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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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le palier.
    — Comment va maman ? Où est papa ?
    Madame était fatiguée, et elle s’était retirée dans sa chambre.
Elle aurait voulu se mettre au lit, mais Dixon l’avait persuadée de s’étendre sur
le divan et de se faire monter son thé. Cela vaudrait mieux que de se coucher trop
tôt et ne plus pouvoir dormir.
    Jusque-là, tout allait bien. Mais où était Mr Hale ?
Dans le salon. Margaret s’y rendit, tout essoufflée à l’avance de l’histoire qu’elle
devrait raconter à la hâte. Naturellement, le compte rendu qu’elle fit demeura incomplet ;
et son père fut assez interloqué à l’idée d’aller dans son paisible bureau où l’attendait
cet ouvrier tisserand ivre avec qui il était censé prendre le thé et dont Margaret
plaidait la cause avec tant de sollicitude. L’excellent Mr Hale, si bienveillant
par ailleurs, aurait été tout prêt à consoler cet homme affligé ; mais malheureusement,
Margaret avait surtout insisté sur le fait qu’il avait bu et qu’elle l’avait amené
avec elle en dernier recours, afin de l’empêcher d’aller à l’estaminet. Un détail
en avait suivi un autre sans que Margaret se rendît compte de l’effet qu’elle avait
produit, jusqu’au moment où elle aperçut une légère expression de dégoût sur le
visage de son père.
    — Oh, papa, c’est un homme qui vous inspirera de la sympathie
si vous ne vous laissez pas rebuter de prime abord.
    — Mais Margaret, quelle idée d’amener un homme ivre chez
nous. Avec ta mère qui est si malade...
    Le visage de Margaret s’allongea.
    — Je suis désolée, papa. Il est tout à fait calme, et pas
du tout pris de boisson. C’est vrai qu’au début, je l’ai trouvé bizarre, mais c’est
peut-être à cause du choc provoqué par la mort de Bessy.
    Les yeux de Margaret s’emplirent de larmes. Mr Hale prit
entre ses mains le doux visage implorant de sa fille et l’embrassa sur le front.
    — Allons, mon enfant, tout ira bien. Je vais essayer de
le réconforter de mon mieux. Toi, va auprès de ta mère. Seulement, si tu peux venir
dans le bureau pour ne pas me laisser en tête à tête avec lui, je n’en serai pas
fâché.
    — Oh, bien sûr. Merci !
    Mais comme Mr Hale quittait la pièce, elle courut derrière
lui :
    — Papa, ne vous étonnez pas des propos qu’il tient ;
c’est un... Je veux dire qu’il ne croit pas à la plupart des choses auxquelles nous
croyons, nous.
    « Oh Seigneur ! Un tisserand ivre et mécréant ! »
pensa Mr Hale, atterré. Mais à Margaret il se borna à dire :
    — Si ta mère s’endort, viens immédiatement.
    Margaret alla dans la chambre de sa mère. Mrs Hale, qui
s’était assoupie, se réveilla.
    — Quand as-tu écrit à Frederick, Margaret ? Hier ou
avant-hier ?
    — Hier, maman.
    — Hier. Et la lettre est partie ?
    — Oui. Je l’ai portée moi-même à la poste.
    — Oh, Margaret ! Je redoute tellement sa venue !
S’il était reconnu ! S’il était capturé ! S’il était exécuté, après toutes
ces années où il est resté en sécurité à l’étranger. Chaque fois que je m’endors,
je rêve qu’il est pris et jugé.
    — Oh, maman, ne craignez rien. Il y a un risque, c’est indéniable,
mais nous le limiterons de notre mieux. Et il est si restreint ! Vous savez,
si nous étions à Helstone, le danger serait vingt fois, cent fois plus grand. Là-bas,
tout le monde se souviendrait de lui : et en voyant un inconnu dans la maison,
tout le monde devinerait qu’il s’agit de Frederick. Tandis qu’ici, personne ne nous
connaît ni ne s’intéresse assez à nous pour remarquer nos faits et gestes. Dixon
montera la garde à la porte comme un dragon... n’est-ce pas Dixon ?... pendant
qu’il sera chez nous.
    — Ils seront bien malins, ceux qui passeront malgré moi !
répliqua Dixon, montrant les dents à cette seule idée.
    — Et il n’aura qu’à ne pas sortir, sinon à la nuit tombée,
le pauvre.
    — Le pauvre ! répéta Mrs Hale. Je regrette presque
que tu aies envoyé cette lettre. Serait-il trop tard pour l’empêcher de venir, si
tu écrivais à nouveau, Margaret ?
    — Je le crains, maman, dit sa fille, se souvenant d’avoir
prié son frère de venir toutes affaires cessantes s’il voulait voir sa mère vivante.
    — J’ai toujours détesté agir avec autant de précipitation,
dit Mrs Hale.
    Margaret garda le silence.
    — Allons, Madame, intervint Dixon d’un ton à la fois

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