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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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sur le quai d’une gare en
compagnie de petits orphelins. Elles sont actuellement à Lyon, dans un couvent
de religieuses. Daniel et Amos partent demain pour cette ville afin d’observer
leur mode de vie et les moyens de les arrêter.
    — Vous comptez les livrer aux autorités
françaises ? demanda Tavernier.
    — Non, fit froidement Sarah, nous les
exécuterons.
    — Quand cela sera fait, continua Samuel,
nous embarquerons pour l’Argentine, poursuivre notre traque, où deux d’entre
nous se feront passer pour des nazis en fuite. Amos et Daniel qui parlent
parfaitement allemand et ont l’air de purs Aryens joueront ce rôle. Quand
devez-vous retourner en Argentine ?
    —  à l’automne. Je suis chargé de mission auprès du gouvernement argentin par le
gouvernement français.
    — Parfait ; ce voyage peut-il être
avancé ?
    — Je n’en sais rien, je poserai la
question au Quai d’Orsay.
    — Il serait bon qu’avant votre départ, vous
soyez marié…
    — Marié ? !…
    — Oui, avec Sarah. Cela facilitera
notre tâche…
    — Peut-être, mais je n’ai nullement l’intention
de me marier.
    — Je ne vous plais pas ? dit la
jeune femme d’un ton ironique.
    — Ce n’est pas cela, Sarah, vous le
savez très bien.
    — Je sais que vous en aimez une autre. Rassurez-vous,
je ne suis pas jalouse.
    — Il ne s’agit pas de ça…
    — Non, interrompit Samuel, il s’agit d’une
simple formalité…
    — Une simple formalité, comme vous y
allez ! On voit bien que ce n’est pas vous que l’on veut marier !
    — François, je connais vos sentiments
mieux sans doute que vous ne les connaissez vous-même. Croyez-moi, si l’on
pouvait faire autrement, je ne vous demanderais pas de vous prêter à cette
mascarade, dit Sarah redevenue sérieuse.
    — Mais…
    — Je sais ce que vous allez dire, laissez-moi
m’en occuper.
    — Ne vous mêlez pas de cela, c’est à
moi de le faire…
    — Je vous accompagnerai.
    — Elle ne veut plus vous voir.
    — Je sais et c’est plutôt bon signe. Elle
ne veut pas me voir parce que ce que je lui ai dit l’a bouleversée. C’est
justement là-dessus que je compte pour qu’elle nous aide.
    — Vous n’allez pas demander à Léa…
    — Pourquoi non ? Ne m’a-t-elle pas
déjà aidée, sauvé la vie ? N’a-t-elle pas risqué la sienne avec courage
dans la Résistance ?
    — Justement, elle doit oublier tout
cela !
    — Vous la connaissez bien mal, elle ne
pourra pas oublier malgré le désir qu’elle en a. C’est une fille droite et
simple qui pense que les méchants doivent être punis.
    — Je le sais bien, mais pourquoi
serait-elle chargée, elle, de les punir ? Croyez-moi, laissez Léa en
dehors de tout cela.
    — Pourquoi, si nous avons besoin d’elle ?
    — Nous pouvons très bien nous en passer.
Je trouve inutile de nous encombrer d’une écervelée…
    — Ce n’est pas ce que pensait son oncle,
le père Adrien qui a utilisé ses compétences à maintes reprises.
    — Elle combattait pour chasser l’occupant
de son pays…
    — Là, elle combattra pour qu’il ne
revienne pas.
    — Tout cela me semble bien compliqué et
risqué, dit Samuel. Si, comme j’ai cru le comprendre, François Tavernier est
amoureux de cette Léa, nous allons au-devant d’ennuis. Rien de pire que les
histoires sentimentales dans la clandestinité.
    — Votre cousin a raison, c’est beaucoup
trop risqué, non seulement pour Léa, mais pour nous tous. Je me suis engagé à
vous aider, à participer à votre combat, mais pas au prix de la sécurité et de
la vie de Léa.
    — Cela suffit pour aujourd’hui, dit
Sarah, nous en reparlerons une autre fois.
    Le ton de la voix les congédiait. Les cinq
hommes se levèrent et sortirent.
    Quelques enfants
se poursuivaient en piaillant dans la poussière du square de la place des
Vosges sous l’œil des mères assises à l’ombre, tricotant ou cousant. Le ciel
était blanc de chaleur, personne sous les arcades. François Tavernier quitta
ses compagnons et, tenant sa veste pendue à son épaule, se dirigea vers sa
voiture stationnée rue de Turenne. Ces rencontres et ces conversations lui
avaient laissé un sentiment de malaise. Était-il bien raisonnable, dans sa
position, de s’engager dans cette aventure avec des amateurs, dont une femme
qui avait perdu tout sens commun ? Non, c’était tout sauf raisonnable ;
mais depuis la guerre d’Espagne, il ne connaissait plus le sens de

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