Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
Vom Netzwerk:
doit être un hors-la-loi : cogner d’abord et parler ensuite. Mieux encore : ne pas poser de questions. Prendre ce qu’on désire : territoire, nanas, bière, motos, drogue. Être violent et ne pas s’excuser. Je ne me suis jamais excusé d’être flic infiltré, même lorsque je me trouvais dans des situations où ma vie était menacée, ou bien lorsque mon éthique était mise à l’épreuve. Je ne me suis jamais excusé d’arrêter des gens, même quand je les aimais bien. Je ne me suis jamais excusé d’être l’autre face de la pièce des Hells Angels.
    Comme moi, la plupart de ces gars étaient en colère, mais, contrairement à moi, ils se croyaient tous injustement rejetés par la société.
    Comme moi, un emploi ou un mode de vie ordinaire ne les intéressait pas. Peut-être tenais-je davantage à ma famille et à mes amis, mais ne tenaient-ils pas à leurs frères et à leur club de la même façon ? Ils savaient qu’ils étaient marginaux, donc pourquoi ne pouvions-nous pas être marginaux ensemble ? Peut-être l’essence de leur aliénation reposait-elle sur un conflit entre la nature et la culture. Peut-être, au bout du compte, avaient-ils été maltraités ? Les Hells Angels tournaient-ils le dos au monde ou bien le monde tournait-il le dos aux Hells Angels ?
    Ces réflexions abstraites ne m’ont pas traversé une seule fois l’esprit pendant l’opération. Je ne pensai qu’une chose quand je vis Sonny aborder Pops : Whoa, c’est le Chef. Le putain de Chef est là ! Avec nous ! J’avais cru que sa présence ne m’impressionnerait pas, mais je m’étais trompé. J’étais en admiration.
    Pops aussi. Tous les mouvements et les gestes de Sonny étaient charmants. Je ne l’entendais pas, mais à la façon dont Pops tendit l’oreille vers lui je compris que sa trachéotomie ne changeait rien. Le mirliton qui lui permettait de parler, à cause du cancer dont il avait été victime, n’avait rien de ridicule. En réalité, il le rendait plus impressionnant. On l’avait opéré de la gorge trente ans auparavant et il avait continué comme si de rien n’était. Sonny était le roi des marginaux et le savait. Nous le savions tous.
    Sonny regarda le blouson de Pops, lui donna une accolade affectueuse puis s’éloigna.
    Pops me raconta plus tard que Sonny avait dit :
    — Merci d’être venu. Merci de manifester du respect. Vous devriez nous rendre visite à Cave Creek. Il y a aussi un chapitre, là-bas.
    Les Solo Angeles Nomads avaient la bénédiction du parrain et c’était très agréable.
    On resta. Bad Bob ressemblait plus que jamais à Barry Gibb. Sa chevelure était immobile, parfaitement fixée à la laque. Doug Dam me demanda si je voulais « des trucs », c’est-à-dire d’autres armes. Je lui adressai un clin d’œil et répondis qu’on en parlerait plus tard. Alors que j’étais dans la cour, la porte de la salle réservée aux membres s’ouvrit en grand. À l’intérieur, sur une table basse, il y avait un tas de meth de la taille d’une balle de baseball. Les membres entraient et sortaient, leurs femmes entraient et sortaient (les femmes, qui ne seraient jamais admises à devenir membres, pouvaient pénétrer dans la salle réservée avec l’autorisation d’un Hells Angel à part entière). Tous se penchaient sur la table et sniffaient. Tous planaient.
    À un moment donné, pendant la soirée, je me souvins que j’avais apporté un don. J’allai voir Bad Bob et le lui remis. Il regarda les cinq billets de cent dollars neufs qui se trouvaient dans l’enveloppe et en sortit une carte de visite des Solo Angeles (on en avait fait imprimer mille : noir et orange, FFSF). Au dos, j’avais écrit : « Affection et respect, Solos. » Il la glissa dans une poche de son blouson. On se serra la main, puis on finit par se donner l’accolade.
    Tout le monde était heureux. Ils étaient heureux parce qu’ils avaient tenu cinq ans dans le désert. Nous étions heureux parce que nous étions certains qu’ils n’arriveraient jamais à dix. Le succès, la fumée et l’odeur de moisi de la bière imprégnaient tout.
    La brume ne se dissipait pas. La fête ne finirait jamais. J’ignore totalement quand nous sommes partis.

19
 
L’ARRESTATION DE RUDY KRAMER
    Novembre 2002
     
    Un autre événement renforça notre assurance. Comme promis, JJ était venue à Phoenix le soir de la fête d’anniversaire et, dans la camionnette de l’équipe de soutien,

Weitere Kostenlose Bücher