Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
de la république des Provinces-Unies au xvii e siècle. Un Polonais à la révolution héroïque que menèrent ses compatriotes avant d’être écrasés par les Russes à la fin du xviii e siècle et ainsi de suite. Tous les peuples, en somme, estiment avoir donné leur obole à la lutte pour la liberté, et c’est très bien ainsi. Cela nous permet au passage de rappeler cette évidence : les droits de l’homme concernent tous les habitants de cette planète. Par définition, ils n’ont donc pas de patrie.
Reste ce qui nous semble à la fois d’une grande simplicité et d’une grande importance. Quoi qu’on pense des accidents qu’elle a connus et des hommes qui l’ont faite, la Révolution française est un moment fondamental de notre histoire parce qu’elle a accouché de tous les principes qui sont encore les nôtres plus de deux cents ans après : la démocratie ; le droit de vote ; l’abolition de l’esclavage (rétabli par Napoléon) ; la liberté religieuse ; l’émancipation des Juifs, devenus enfin des citoyens à part entière ; le divorce ; la liberté sexuelle (c’est sous la Constituante que disparaissent, pour la première fois dans l’histoire européenne, les lois interdisant l’homosexualité) ; l’égalité entre tous ; cette belle idée qu’un individu doit être jugé pour son mérite et non pour sa naissance ; la fin des temps de prosternation devant des idoles ou des monarques. Une fameuse maxime de l’époque le proclamait : « Les rois ne sont grands qu’à ceux qui sont à genoux. » Oubliez tout le reste et souvenez-vous de cette seule phrase, elle est, à sa manière, un résumé de ce que cette période bouillonnante nous a légué de plus précieux.
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Napoléon
Nous l’avions laissé juste après son coup d’État du 18 brumaire, c’est-à-dire en novembre 1799 : il s’appelait Bonaparte, jeune et mince général aux joues hâves, inaugurant le nouveau régime du « Consulat » qui lui permit bien vite d’être seul maître du pays et d’accomplir son destin exceptionnel. En juillet 1815, on le nomme Napoléon. Empereur déchu, il n’est déjà plus grand-chose : regardons-le s’éloigner sur l’océan à bord d’un bateau anglais, petit homme en redingote, ventripotent et dépressif. Les ailes de l’aigle sont brisées. Il a voulu soumettre l’Europe, l’Angleterre l’a soumis, qui l’emporte sur une île perdue au milieu de l’Atlantique. Il en rendra le nom célèbre, Sainte-Hélène. Entre les deux, il ne s’est pas passé seize ans, bien moins que le temps du règne de tant de rois dont on a oublié l’existence, à peine plus que le double mandat de quelques-uns des présidents de la V e République. Seize ans pour devenir un des personnages les plus connus de l’histoire du monde, avec Jules César, Alexandre le Grand ou Gengis Khan ; un des plus aimés, un des plus haïs aussi, et dont la vie ne cesse de fasciner.
Repères
– 1799 (9 novembre-18 brumaire an VIII) : coup d’État de Napoléon Bonaparte créant le Consulat
– 1801 : retour de la paix religieuse marquée par le Concordat entre Pie VII et la France
– 1804 (2 décembre) : sacre de l’Empereur à Notre-Dame
– 1805 (2 décembre) : victoire d’Austerlitz
– 1807 (juillet) : traités de Tilsit entre Napoléon et le tsar Alexandre i er
– 1808 (2 mai) : soulèvement de Madrid contre les occupants français
– 1810 (avril) : mariage de Napoléon avec Marie-Louise, fille de l’empereur d’Autriche
– 1812 (octobre) : début de la retraite de Russie
– 1813 (octobre) : bataille de Leipzig, la plus grande défaite de Napoléon
– 1814 (avril) : première abdication, départ pour l’île d’Elbe
– 1815 (mars-juin) : retour de l’Empereur, les Cent-Jours
Tentons tout d’abord un exercice qui n’est pas simple, celui de résumer brièvement ce parcours.
Napoléon Bonaparte est d’abord l’inventeur d’un régime politique nouveau pour la France. Rapidement, l’ambitieux général capte le pouvoir pour lui seul. Dès 1802, celui qui était déjà Premier Consul se fait nommer Consul à vie. Le pas suivant est presque une formalité : en 1804, comme Charlemagne un millénaire avant lui, il se fait sacrer plus que roi, empereur. Contrairement au Franc, il n’est pas allé jusqu’à Rome chercher l’onction de Dieu et de son représentant sur terre. Il a fait venir le pape à Paris et pris
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