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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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sait encore rien, mais je crois que nous pourrions
partir dans quinze jours. Une fois ma lettre de démission envoyée, je n’aurai plus
le droit de rester.
    Margaret en resta presque figée.
    — Dans quinze jours !
    — Oh, pas au jour près. Rien n’est fixé, dit son père avec
une hésitation inquiète, voyant les yeux de sa fille s’embuer de chagrin, et son
visage changer de couleur.
    Mais elle se ressaisit aussitôt.
    — Oui, papa, mieux vaut fixer le départ rapidement et résolument,
comme vous dites. Mais pensez-vous que maman doive tout ignorer ? C’est cela
qui me trouble beaucoup.
    — La pauvre Maria ! s’exclama Mr Hale avec tendresse.
Pauvre, pauvre Maria ! Ah, si seulement je n’étais pas marié... si je n’avais
d’autre charge que moi-même, comme tout serait facile ! En l’occurrence, Margaret,
je n’ose rien lui dire !
    — Soit, dit tristement Margaret. Je m’en charge. Donnez-moi
jusqu’à demain soir pour choisir le moment propice. Oh, papa, s’écria-t-elle soudain
suppliante et passionnée, dites-moi qu’il s’agit d’un cauchemar, d’un mauvais rêve,
et non de la réalité ! Vous ne pouvez pas être sérieux quand vous dites que
vous allez quitter l’Église, abandonner Helstone, vous détacher à jamais de maman
et de moi, induit en erreur par un mirage, une tentation ! Vous n’y pensez
pas sérieusement !
    Mr Hale l’écouta, muet et rigide. Puis il la regarda bien
en face et dit d’une voix rauque, lente et mesurée :
    — Si, Margaret, je suis sérieux. Ne t’abuse pas en doutant
de la réalité de mes propos, de ma ferme intention ou de ma détermination.
    Et après avoir prononcé ces mots, il continua à fixer sur elle
le même regard impassible. Elle aussi le regarda d’un œil implorant avant de se
persuader que sa décision était irrévocable. Alors elle se leva et, sans un autre
mot ni un autre regard, se dirigea vers la porte. Elle avait les doigts sur la peignée
quand il la rappela. Debout à côté de la cheminée, il se tenait voûté, comme ratatiné ;
mais lorsqu’elle s’approcha, il se redressa de toute sa hauteur et, plaçant ses
mains sur la tête de sa fille, dit solennellement :
    — Que la bénédiction de Dieu t’accompagne, mon enfant !
    — Et qu’il te ramène en sa sainte Église, répondit-elle,
car son cœur débordait.
    L’instant d’après, elle craignit que sa réplique à la bénédiction
paternelle ne semblât irrévérencieuse, déplacée, blessante de sa part, et elle jeta
ses bras autour de son cou. Il la tint un moment serrée contre lui. Elle l’entendit
se murmurer à lui-même : « Les martyrs et les confesseurs ont eu des peines
plus dures à supporter... je ne me déroberai pas. »
    Ils sursautèrent en entendant Mrs Hale s’enquérir de sa
fille. Ils s’écartèrent l’un de l’autre, pleinement conscients de tout ce qui les
attendait. En hâte, Mr Hale glissa à sa fille :
    — Va, Margaret, va. Demain, je ne serai pas là de la journée.
Avant demain soir, tu auras tout dit à ta mère.
    — Oui, répondit-elle.
    Et elle retourna au salon, hébétée et chancelante.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
    CHAPITRE
V
     
     
    Décision
     
     
     
    « J’attends
de toi un amour attentif
    Dont
jamais ne se dément la sagesse
    Un amour
capable d’accueillir les heureux
    Avec
des sourires de liesse
    Et de
sécher les larmes des malheureux ;
    Et aussi
un cœur assez généreux
    Pour
donner réconfort et sympathie. »
    Anonyme.
     
     
    Margaret écouta attentivement tous les petits projets élaborés
par sa mère dans le but d’apporter un peu de réconfort à quelques-uns des paroissiens
les plus pauvres. Elle ne pouvait s’empêcher de l’écouter, même si chaque nouvelle
idée lui perçait le cœur. Lorsque les gelées arriveraient, elles seraient bien loin
de Helstone. Même si les rhumatismes du vieux Simon le faisaient encore souffrir
et si sa vue continuait de baisser, il n’y aurait personne pour aller lui faire
la lecture ni le réchauffer avec des bols de bouillon et de bonnes couvertures de
flanelle rouge ; ou alors, ce serait un inconnu et le vieil homme attendrait
en vain la venue de Margaret. Le petit garçon infirme de Mary Domville se traînerait
en vain jusqu’à la porte pour la voir arriver par la forêt. Ces amis infortunés,
ainsi que beaucoup d’autres, ne comprendraient jamais pourquoi elle les avait abandonnés.
    — Ton père a toujours

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