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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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Sarah avait dit.
    — Sarah a quoi ? répéta Fanny d’un ton acerbe. Ne dites
pas les choses à moitié, car je ne vous comprends pas.
    — Ma foi, Miss, puisque vous y tenez. Vous comprenez, Sarah
se trouvait à la meilleure place pour voir, parce qu’elle était à la fenêtre de
droite ; et d’après elle, d’ailleurs c’est ce qu’elle a dit sur le moment,
elle a vu Miss Hale qui avait passé les bras autour du cou du maître devant
tout le monde.
    — C’est invraisemblable ! s’exclama Fanny. Je sais
que mon frère lui plaît, cela, tout le monde le voit, et je suis certaine qu’elle
donnerait très cher pour qu’il l’épouse, ce qu’il ne fera jamais, je peux le lui
garantir. Mais je ne la crois pas assez hardie et effrontée pour lui passer les
bras autour du cou.
    — La pauvre demoiselle ! Si c’est le cas, elle l’a
payé cher. A mon avis, le coup lui a tellement fait monter le sang à la tête qu’elle
ne s’en remettra jamais. Elle a l’air d’un cadavre.
    — Oh, je voudrais tant que maman revienne ! gémit Fanny
en se tordant les mains. Jamais je ne me suis trouvée dans la même pièce qu’un mort.
    — Attendez, Miss ! Elle n’est pas morte : ses
paupières frémissent et voilà des larmes qui lui coulent sur les joues. Parlez-lui,
Miss Fanny !
    — Vous sentez-vous mieux maintenant ? demanda Fanny
d’une voix tremblante.
    Pas de réponse ; aucun signe de reconnaissance ; mais
un peu de rose revint aux lèvres de Margaret, bien que le reste de son visage restât
d’une pâleur cireuse. Mrs Thornton arriva précipitamment, avec le docteur le
plus proche qu’elle avait trouvé.
    — Comment va-t-elle ? Vous sentez-vous mieux, ma petite
fille ? dit-elle lorsque Margaret ouvrit des yeux embrumés et la regarda d’un
air vague. Voici Mr Lowe, qui est venu vous examiner.
    Mrs Thornton parlait aussi fort et articulait aussi soigneusement
que si elle s’adressait à une sourde. Margaret essaya de se lever et ramena instinctivement
sur la blessure sa chevelure opulente et ébouriffée.
    — Je me sens mieux, murmura-t-elle d’une voix très basse
et faible. J’ai eu un petit malaise.
    Elle laissa Mr Lowe lui prendre la main et le pouls. Lorsqu’il
voulut examiner sa coupure au front, elle rougit un instant et leva les yeux vers
Jane, comme si elle redoutait son examen plus que celui du médecin.
    — Ce n’est pas grand-chose, je crois. Je vais mieux maintenant.
Il faut que je rentre.
    — Pas avant que j’aie appliqué un petit emplâtre et que
vous vous soyez un peu reposée.
    Elle s’assit précipitamment, sans rien ajouter, et se laissa
soigner.
    — Maintenant, je vous en prie, permettez-moi de partir.
Maman ne verra rien, je crois. La coupure est cachée par mes cheveux.
    — En effet. Elle ne se voit pas.
    — Mais vous ne devez pas partir, déclara Mrs Thornton
d’un ton mécontent. Vous n’êtes pas en état.
    — Il le faut, dit Margaret d’une voix décidée. Pensez à
maman. Si mes parents apprenaient... de toute façon, je dois rentrer, dit-elle avec
véhémence. Je ne peux pas rester ici. Puis-je vous demander d’envoyer chercher un
fiacre ?
    — Vous êtes rouge et fiévreuse, observa Mr Lowe.
    — C’est seulement parce que je suis ici alors que je tiens
absolument à partir. L’air et le fait de retourner chez moi me feront le plus grand
bien, plaida-t-elle.
    — Je crois vraiment qu’elle a raison, répondit Mr Lowe.
Si sa mère est aussi malade que vous me l’avez dit en venant ici, il serait très
fâcheux qu’elle entende parler des émeutes sans voir rentrer sa fille à l’heure
prévue. La blessure n’est pas profonde. Je vais aller chercher un fiacre, si vos
domestiques ont encore peur de sortir.
    — Oh, merci ! s’écria Margaret. Cela me fera le plus
grand bien. C’est à cause du manque d’air dans cette pièce que je me sens si mal.
    Elle se laissa aller en arrière sur le divan et ferma les yeux.
Fanny fit un signe à sa mère, qui sortit avec elle, et lui dit quelques mots qui
rendirent celle-ci également désireuse de voir partir Margaret. Non qu’elle attachât
totalement foi à ce que venait de lui raconter Fanny ; mais assez cependant
pour que son attitude, lorsqu’elle prit congé de Margaret, fût extrêmement contrainte.
    Mr Lowe revint avec le fiacre.
    — Si vous me le permettez, Miss Hale, je vais vous
raccompagner chez vous. Le calme n’est pas encore complètement revenu

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