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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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demander.
    L’opiniâtreté de Higgins faiblit, puis se rétablit et reprit
de la force. Il n’était pas disposé à répondre, et Mr Thornton n’était pas
disposé à renouveler sa proposition. Alors, les yeux de Higgins tombèrent sur les
enfants.
    — Vous m’avez traité d’impudent, de menteur et de fauteur
de trouble, et vous auriez pu dire sans être dans l’erreur que de temps en temps
aussi, j’avais tendance à boire. Et moi, j’ai dit que vous étiez un tyran, une tête
de mule, un maître cruel et dur. Chacun sur ses positions. Mais pour les enfants,
patron, vous croyez qu’on pourra s’accorder ?
    — Ma foi, répondit Mr Thornton, amusé malgré lui, ce
n’était pas le but de ma proposition, qu’on s’accorde ! Mais de ce que vous
venez de démontrer, il ressort une bonne chose, c’est qu’on peut difficilement avoir
plus mauvaise opinion l’un de l’autre que maintenant.
    Higgins réfléchit :
    — C’est vrai. Depuis que je vous ai vu, j’ai pas arrêté
de me dire que c’était une bénédiction que vous m’ayez pas pris, vu que j’ai jamais
rencontré personne qui me déplaise autant. Mais peut-être que je vous ai jugé un
peu vite ; et pour les gens comme moi, l’ouvrage, il y a que ça qui compte.
Alors, patron, je viendrai chez vous. Et en vous remerciant, par-dessus le marché.
Alors, topons là, dit-il d’un air plus avenant, se retournant pour regarder
Mr Thornton bien en face pour la première fois.
    — Eh bien, entendu, topons là, dit Mr Thornton, en
donnant à Higgins une franche poignée de main. Veillez à être bien à l’heure, dit-il
en reprenant un ton de patron. Je ne veux pas de lambins dans ma fabrique. Les amendes
chez nous sont appliquées à la lettre. Et la première fois que je vous prends à
vouloir semer du désordre, je vous renvoie. Voilà, vous êtes prévenu.
    — Ce matin, vous m’avez parlé de ma sagesse. Je peux l’amener
avec moi ou vous préférez que je vienne sans ?
    — Sans, assurément, si vous entendez vous en servir pour
vous mêler de mes affaires. Avec, si vous vous bornez à vous occuper des vôtres.
    — Ah, mais c’est qu’il me faudra être bien malin pour savoir
où finissent mes affaires et où les vôtres commencent.
    — Les vôtres n’ont pas commencé et les miennes m’attendent.
Alors, je vous souhaite le bonjour.
    Juste avant que Mr Thornton n’arrive à la hauteur de chez
Mrs Boucher, Margaret sortit de chez elle. Elle ne le vit pas, et il la suivit
pendant quelques mètres, admirant sa démarche légère et souple et sa silhouette
gracieuse et élancée. Mais soudain, cette agréable émotion fut gâtée, empoisonnée
par la jalousie. Il aurait voulu la rejoindre et lui parler, pour voir quel accueil
elle lui réserverait, maintenant qu’elle devait savoir qu’il avait connaissance
de son attachement à un autre. Il aurait aussi voulu – mais de cela il n’était pas
très fier – qu’elle sache qu’il avait justifié la bonne opinion qu’elle avait de
lui lorsqu’elle lui avait adressé Higgins, et qu’il était revenu sur sa décision
du matin. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, elle sursauta.
    — Permettez-moi de vous dire, Miss Hale, que vous avez
été un peu hâtive en exprimant votre déception. J’ai embauché Higgins.
    — Vous m’en voyez heureuse, répondit-elle froidement.
    — Il m’a dit vous avoir répété ma remarque de ce matin concernant...
    — Les femmes qui feraient mieux de se mêler de leurs affaires.
Vous étiez parfaitement en droit d’exprimer votre opinion, qui, je n’en doute pas,
était tout à fait juste. Mais, poursuivit-elle avec un peu plus de vivacité, Higgins
ne vous a pas dit l’exacte vérité.
    Le mot « vérité » lui rappelant la manière dont elle-même
avait menti, elle s’arrêta net, envahie par un extrême embarras.
    Mr Thornton ne comprit pas tout de suite la raison de son
silence ; puis il se rappela son mensonge et tout ce qui l’avait précédé.
    — L’exacte vérité ! s’exclama-t-il. Ils sont rares,
ceux qui disent l’exacte vérité. J’ai renoncé à l’attendre. Miss Hale, n’avez-vous
aucune explication à me donner ? Vous n’êtes sûrement pas sans savoir ce que
j’en suis amené à penser.
    Margaret garda le silence. Elle se demandait si une explication,
quelle qu’elle fût, serait compatible avec la loyauté qu’elle devait à Frederick.
    — Soit, reprit-il, je n’insisterai

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