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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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bêtes
dans la forêt, soit d’écouter ce qu’ils avaient à lui dire. Mais à Milton, tout
le monde était beaucoup trop occupé pour de telles conversations paisibles, ou pour
des échanges de réflexions plus mûres ; à Milton, on parlait des affaires présentes
ou en cours ; et lorsque la tension engendrée par le travail se relâchait,
on sombrait jusqu’au lendemain matin dans la vacuité du repos. Après sa journée
de travail, l’ouvrier était introuvable : selon son tempérament, il était parti
écouter une conférence, à moins qu’il ne se fût rendu à un club quelconque, ou encore
dans une taverne à bière. Mr Hale avait envisagé de faire une série de conférences
dans l’une des institutions éducatives de la ville ; mais Margaret se rendait
bien compte qu’il envisageait cela par pur devoir, et que l’élan généreux qui l’animait
en général dans son travail, sa foi en l’objet de ses efforts entraient si peu en
ligne de compte qu’il ne ferait rien de bon tant qu’il n’aurait pas un peu plus
de cœur à mettre à la tâche.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
    CHAPITRE
XVI
     
    La fin du voyage
     
     
     
    Comme
un oiseau je vois mon invisible route
    J’arriverai
au but !
    Quand
et par quel trajet
    Je ne
le demande pas : mais si
    Dieu
n’envoie
    Ni sa
grêle, ni ses éclairs aveuglants
    Ni son
traître verglas ni sa neige qui tue
    Dans
quelque temps — son temps — j’arriverai au but ;
    Il nous
guidera, l’oiseau et moi.
    En son
temps.
    Robert Browning [95] .
     
     
    L’hiver avançait donc, et les jours rallongeaient déjà sans apporter
avec eux la lueur d’espoir qui accompagne en général les premiers rayons d’un soleil
de février. Comme on pouvait s’y attendre, Mrs Thornton avait cessé tout commerce
avec les Hale. Mr Thornton venait à l’occasion à Crampton, mais pour voir
Mr Hale et ils se tenaient dans le bureau. Mr Hale parlait de lui toujours
dans les mêmes termes ; de fait, la rareté même de leurs rencontres semblait
leur donner plus de prix encore à ses yeux. Et, d’après ce que Margaret savait des
propos de Mr Thornton, si celui-ci avait suspendu ses visites, ce n’était pas
parce qu’il avait pu concevoir le moindre ombrage. Ses affaires, qui s’étaient terriblement
compliquées pendant la grève, réclamaient une attention plus vigilante que l’hiver
précédent. Margaret découvrit même qu’il parlait d’elle de temps à autre, et toujours,
d’après ce qu’elle apprit, de la même façon calme et amicale, sans jamais éviter
son nom ni chercher à le mentionner.
    Elle n’était pas assez gaie pour remonter le moral de son père.
La morne tranquillité du présent avait été précédée d’une si longue période d’angoisse
et de soucis – assortis de crises par ailleurs – que son esprit avait perdu son
agilité. Elle essaya de s’occuper en prodiguant des rudiments d’instruction aux
deux plus jeunes enfants Boucher, et se donna beaucoup de peine pour faire le bien.
Je dis « beaucoup de peine », et c’est vrai, car son cœur semblait indifférent
au but de ses efforts ; mais elle avait beau s’appliquer régulièrement, elle
se sentait toujours à mille lieues de toute joie, tant sa vie paraissait encore
vide et morne. La seule chose qu’elle réussissait, c’était ce qu’elle faisait par
compassion inconsciente, à savoir réconforter et consoler son père. Il n’était pas
une des humeurs de Mr Hale qui ne trouvât en Margaret un écho immédiat ;
pas un désir qu’elle ne cherchât à prévoir et à satisfaire. Certes, il s’agissait
de désirs modestes, qu’il ne formulait jamais sans hésitations et excuses. La douceur
soumise de sa fille n’en paraissait que plus complète et admirable. En mars arriva
la nouvelle du mariage de Frederick. Dolores et lui écrivirent, elle en un mélange
d’espagnol et d’anglais, lui avec des petites inversions de mots et des tournures
qui prouvaient à quel point il s’était déjà imprégné du langage de son pays d’adoption.
    En recevant une lettre de Henry Lennox lui annonçant qu’il y
avait très peu d’espoir qu’il puisse se justifier devant une cour martiale en l’absence
de témoins, Frederick avait écrit à Margaret une missive assez véhémente où il lui
disait qu’il ne considérait plus l’Angleterre comme son pays ; il souhaitait
pouvoir renoncer à sa nationalité et déclarait que, dût-on lui offrir sa grâce,
il

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