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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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connaît un ultime coup d’État qui manque de rater et réussit quand même grâce à l’intervention de la troupe et à un homme bien placé : Lucien Bonaparte, un des frères du général, qui est président d’une des chambres. Le pays connaîtra un nouveau système : le Consulat , dirigé en principe par trois consuls. Un seul comptera : Bonaparte. Première proclamation officielle du nouveau régime, au mois de décembre 1799, lors de la mise en place de la Constitution : « Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée, elle est finie. »

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    La Révolution
    Quel bilan ? Quel avenir ?
    Elle a inventé la nation, et cela a pu déboucher sur le nationalisme. Elle a proclamé les droits de l’homme, et on ne peut s’empêcher de l’associer à la guillotine. Elle a ouvert la voie à la démocratie, et a fini par accoucher de l’Empire. On vient de le voir, il n’est pas facile de s’y retrouver dans le récit de la Révolution française. En penser la cohérence non plus. Le problème n’est pas nouveau. Dès la fin de la période révolutionnaire s’ouvre une autre querelle, celle de son interprétation.
    Pour Michelet, et la gauche de la première moitié du xix e  siècle, la Révolution française est une heure bénie de l’histoire puisqu’elle voit enfin le triomphe du vrai héros, « le peuple » – même si, on le sait, « le peuple » est un héros très flou dont personne n’a jamais réussi à déterminer l’identité. Pour la droite catholique de la même époque, elle est maudite dans son essence, pour avoir osé ébranler les bases saines d’une société d’ordres, Dieu, le roi, l’Église. Lamartine, le romantique au grand cœur, exalte les Girondins, dont il écrit l’histoire. À la fin de ce même siècle, les grands historiens socialistes n’en tiennent que pour Robespierre, précurseur d’un idéal de société égalitaire. Pour les contrer, leurs rivaux radicaux-socialistes célèbrent Danton, son rival et sa victime, Danton qui désapprouva la violence, et dont on répète les nobles envolées : « mieux vaut cent fois être guillotiné que guillotineur », « après le pain, l’éducation est le premier besoin du peuple ». En janvier 1891, lors d’un débat parlementaire exalté pour savoir s’il faut ou non interdire à la Comédie-Française de jouer une pièce antirobespierriste parfaitement oubliée aujourd’hui ( Thermidor , de Victorien Sardou), Clemenceau croit en terminer en assommant ses adversaires de sa formule choc : « La Révolution française est un bloc ! » Le trait se veut définitif. Il n’en finit avec rien, les polémiques reprendront à la première occasion et chaque camp continuera à fissurer le « bloc » comme il en a toujours été.

    Mythologie révolutionnaire
    Durant les deux siècles qui l’ont suivie, la passion autour de la Révolution a été tumultueuse. De nos jours, sans aucun doute, la Seconde Guerre mondiale a pris cette place d’événement historique fondateur de notre mythologie politique : Vichy contre la Résistance, collabo contre armée de l’ombre et « les pires heures de notre histoire », formule convenue ressassée à propos de tout et n’importe quoi. C’est désormais entre 1940 et 1945 que se tient le nœud névrotique de la mémoire nationale. Pendant les cent cinquante ans qui précédèrent, 1789 et 1793 jouèrent ce rôle. Dans la vie politique française, au moins jusqu’à la première moitié du xx e  siècle, c’est dans la mythologie révolutionnaire que l’on va piocher les références que l’on s’envoie à la figure. « Terroriste ! » était un mot courant qui ne désignait alors ni un islamiste barbu ni un indépendantiste basque poseur de bombes, mais un partisan des Montagnards. « Septembriseur ! » était une insulte que tout le monde comprenait : elle désignait les auteurs des massacres de septembre 1792 dans les prisons parisiennes. L’historiographie est à l’avenant. Peu de périodes ont été aussi décortiquées, tant coupées en petits morceaux que l’on oppose les uns aux autres, peu ont suscité autant d’interprétations aussi divergentes. Sur le plan universitaire, une des grandes batailles du xx e  siècle a eu lieu dans les années 1960 quand l’historien François Furet et quelques-uns de ses proches (comme Denis Richet ou Mona Ozouf) ont décidé de rompre avec la domination communiste sur

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