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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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cette polémique a-t-elle servi à pousser de grands historiens à étudier de près un aspect atroce de notre histoire qui – pourquoi le nier ? – était minimisé jusque-là. Ainsi les travaux très précis de l’universitaire Jean-Clément Martin sur tous les soulèvements de l’Ouest. Ils aident, faits à l’appui, à démonter la thèse soutenue. Les horreurs furent réelles. On a parlé dans le chapitre précédent des épouvantables noyades commises par Carrier à Nantes, ou des « colonnes infernales » du général Turreau. Au total, selon Martin, on peut estimer à plus de 200 000 le nombre des victimes de la répression républicaine, chiffre insupportable. En quoi cela permet-il à quiconque d’y voir à l’œuvre la même machine de mort que celle qui conduisit à Auschwitz ? Nul Jacobin, même le plus sanglant, n’a voulu alors anéantir une population particulière sur la seule base d’une « ethnie », comme les nazis cherchèrent à le faire avec les Juifs ou les Tziganes dont ils prétendaient qu’ils formaient des « races ». Dans les années qui ont suivi 1793, on s’est battu bleus contre blancs, c’est-à-dire républicains contre monarchistes. Certains Vendéens étaient bleus, et si la Convention a effectivement donné des ordres affreux de saccage total de la région, considérée comme un nid d’ennemis de la Révolution, si elle a pu demander qu’on n’épargne pas les populations civiles, elle n’a jamais ordonné qu’on aille traquer les Vendéens à Marseille ou à Dunkerque pour leur appliquer une « solution finale », comme les nationaux-socialistes le firent avec les Juifs dans tous les pays qu’ils occupaient.
    Et la Terreur ?, diront alors nos polémistes. Et ces charretées envoyées à la guillotine au nom de la Raison ne forment-elles pas l’avant-garde des cortèges horribles qu’on envoya au goulag ou dans les camps chinois au nom du socialisme ? Une fois encore, il ne faut nier ni les faits ni les contradictions qu’ils portent. Le même Saint-Just pouvait prononcer des phrases admirables de joie et d’espérance, comme sa formule fameuse : « Le bonheur est une idée neuve en Europe », et se montrer dans les actes un pourvoyeur de la grande machine sanglante mise en place sous le gouvernement de ses amis. Une telle schizophrénie doit nous interroger. La Terreur a fait 20 000 morts « officiels », sans doute des centaines de milliers dans la réalité. N’aurait-elle d’ailleurs envoyé qu’un seul homme à la guillotine pour le punir de penser mal, c’était encore un de trop. Pourtant, y voir à l’œuvre la première matrice du totalitarisme nous semble anachronique et faux. Le totalitarisme, comme l’indique ce nom lui-même, vise à étouffer l’individu dans un système posé comme un tout, dans un système fermé sur lui-même, un système fait pour que nul ne puisse y échapper.
    Dans sa nature même, la dictature de 1793-1794 est très différente pour une raison simple : elle finit abattue par le même régime que celui qui l’avait mise en place. On oublie trop ce fait pourtant essentiel. Robespierre, aidé, il est vrai, par un coup de force (celui du 2 juin 1793, qui permit l’arrestation des Girondins), règne au nom de la Convention. C’est cette même Convention qui, le 9 thermidor, vote sa chute, décide de mettre fin à la Terreur et de châtier certains de ceux qui en furent les instigateurs. Trop peu, sans doute. Nombre de terroristes passent entre les mailles du filet. Certains, pis encore, feront d’admirables carrières sous tous les régimes suivants, comme l’exécrable Fouché, Jacobin forcené qui deviendra un serviteur zélé de l’Empire, avant de revirer de bord pour devenir un éphémère ministre au moment du retour des Bourbons. D’autres furent punis. Carrier, le boucher nantais, croit s’en tirer en étant du complot de Thermidor contre Robespierre. Les horreurs qu’il a commises lui reviennent dans la figure. La Convention thermidorienne exige qu’il soit jugé. Quelques semaines plus tard, il est condamné à mort pour ses crimes. Fouquier-Tinville, l’accusateur public, connaîtra à son tour les sévérités du tribunal révolutionnaire où il s’était illustré. Il finira sur la guillotine où il avait envoyé sans scrupules tant de malheureux.
    Pour qu’enfin s’effondre le régime soviétique après soixante-dix ans de règne, il fallut la rébellion de l’Europe

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