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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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ses bras croisés sur la table. Le cœur de Margaret se serra
en le voyant ainsi ; mais comme il restait silencieux, elle s’abstint de lui
prodiguer des paroles de réconfort. Martha était partie. Dixon veillait au chevet
de Mrs Hale endormie. On n’entendait pas un bruit dans la maison, que l’obscurité
envahit peu à peu sans que personne s’avisât d’allumer les chandelles. Assise près
de la fenêtre, Margaret fixait la rue et les réverbères sans rien voir, et sans
rien entendre que les profonds soupirs de son père. Elle n’avait pas envie de descendre
chercher de la lumière, craignant que Mr Hale, délivré de la contrainte tacite
de sa présence, ne se laissât aller en son absence à une émotion plus violente qu’elle
ne serait pas là pour calmer. Il faudrait cependant qu’elle descende bientôt pour
s’occuper du feu de la cuisine, car personne d’autre qu’elle ne pouvait s’en charger.
Soudain, quelqu’un actionna si violemment la sonnette emmaillotée que les fils tremblèrent
dans toute la maison, bien que le bruit produit fût plutôt faible. Margaret se leva
d’un bond, passa à côté de son père, qui n’avait pas bougé en entendant le son voilé,
puis elle revint sur ses pas pour l’embrasser tendrement. H ne bougea toujours pas
et ne parut pas avoir remarqué son affectueux baiser. Alors, elle descendit sans
bruit dans l’obscurité jusqu’à la porte d’entrée. Dixon aurait mis la chaîne de
sûreté avant d’ouvrir, mais les préoccupations de Margaret l’obsédaient trop pour
laisser la moindre place à la peur. Une haute silhouette masculine se dressait entre
elle et la rue éclairée. L’homme regardait vers l’extérieur, mais au bruit du verrou,
il s’était retourné rapidement.
    — Est-ce ici qu’habite Mr Hale ? demanda-t-il
d’une voix claire, sonore mais agréable.
    Margaret se mit à trembler et ne répondit pas tout de suite.
Au bout d’un instant, elle soupira : « Frederick ! » et tendit
ses deux mains pour prendre celles de l’arrivant et le tirer à l’intérieur.
    — Oh, Margaret ! dit-il après qu’ils se furent embrassés.
    Il lui mit les mains sur les épaules pour la tenir à bout de
bras comme si, malgré l’obscurité, il pouvait lire sur son visage une réponse à
ses questions plus rapide que des paroles.
    — Ma mère ! Vit-elle encore ?
    — Oui, elle vit encore, mon cher frère ! Elle est...
au plus mal, mais en vie ! En vie !
    — Dieu soit loué ! dit-il.
    — Papa est terrassé par le chagrin.
    — Vous m’attendiez, n’est-ce pas ?
    — Non. Nous n’avons pas reçu de lettre de toi.
    — Alors j’arrive avant elle. Maman sait-elle que je viens ?
    — Oh, nous savions tous que tu viendrais. Attends une minute.
Entre par ici. Donne-moi la main. Qu’est-ce que tu portes là ? Ah, ton sac
de voyage. Dixon a fermé les volets, mais nous sommes dans le bureau de papa et
je vais t’installer dans un fauteuil où tu pourras te reposer quelques minutes pendant
que j’irai le prévenir.
    Elle chercha à tâtons l’allume-feu et les allumettes. Lorsque
la faible lumière les rendit visibles l’un à l’autre, elle se sentit brusquement
intimidée. Elle remarqua seulement que son frère avait le teint extrêmement brun,
et d’un regard de biais elle surprit une paire d’yeux bleus remarquables et fendus
en amande, qui se mirent soudain à pétiller en s’apercevant que l’inspection à laquelle
ils se livraient était réciproque. Malgré la connivence momentanée que traduisait
cet échange de regards, le frère et la sœur ne prononcèrent pas une parole ;
mais Margaret sentit d’emblée que son frère lui serait aussi cher en tant que personne
qu’il le lui était déjà de par leur lien de parenté. Ce fut avec un cœur beaucoup
plus léger qu’elle remonta l’escalier : si son chagrin n’avait pas diminué,
il lui semblait toutefois moins oppressant car elle le partageait désormais avec
un être qui se trouvait exactement dans la même position qu’elle vis-à-vis de la
malade. Le désespoir de son père n’avait plus prise sur elle à présent. Il était
toujours prostré sur la table, aussi désemparé que tout à l’heure : mais elle
disposait d’un argument magique pour le sortir de son accablement. Peut-être l’utilisa-t-elle
sans assez de ménagements, toute à son propre soulagement.
    — Papa ! dit-elle en lui passant tendrement les bras
autour du cou et en

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