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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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cette femme !
    — Non, s’écria Mrs Thornton. Dieu merci, je n’ai promis
ni douceur ni bienveillance, car je me suis doutée à l’époque qu’il serait au-dessus
de mes forces de manifester l’une ou l’autre à une personne dotée du tempérament
et de la personnalité de Miss Hale. J’ai promis de donner des avertissements
et des conseils tels que ceux que je donnerais à ma propre fille ; je parlerai
à Miss Hale comme je parlerais à Fanny si je la prenais à courir avec un jeune
homme après la tombée de la nuit. Je parlerai en fonction de ce que je sais, sans
me laisser aucunement influencer par les « bonnes raisons » que tu refuses
de me confier. Je me serai alors acquittée de ma promesse et de mon devoir.
    — Jamais elle ne supportera cela, dit-il avec fougue.
    — Il le faudra bien, si j’invoque pour lui parler le nom
de sa mère disparue.
    — Alors, dit-il en s’éloignant, je ne veux rien savoir de
plus. Je ne peux supporter d’y penser. Il vaut cependant mieux que vous lui parliez,
plutôt que de la laisser sans conseils.
    « Oh, ce regard éperdu, poursuivit-il entre ses dents en
s’enfermant dans son appartement privé. Et ce maudit mensonge prouvant qu’il y a
derrière tout cela quelque mystère honteux à n’exposer en aucun cas à la lumière
de la vérité dans laquelle je croyais qu’elle vivait en permanence ! Oh, Margaret,
Margaret ! Maman, vous m’avez mis au supplice ! Oh, Margaret, n’auriez-vous
donc pu m’aimer ? Je suis un rustre et un barbare, mais jamais je ne vous aurais
incitée à mentir pour moi. »
    Plus Mrs Thornton réfléchissait aux paroles de son fils,
lorsqu’il l’avait priée de juger l’indiscrétion de Margaret avec indulgence, plus
elle éprouvait d’hostilité à l’égard de la jeune fille. Elle savourait à l’avance
l’idée de « lui dire sa façon de penser » sous prétexte de s’acquitter
de son devoir. Elle se délectait en pensant qu’elle resterait insensible, elle,
au charme que Margaret avait le pouvoir de jeter sur tant de gens. Elle renifla
avec mépris en se représentant la beauté de sa victime. Ni ses cheveux de jais,
ni sa peau lisse et claire, ni ses yeux brillants ne contribueraient à lui éviter
un seul mot des reproches justes et sévères que Mrs Thornton avait tournés
et retournés dans son esprit pendant la moitié de la nuit pour préparer sa tirade.
    — Miss Hale y est-elle ?
    Elle savait bien qu’elle y était, l’ayant aperçue à la fenêtre,
et avant que Martha ait eu le temps de répondre à sa question, Mrs Thornton
se trouvait déjà dans la petite entrée.
    Margaret était seule, occupée à écrire à Edith pour lui raconter
par le menu les derniers jours de sa mère. C’était une occupation douloureuse et,
lorsque la domestique annonça la visiteuse, Margaret dut essuyer les larmes qui
coulaient spontanément sur ses joues.
    Son accueil fut si aimable et si distingué que Mrs Thornton
fut quelque peu impressionnée et se sentit incapable de débiter le discours qu’il
lui avait été si facile de composer en l’absence de son interlocutrice. La voix
basse et bien timbrée de Margaret était plus douce qu’à l’accoutumée et ses manières
plus aimables car au fond d’elle-même, elle savait gré à Mrs Thornton de lui
manifester par sa visite une attention aussi courtoise. Elle se mit donc en devoir
de trouver des sujets de conversation susceptibles de l’intéresser ; elle fit
l’éloge de Martha, la domestique que Mrs Thornton leur avait trouvée ;
elle avait demandé à Edith de lui envoyer ce charmant petit air grec dont elle avait
parlé à Miss Thornton. Mrs Thornton fut quelque peu prise au dépourvu.
La lame damasquinée si bien aiguisée qu’elle avait préparée semblait tout à fait
déplacée et inutile parmi cette profusion de roses. Elle ne dit rien, essayant de
se préparer à la tâche qu’elle s’était fixée. Enfin, un soupçon lui traversa l’esprit,
qui lui donna un regain d’énergie pour la mener à bien : en toute probabilité,
ce comportement suave n’était qu’une feinte pour se concilier les bonnes grâces
de son fils ; pour une raison ou pour une autre, l’autre attachement de Margaret
avait tourné court et son intérêt la poussait à reconquérir le prétendant éconduit.
Pauvre Margaret ! Il y avait bien une part de vérité dans les soupçons de
Mrs Thornton, à savoir qu’elle était la mère d’un

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