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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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jamais, la misère terrible dans les faubourgs, mais pour d’autres, l’argent coule à flots. Les lieux à la mode fourmillent de « nouveaux riches », l’expression nous est restée, elle date d’alors, c’est le nom d’une pièce à succès. Barras, un des directeurs, est le grand nom politique de l’époque. Il a été vicomte sous l’Ancien Régime, est devenu républicain sous la Convention. Il mène désormais grand train, passe pour organiser des orgies fastueuses avec l’argent de toutes les corruptions. Les corrupteurs n’en manquent pas, qui amassent de leur côté des fortunes immenses en trempant dans tous les trafics liés à l’approvisionnement des armées.

    Car les armées font merveille. Le pauvre Robespierre pensait que seule la vertu pouvait conduire au salut de la patrie. Le Directoire prouve le contraire. Le régime passe pour un des plus vénaux de l’histoire, rarement le pays a connu autant de victoires. Le péril n’est plus aux frontières, et à force de repousser l’ennemi, les soldats réussissent à bâtir autour de la patrie, en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie, une ceinture de « républiques sœurs ». De nombreux généraux, les Jourdan, les Hoche, connaissent alors la gloire qui leur vaut d’avoir laissé leur nom à des places et des lycées. Le plus fameux est un jeune officier d’origine corse. Il a brillé au siège de Toulon, au temps de la Terreur. Ses sympathies robespierristes lui ont valu un court emprisonnement sous Thermidor. Mais Barras connaît ses qualités militaires et l’envoie en Italie combattre les Autrichiens. Il y révèle les qualités qui feront sa légende : un sens de la stratégie hors pair qui anéantit l’ennemi ; une ambition démesurée qui le fait se comporter en véritable vice-roi de tous les territoires qu’il conquiert et un sens de sa propre propagande tout aussi exceptionnel. En une campagne (1796-1797), Napoléon Bonaparte est devenu le plus populaire des militaires français.

    La période mérite-t-elle mieux que le mépris dont on l’accable en général ? De nombreux historiens, aujourd’hui, trouvent le jugement injuste. La Convention thermidorienne et le Directoire ne se sont pas contentés de mettre un frein à la Révolution, ils l’ont continuée de bien des manières. C’est à eux que l’on doit par exemple la création de l’Institut de France ; la première école normale – faite pour enseigner l’art d’enseigner – ; la création de l’Institut des langues orientales ; du Conservatoire des arts et métiers ou la première séparation des Églises et de l’État. Le principal reproche qu’on ne peut manquer toutefois d’adresser à ce régime, c’est d’avoir été incapable de se maintenir. On l’a vu, par sa nature même il était instable et parfaitement ingouvernable. Du coup, il passe son temps à lutter contre tous ceux qui veulent l’abattre. Un jour (5 octobre 1795, ce qu’on appelle « journée de Vendémiaire »), il faut faire tirer au canon contre des royalistes (et c’est déjà le jeune Bonaparte qui dirige le feu). Un autre (en 1796), il faut frapper à gauche en stoppant la « conjuration des Égaux » de Gracchus Babeuf qui rêvait d’abolir la propriété et d’établir l’égalité absolue entre les hommes. À force, l’idée se fait jour dans plusieurs têtes de mettre en place un pouvoir fort. « Je cherche une épée », dit Sieyès, l’âme du complot. Plusieurs noms reviennent. Un certain général Joubert a les faveurs de beaucoup, mais il est tué au combat de Novi en Italie. Pourquoi pas ce Bonaparte ? Après l’Italie, on l’a envoyé en Égypte pour y établir une belle colonie qui coupe la route des Indes aux Anglais. Militairement, l’opération a été désastreuse. Sitôt à l’ancre, la flotte a été coulée par l’amiral Nelson à Aboukir. Mais le général a le sens de l’organisation, des grands mots – « du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent » – et de la communication : des savants, des écrivains composent sa suite pour donner du prestige à l’expédition. Flairant qu’il y avait à faire à Paris, Bonaparte a laissé l’armée rôtir dans les sables du désert et s’en est revenu. Retour triomphal, délire d’amour populaire, illumination dans les villages où il passe. Décidément, l’épée s’impose. Les 18 et 19 brumaire an VIII (9 et 10 novembre 1799), le Directoire

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