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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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inépuisable
et vigilant qui faisait de lui le meilleur des infirmiers. Par ailleurs, Margaret
fut émue presque jusqu’aux larmes par ses fréquentes allusions à leur enfance à
New Forest. Jamais il n’avait oublié sa sœur – ni Helstone, pendant tout le temps
où il avait couru les pays lointains et séjourné parmi des nations étrangères. Elle
pouvait lui parler du presbytère sans craindre de le fatiguer jamais. Elle avait
eu peur de lui avant son arrivée, cependant même qu’elle la souhaitait ardemment.
Elle sentait que ces sept ou huit ans avaient produit en elle de tels changements
qu’elle en avait oublié tout ce qui restait de l’ancienne Margaret ; elle s’était
dit que si ses goûts et ses sentiments avaient subi de si grandes métamorphoses
malgré l’existence sédentaire qu’elle avait menée, la carrière aventureuse de son
frère, dont elle ne connaissait que peu de choses, devait avoir substitué un autre
Frederick à l’adolescent dégingandé vêtu de son uniforme d’aspirant qu’elle se souvenait
avoir contemplé avec un respect admiratif. Mais l’absence avait effacé les différences
dues à l’âge, et ils s’étaient rapprochés sur beaucoup d’autres points. C’est ainsi
que lors de ces heures d’épreuve, le fardeau de Margaret se trouva allégé. Elle
n’avait d’autre lumière dans sa vie que la présence de Frederick. Pendant quelques
heures, après ses retrouvailles avec son fils, Mrs Hale alla sensiblement mieux.
Elle garda sa main entre les siennes, refusant de la lâcher même pendant son sommeil.
Alors, Margaret dut donner à manger à son frère comme à un bébé, afin qu’il ne dérangeât
pas sa mère en retirant un seul doigt. Mrs Hale s’éveilla alors qu’ils étaient
ainsi occupés ; elle fit doucement rouler sa tête sur son oreiller et sourit
à ses enfants lorsqu’elle comprit ce qu’ils faisaient et le motif de leur conduite.
    — Je suis bien égoïste, dit-elle, mais cela ne durera pas.
    Frederick se pencha pour embrasser la main faible qui emprisonnait
la sienne. Cette sérénité ne pouvait se prolonger plus de quelques jours, ou peut-être
même quelques heures. C’est ce que le docteur Donaldson affirma à Margaret. Après
le départ du bon médecin, elle descendit discrètement retrouver Frederick, que l’on
avait adjuré de rester caché dans le salon du fond. En temps ordinaire, cette pièce
servait de chambre à Dixon, mais elle l’avait cédée au jeune homme pour la circonstance.
Margaret répéta à son frère ce qu’avait dit le docteur Donaldson.
    — Je ne le crois pas ! s’exclama-t-il. Elle est très
malade ; dangereusement malade, certes, et les risques qu’elle encourt sont
immédiats. Mais je ne peux croire qu’elle pourrait être telle que nous la voyons
si elle était sur le point de mourir. Margaret ! Elle aurait dû prendre un
second avis, auprès d’un docteur de Londres par exemple. N’y avez-vous jamais songé ?
    — Si, plus d’une fois, dit Margaret. Mais je ne crois pas
que cela aurait servi à grand-chose. D’ailleurs, tu le sais, nous n’avons pas assez
d’argent pour demander à un grand médecin de se déplacer de Londres. Et je suis
certaine que pour les compétences, le docteur Donaldson vient immédiatement après
les meilleurs, si tant est qu’il cède le pas à qui que ce soit.
    Frederick se mit à marcher impatiemment de long en large dans
la pièce.
    — J’ai de l’argent placé à Cadix, mais pas ici, à cause
de ce fâcheux changement de nom. Pourquoi père a-t-il quitté Helstone ? Voilà
l’erreur.
    — Non, ce n’était pas une erreur, dit Margaret avec tristesse.
Je t’en conjure, évite de répéter ce que tu viens de dire, de peur que papa ne l’entende.
Je vois bien que déjà, il se torture en pensant que maman ne serait jamais tombée
malade si nous étions restés à Helstone, et tu ne mesures pas le talent qu’il a
pour s’adresser des reproches effroyables.
    Frederick s’éloigna d’un pas vif, comme s’il arpentait le pont
des officiers. Il revint enfin se poster juste en face de Margaret et observa un
instant l’attitude découragée et les épaules voûtées de sa sœur.
    — Ma petite Margaret ! dit-il avec tendresse. Gardons
espoir aussi longtemps que possible. Pauvre petite fille ! Qu’est-ce que je
vois ? Un visage mouillé de larmes ! Je veux garder espoir. Envers et
contre des milliers de docteurs. Allons, Margaret, courage, ne

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