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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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dit-on, en sera très épaté.
    Un pays, avec un peu d’avance, comme en toutes choses à l’époque, a ouvert le bal : l’Angleterre. Les idées politiques de Rousseau domineront la deuxième moitié du siècle. Cinquante ans avant lui, alors même qu’en France régnait encore sans partage le principe du « droit divin », le philosophe John Locke (1632-1704) avait déjà posé la nécessité d’un contrat passé entre le souverain et son peuple comme seul moyen d’arriver à la paix sociale. Isaac Newton (1643-1727), au-dessus de tous, est le génie que l’Europe nouvelle admire et commente. Sans doute ne comprend-on pas jusqu’au détail la science complexe de ce grand physicien. Peu nombreux doivent être ceux qui peuvent suivre les polémiques savantes entre ses défenseurs et son concurrent Leibniz à propos de l’invention du calcul infinitésimal. Mais on saisit l’essence de son travail, et sa portée : en formulant sa théorie de la gravitation universelle, en réussissant à poser que des lois physiques simples peuvent expliquer la marche du monde, il a ouvert la voie à cette passion du siècle nouveau : la quête de systèmes , la recherche d’une cohérence.
    Rapidement, la France reprend le flambeau de ces Lumières naissantes. Elle le tiendra longtemps. Nous pouvons gonfler nos poitrines d’un juste orgueil national : le xviii e est le siècle français par excellence, et pour une fois notre gloire n’est pas assise sur des massacres et des batailles, mais sur l’esprit et la plume. L’Europe entière a ses grands noms : le penseur du libéralisme économique, Adam Smith (1723-1790), est écossais ; Beccaria (1738-1794), qui refonde la conception du droit pénal, est italien ; Kant, cité plus haut, est de Prusse. On peut même traverser l’Atlantique, pour ne pas oublier le savant américain Benjamin Franklin (1706-1790). Tout ce monde n’a qu’une capitale : Paris. Dès le début du siècle, les fameux salons y bourdonnent d’admiration pour les beaux esprits qui parlent de changer le monde et vont dominer l’époque de leur haute stature : ce sont les « philosophes ». Quelle moisson, une fois encore ! Comment les citer tous ? Ils sont légion et ce livre n’apporterait rien de neuf en les énumérant. Contentons-nous de nous souvenir de ce fait très simple : leurs œuvres continuent à vivre aujourd’hui, la plupart ont tracé des routes que nous suivons encore. Montesquieu (1689-1755), juriste bordelais, et son Esprit des lois posent le principe de la séparation des pouvoirs sous lequel nos démocraties vivent toujours. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), un des plus célèbres penseurs français qui, comme chacun sait, est suisse, devient une gloire de son vivant car il colle parfaitement à son époque. La première moitié du xviii e aimait l’ironie et les raisonnements. La deuxième aime Jean-Jacques , comme toute l’Europe l’appelle, car comme lui elle est passée de la raison au cœur, elle est tourmentée, sensible, prête à s’exalter devant la nature, à se faire rêveuse comme un promeneur solitaire. Mais les écrits politiques du Genevois – le Contrat social , le Discours sur l’origine de l’inégalité – lui survivent : ils forment l’évangile de la Révolution française, qu’il n’a pas connue, et portent un espoir de régénérer l’homme et la société dont nous aurions tort de faire le deuil. Notre monde est-il si parfait qu’il faille s’abstenir de réfléchir à la façon de le changer ? Comment oublier, à l’heure où l’on croit voir se concrétiser, avec Internet, le rêve d’une bibliothèque mondiale, l’incroyable chantier qui lui a ouvert la voie, et dont l’intrépide Diderot, avec son ami d’Alembert – qui s’occupait de la partie scientifique –, a été le maître d’œuvre acharné : l’ Encyclopédie  ? Demander des contributions aux meilleurs spécialistes de toutes les disciplines pour faire entrer toute la connaissance du temps dans un livre, délire grandiose. Et mené à bien dans une lutte épuisante contre les cabales, les dévots, la censure, la police.
    Nos philosophes, en effet, rayonnent dans l’Europe entière : on les y lit d’autant plus aisément que le français a remplacé le latin comme langue internationale et qu’il est parlé partout. En France, le régime leur montre ses crocs vieillis. Il est vrai que, sans le vouloir vraiment, les penseurs ont commis un

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