    Je retins un éclat de rire. Il avait cru que j’étais sérieux. Le vieux camé n’était pas sensible à l’ironie. Je baissai la tête. Je ne regrettais pas qu’il ait échoué. Mon boulot consiste à mettre à l’ombre les types comme Rudy, même si je dois d’abord me servir d’eux. Néanmoins, je l’aurais remercié si j’avais pu.
    Les flics le menottèrent et l’entraînèrent. Il cracha par terre, non parce qu’il était furieux, mais simplement parce qu’il avait besoin de cracher. Il prenait ça du bon côté. Un bon délinquant. Dans ses sacoches, les gars trouvèrent un pistolet chargé et soixante-dix grammes de meth dans un sac en plastique. Ils les glissèrent dans deux sachets distincts puis poussèrent Rudy dans une voiture de patrouille. Une camionnette à plateau arriva. Les gars y chargèrent sa moto. La camionnette repartit. Les membres de l’équipe d’intervention disparurent. Les portières claquèrent, les voitures de patrouille reculèrent et s’en allèrent. L’hélicoptère vira et fonça vers le nord, en direction de l’échangeur de l’autoroute. On se releva.
    L’intervention fut si convaincante que, plusieurs années plus tard, les avocats affirmèrent que

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