Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
Vom Netzwerk:
annuelles
lui sont versées. Je ne sais pas s’il a besoin de toute cette somme, poursuivit
Mr Hale d’un ton hésitant. Il doit recevoir une solde comme soldat de l’armée
espagnole.
    — Il ne faut pas que Frederick soit affecté, déclara Margaret
d’un ton catégorique. Il est à l’étranger et injustement traité par son propre pays.
Il reste cent livres. Ne pourrions-nous pas, maman, vous et moi, vivre avec cent
livres par an dans un coin retiré de l’Angleterre, où la vie serait bon marché ?
Je pense que ce doit être possible.
    — Non, dit Mr Hale. Ce ne serait pas une bonne solution.
Je dois faire quelque chose, m’occuper, combattre mes idées noires. De plus, une
paroisse de campagne me rappellerait douloureusement Helstone et les devoirs dont
je m’acquitte ici. Je ne pourrais le supporter, Margaret. Et cent livres par an
ne permettraient guère, une fois soustraites les dépenses nécessaires à l’entretien
du ménage, d’assurer à ta mère le bien-être légitime auquel elle est habituée. Non,
nous devons aller à Milton. C’est décidé. Il m’est toujours plus facile de faire
mes choix seuls, sans être influencé par ceux que j’aime, dit-il comme pour s’excuser
d’avoir pris tant de dispositions sans informer sa famille de ses intentions. Je
ne supporte pas les objections. Elles me rendent si indécis.
    Margaret résolut de garder le silence. Après tout, qu’importait
leur destination, au regard du changement capital et terrible qui s’annonçait.
    — Il y a quelques mois, quand mes doutes sont devenus trop
insupportables pour que je puisse les taire, poursuivit Mr Hale, j’ai écrit
à Mr Bell... tu te souviens de Mr Bell, Margaret ?
    — Non. Je ne pense pas l’avoir jamais vu. Mais je sais qui
c’est : le parrain de Frederick et votre ancien directeur d’études à Oxford,
si je ne me trompe.
    — En effet. Il enseigne à Plymouth Collège. Il est natif
de Milton-Northern, je crois. En tout cas, il possède des biens qui ont acquis beaucoup
de valeur depuis que Milton a pris autant d’importance comme ville industrielle.
Quoi qu’il en soit, j’avais lieu de craindre... de penser... qu’il était plus sage
de ne pas souffler mot de mes véritables motifs. Mais j’étais certain que
Mr Bell accueillerait ma démarche avec bienveillance. Je ne peux pas dire qu’il
m’ait donné beaucoup de courage. Toute sa vie, il a mené une existence facile dans
son collège universitaire. Mais il m’a manifesté une extrême gentillesse. Et c’est
grâce à lui que nous allons à Milton.
    — Comment cela ? demanda Margaret.
    — Tu sais, il y possède des maisons, des usines, et il a
des locataires ; aussi, bien qu’il n’aime guère la ville – trop agitée pour
un homme de son tempérament –, il est obligé d’y garder des liens. D’après ses informations,
il y a là-bas des débouchés intéressants pour un précepteur.
    — Un précepteur ! s’écria Margaret, l’air dédaigneux.
Quel usage des industriels pourraient-ils bien avoir des classiques, de la littérature
ou des talents et de la culture d’un gentleman ?
    — Oh, dit son père, certains semblent être des hommes avisés,
conscients de leurs manques, ce qui est plus qu’on n’en pourrait dire de beaucoup
de ceux qui fréquentent Oxford. Certains sont déterminés à apprendre, même parvenus
à l’âge d’homme. D’autres veulent que leurs enfants aient une meilleure éducation
que celle qu’ils ont reçue. Quoi qu’il en soit, comme je l’ai dit, il y a des débouchés
pour un précepteur. Mr Bell m’a recommandé à Mr Thornton, l’un de ses
locataires, un homme très intelligent, si j’en juge par ses lettres. Et Milton,
Margaret, m’offrira une vie bien remplie, sinon heureuse, et des gens et des paysages
trop différents de ceux de Helstone pour me le rappeler.
    C’était là son motif secret, comme Margaret le devinait d’après
ses propres sentiments. Tout serait différent. En dépit de ses aspects déplaisants
– Margaret détestait tout ce qu’elle avait entendu dire du Nord de l’Angleterre,
des industriels, des gens, de la campagne sauvage et désolée –, la ville avait un
avantage : elle serait différente de Helstone et ne pourrait jamais leur rappeler
ce lieu bien-aimé.
    — Quand partons-nous ? demanda Margaret après un court
silence.
    — Je ne sais pas au juste. Je voulais d’abord en discuter
avec toi. Tu vois, ta mère ne

Weitere Kostenlose Bücher