Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
Vom Netzwerk:
plus demandé quelle était cette fameuse situation de confiance.
Il attendait un omnibus qui est arrivé, alors, il lui a fait signe de s’arrêter.
Mais pour me faire enrager jusqu’au bout, il s’est retourné avant d’y monter pour
me dire : « Si vous pouvez m’aider à faire prendre le lieutenant Hale,
Miss Dixon, on partagera la récompense. Je le sais bien, que vous aimeriez
être de moitié avec moi, hein. Allez, ne soyez pas timide, dites-moi oui ! »
Là-dessus, il a sauté dans l’omnibus et j’ai vu sa vilaine bobine me regarder d’un
air goguenard tant il était réjoui de penser qu’il avait eu le dernier mot.
    Le récit de Dixon inquiéta fort Margaret.
    — Avez-vous raconté cette histoire à Frederick ? demanda-t-elle.
    — Non, répondit Dixon. J’étais déjà bien assez contrariée
de savoir ce maudit Leonards en ville ; mais j’avais tant d’autres soucis en
tête que je n’y ai plus pensé. Seulement quand j’ai vu Monsieur tout raide, avec
les yeux dans le vague et si triste, je me suis dit que ça le secouerait un peu
de devoir se préoccuper de la sécurité de monsieur Frederick. Alors je lui ai tout
raconté ; pourtant, j’étais bien gênée de lui dire comment il m’avait parlé,
ce jeune homme. Et ça lui a fait du bien, à Monsieur. Si nous devons continuer à
cacher à tout le monde la présence de monsieur Frederick, il faudra qu’il parte,
le pauvre, avant l’arrivée de Mr Bell.
    — Oh, il n’y a rien à craindre de Mr Bell. Mais je
redoute le pire de la part de ce Leonards. Il faut que j’en parle à Frederick. À
quoi ressemblait-il ?
    — Il a une mine peu recommandable, Miss, je vous le garantis.
Des favoris comme j’aurais honte d’en porter, tant ils sont roux. Et il avait beau
faire le faraud, avec sa situation de confiance, il portait des vêtements de futaine,
comme un ouvrier.
    À l’évidence, Frederick devait partir. Juste au moment où il
avait repris sa place au sein de sa famille, et promis d’être un soutien solide
pour son père et sa sœur. Partir, quand sa sollicitude envers sa mère vivante et
son chagrin pour la défunte faisaient de lui l’un de ces intimes liés à nous par
un amour commun pour ceux qui viennent de nous être arrachés. Tandis que Margaret,
assise près de la cheminée du salon, remuait ces pensées dans son esprit, et que
son père ressassait nerveusement le malaise que ses peurs nouvelles, dont il n’avait
pas encore parlé, avait fait naître en lui, Frederick entra. Il était certes moins
en train, mais la violence de son chagrin s’était apaisée. Il s’approcha de Margaret
et lui baisa le front.
    — Que tu es pâle, Margaret ! dit-il à voix basse. Tu
as songé à nous tous, mais personne n’a songé à toi. Allonge-toi sur ce divan, tu
n’as rien à faire à présent.
    — C’est ce qu’il y a de pire, justement ! souffla-t-elle
avec tristesse.
    Mais elle alla s’étendre, et son frère lui couvrit les pieds
d’un châle. Ils se mirent tous deux à parler à mi-voix.
    Margaret lui raconta tout ce que Dixon lui avait dit sur sa rencontre
avec le jeune Leonards. Frederick pinça les lèvres, laissant échapper un long soupir
de consternation.
    — J’aimerais bien pouvoir lui dire deux mots, à ce gars-là !
Jamais on n’a vu plus mauvais marin à bord d’un bateau, ni pire gredin. Je t’assure,
Margaret... Tu connais les détails de l’affaire ?
    — Oui, maman me l’a racontée.
    — Eh bien, quand tous les marins qui avaient un tant soit
peu de valeur se sont indignés de la conduite de notre capitaine, ce gars-là, pour
se concilier ses bonnes grâces... Bah ! Quand je pense qu’il est ici !
Oh, s’il se doutait que je suis seulement à trente kilomètres de lui, il chercherait
à me débusquer pour satisfaire de vieilles rancunes. Je préférerais voir n’importe
qui d’autre empocher les cent livres qu’on a offertes pour ma capture plutôt que
ce coquin. Quel dommage qu’on ne puisse persuader cette pauvre Dixon de me dénoncer,
cela lui ferait un pécule pour ses vieux jours !
    — Oh, Frederick, chut ! Ne parle pas ainsi.
    Mr Hale s’approcha d’eux, agité et tremblant. Il avait entendu
ce qu’ils disaient et prit la main de Frederick entre les siennes.
    — Il faut que tu partes, mon garçon. C’est très fâcheux,
mais je le dois.
    — Oh, papa, est-il obligé de s’en aller ? dit Margaret,
plaidant contre sa propre conviction.
    — Je

Weitere Kostenlose Bücher