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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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comme je suis vieux garçon et que j’ai toute ma
vie évité l’amour et ses complications, mon opinion ne vaut peut-être rien. Sans
quoi, je dirais que Margaret présente quelques jolis symptômes !
    — Eh bien, moi, je suis bien sûr que vous vous trompez.
Il a peut-être de l’affection pour elle, encore qu’elle se soit parfois montrée
fort désagréable avec lui. Mais elle... Voyons, jamais Margaret n’envisagerait de
s’attacher à un homme tel que lui, j’en suis certain. Jamais une idée pareille ne
lui a traversé la tête.
    — Il suffirait qu’elle lui ait traversé le cœur. Ceci dit,
j’ai seulement émis une suggestion à propos d’une éventualité. Je me suis sans doute
trompé. Mais que je me sois trompé ou non, j’ai très sommeil. Aussi, comme j’ai
compromis votre repos de cette nuit, je le vois bien, avec mes suppositions mal
venues, je me prépare l’esprit tranquille à m’abandonner au mien.
    Mais Mr Hale avait résolu de ne pas se laisser ébranler
par une idée aussi absurde ; aussi resta-t-il éveillé, bien décidé à n’y point
penser.
    Le lendemain, Mr Bell prit congé de ses hôtes en priant
Margaret de le considérer comme un homme qui était en droit de l’aider et de la
protéger dans toutes les difficultés qu’elle rencontrerait, quelle qu’en soit la
nature. À Mr Hale, il déclara :
    — Votre Margaret s’est acquis une grande place dans mon
cœur. Prenez soin d’elle, car c’est un être d’exception – beaucoup trop remarquable
pour Milton. En fait, elle ne serait à sa place qu’à Oxford. Je parle de la ville,
pas de ses habitants. Je n’ai pu encore songer à quelqu’un qui puisse rivaliser
avec elle. Le moment venu, j’amènerai mon jeune homme pour le mettre à côté de votre
jeune fille, comme les génies qui amènent le prince Caralmazan pour rivaliser avec
Badoura, la princesse des fées dans les Mille et une nuits.
    — Je vous en prie, n’en faites rien. Souvenez-vous de tous
les malheurs qui en ont découlé ; et puis, je ne peux pas me passer de Margaret.
    — Vous avez raison. Réflexion faite, elle nous soignera
dans dix ans ; d’ici là, nous serons deux vieux infirmes ronchons. Sérieusement,
Hale ! Vous devriez quitter Milton. C’est un endroit qui ne vous convient pas
du tout, bien que ce soit moi qui vous l’aie recommandé en tout premier lieu. Si
vous acceptiez, je ravalerais mes quelques ombres de doutes et prendrais un bénéfice
dépendant d’un collège [93] .
Margaret et vous pourriez venir habiter au presbytère, vous pour être une sorte
de vicaire laïque et vous occuper de tous les pouilleux à ma place ; quant
à elle, elle tiendrait notre maison – la bonne dame patronnesse du village le jour,
et le soir, elle nous ferait la lecture. Une vie comme celle-là serait tout à fait
à mon goût. Qu’en pensez-vous ?
    — Aucun bien ! rétorqua résolument Mr Hale. Le
grand changement de mon existence est derrière moi, et j’ai payé ma part de souffrances.
C’est ici que je finirai mes jours, ici que je veux être enterré et me perdre dans
l’anonymat.
    — Je ne renonce pas encore à mon projet, mais pour l’instant
je ne chercherai plus à vous convaincre. Où est la Perle [94]  ? Allez, Margaret,
donnez-moi un baiser d’adieu ; et souvenez-vous, ma chère enfant, où vous pouvez
trouver un ami sincère, dans la mesure de ses moyens. Vous êtes comme ma fille,
Margaret. Ne l’oubliez pas, et que Dieu vous bénisse !
    Après cette visite, le père et la fille retrouvèrent le rythme
monotone de la vie tranquille qui devait désormais être la leur. Il n’y avait plus
de malade pour susciter craintes et espoirs ; quant aux Higgins, qui avaient
été l’objet de leur intérêt le plus vif, ils semblaient n’avoir plus besoin qu’on
se préoccupe d’eux dans l’instant. Aux enfants Boucher, maintenant orphelins de
mère, Margaret consacrait autant de temps et de soins qu’elle le pouvait ;
et allait souvent voir Mary Higgins, qui en avait la charge. Les deux familles vivaient
dans une seule maison : les aînés fréquentaient d’humbles écoles ; quant
aux plus jeunes, en l’absence de Mary, c’était la bonne voisine, dont le sens commun
avait frappé Margaret au moment de la mort de Boucher, qui s’occupait d’eux.
    Naturellement, elle était payée pour ses bons services ;
et force était de constater que dans toutes les dispositions qu’il avait prises
pour ces

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