Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
Vom Netzwerk:
l’histoire de la Révolution et de jeter à terre le « catéchisme » sectaire qui, selon eux, lui servait de grille de lecture. Pour les marxistes, 1789 est une « révolution bourgeoise » qui invente des « libertés formelles », cette poudre aux yeux qui n’a d’autre intérêt que de permettre à la bourgeoisie de détrôner l’aristocratie et d’asseoir le système qui lui convient, le capitalisme. 1793 et la Terreur, en donnant le pouvoir aux sans-culottes, préfigurent la seule révolution qui compte, puisqu’elle est censée avoir apporté aux hommes la paix et le socialisme, la révolution russe de 1917. François Furet passera une partie de sa vie d’universitaire à démonter patiemment cette thèse : pour lui, grâce à des élites éclairées, 1789 nous a apporté des libertés indispensables, et la Terreur est un dérapage sinistre. Aujourd’hui, les derniers admirateurs de la révolution russe ont du plomb dans l’aile, les thèses de Furet dominent, et, selon le jeu de balancement le plus classique dans l’histoire de la pensée, ce sont celles-là, considérées comme trop libérales , que de jeunes historiens cherchent à remettre en cause.
    De son côté, le vieux courant contre-révolutionnaire n’a pas désarmé. On l’a vu refleurir à la fin de ce même xx e  siècle, au moment où les célébrations de son bicentenaire replaçaient 1789 sous les feux de l’actualité, derrière un autre grand historien comme Pierre Chaunu et quelques polémistes, liés au courant de la droite catholique. Bien sûr, l’arsenal idéologique de ce camp s’était alors considérablement modernisé. Aucun de ses penseurs n’aurait eu l’idée de voir dans la Révolution le résultat d’un « complot maçonnique » inspiré par Satan, comme le faisaient leurs aînés au xix e  siècle, en suivant la thèse alors très populaire d’un auteur jésuite, l’abbé Barruel. Le raisonnement qu’ils utilisent recoupe celui dont ils se servent contre les Lumières, et dont nous avons parlé déjà. Il prétend juger la Révolution non pas tant au nom de ce qu’elle a détruit (la monarchie, la société d’ordres, etc.) qu’au nom de l’avenir funeste qu’elle aurait annoncé : les grands totalitarismes du xx e  siècle. En gros, Robespierre a enfanté Hitler, Staline et Pol Pot, et la Révolution française est mère des révolutions qui ont suivi, la russe, la chinoise. Ne méprisons pas cet argumentaire, utilisons-le, il nous permettra quelques précisions d’importance.

    Contrer les contre-révolutionnaires
    Comme l’URSS, comme les fascistes, disent nos pamphlétaires, la Révolution n’a-t-elle pas voulu faire table rase du passé et créer un homme nouveau ? Songez aux horreurs du « vandalisme révolutionnaire », ajoutent-ils, songez à la rage des destructions d’églises et de monuments. Ces faits sont indiscutables. En quoi doivent-ils nous pousser à faire un parallèle avec ce qui a suivi, plutôt qu’avec ce qui a précédé ? La Révolution a-t-elle été le premier régime à vouloir régénérer l’humanité ? Allons ! Les grands monothéismes n’y ont-ils pas prétendu longtemps avant elle ? En voulant transformer les églises en temples de la raison, en voulant donner un nouveau sens à la vie humaine, la fin du xviii e  siècle n’a jamais fait que répéter ce que le christianisme a fait à ses débuts (ou ailleurs l’islam) en saccageant les temples existant auparavant pour remplacer les anciennes divinités par un dieu nouveau, décrété unique.
    On peut se moquer du calendrier républicain, officiel en France à partir du « 14 vendémiaire an II » (c’est-à-dire le 5 octobre 1793) qui prétendait commencer une ère nouvelle au premier jour de la République (22 septembre 1792). En quoi est-ce plus ridicule que d’imposer aux innombrables non-chrétiens de la planète un calendrier qui débute à la naissance de Jésus ?
    Mais les massacres au nom du Bien, de la Vertu, du Progrès humain ?, continuaient les amis de Chaunu. Comment ne pas les rapprocher de ceux du xx e  ? Certains intellectuels utilisaient particulièrement, pour ce faire, l’exemple des guerres de Vendée, rebaptisées par l’un des leurs le « génocide franco-français ». On voit l’importance du mot. Il posait l’événement comme une sorte de sinistre répétition de ceux opérés plus tard par Hitler ou Pol Pot. Une chose est certaine : au moins

Weitere Kostenlose Bücher