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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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d’idées.
    — Je lui écris aujourd’hui même, dit-elle.
    Son père retomba dans son apathie. Toute la matinée, elle vaqua
à ses multiples occupations, aspirant à trouver un instant de repos, mais prise
dans un tourbillon de tâches pénibles.
    Vers le soir, Dixon lui dit :
    — J’ai fait une grosse bêtise, Miss. Vous savez, j’avais
vraiment peur que Monsieur ait une attaque tant il est affligé. Il a passé toute
la journée au chevet de cette pauvre Madame, et en écoutant à la porte, je l’ai
entendu qui lui parlait comme si elle était toujours en vie. Quand je suis entrée,
il s’est tu, mais il avait l’air complètement perdu. Alors j’ai pensé qu’il fallait
le secouer, quitte à lui donner un choc sur le moment, et qu’il s’en trouverait
probablement mieux après. Alors je lui ai avoué que je ne trouvais pas prudent que
Mr Frederick reste ici, ce que je pense pour de bon. Pas plus tard que mardi,
quand je suis sortie, je suis tombée sur quelqu’un de Southampton, pour la première
fois depuis que je suis à Milton. Il n’y en a pas beaucoup qui montent jusqu’ici,
à ce que je crois. Vous savez, c’était le jeune Leonards, le fils du drapier, un
méchant vaurien, qui a failli faire mourir son père de chagrin, et puis qui s’est
sauvé en prenant la mer. Je n’ai jamais pu le souffrir. Il était sur l’ Orion en même temps que Mr Frederick, je le sais, mais je ne me rappelle pas s’il
y était à l’époque de la mutinerie.
    — Il vous a reconnue ? demanda aussitôt Margaret.
    — Eh bien, le pire, c’est que je ne crois pas qu’il se serait
souvenu de moi si je n’avais eu la sottise de l’appeler par son nom. C’était un
compatriote dans une ville étrangère, sinon je n’aurais pas fait comme si on avait
gardé les vaches ensemble ; pensez, un propre à rien pareil ! « Miss Dixon,
qu’il m’a dit. Jamais j’aurais cru vous trouver ici ! Mais je fais peut-être
erreur et vous avez peut-être changé de nom ? » Alors je lui ai dit que
j’étais toujours demoiselle, encore que si je n’avais pas été si difficile, j’aurais
eu plus d’une occasion de me marier. Il a eu la politesse de répondre qu’à me regarder,
il n’en doutait pas. Mais on ne prend pas les vieux merles à la pipée, et il était
un peu jeune pour s’amuser à ça avec moi, comme je le lui ai dit. Alors, pour lui
rendre la pareille, je lui ai demandé des nouvelles de son père (qui l’avait mis
à la porte, je le savais), comme si je croyais qu’ils étaient les meilleurs amis
du monde. Et lui, pour me faire enrager (vous voyez que malgré toutes nos civilités,
nous étions comme deux chiens prêts à mordre), il m’a demandé après monsieur Frederick.
Il s’était mis dans de beaux draps, qu’il m’a dit (comme si les siens n’étaient
pas crasseux et noirs, comparés à ceux de monsieur Frederick !) ; il a
ajouté que si jamais il se faisait capturer, on le pendrait pour mutinerie, qu’une
récompense de cent livres avait été promise pour sa capture, et qu’il était la honte
de sa famille. Tout ça pour me faire enrager, ma chère petite, parce qu’autrefois,
quand nous étions à Southampton, il m’est arrivé d’aider le vieux Mr Leonards
à secouer les puces à son fils. Alors moi, je lui ai fait remarquer qu’il y avait
des familles qui avaient plus de raisons que la nôtre de rougir de leur fils, et
de se réjouir si elles croyaient qu’ils gagnaient leur vie honnêtement loin du pays.
À quoi il a répondu, cet insolent, qu’il avait une situation de confiance, et que
si je connaissais un jeune homme qui avait eu le malheur de faire des frasques et
voulait s’acheter une conduite, il le prendrait volontiers sous son aile. Vous parlez
d’une protection ! Il corromprait un saint, pour sûr ! Ça faisait des
années que je ne m’étais sentie aussi mal à l’aise que le jour où j’ai parlé avec
lui. J’en aurais pleuré de me dire que je n’arrivais pas à lui river son clou, il
était là à me sourire comme s’il prenait toutes mes amabilités pour argent comptant ;
et je voyais que ce que je lui disais ne le vexait pas du tout, tandis que moi,
ses discours me mettaient en rage.
    — Mais vous ne lui avez rien révélé sur nous ni sur Frederick ?
    — Vous n’y pensez pas ! Il n’a même pas eu la politesse
de me demander où j’habitais, et s’il l’avait fait, je ne le lui aurais pas dit.
Je ne lui ai pas non

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