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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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Européens. Vu sous cet angle, une fois encore, le procès est sans appel. Le bilan des guerres napoléoniennes est dramatique. Cela se ressent dès la chute de l’Aigle. Après leur entrée dans Paris en 1814, les vainqueurs se sont retrouvés au congrès de Vienne pour refaire l’Europe à leur manière, ou plutôt à la manière de l’homme fort du moment, le ministre autrichien Metternich. Le « système » qu’il met en place prétend chercher un savant équilibre entre les puissances, pour éviter qu’aucune ne soit tentée de commander à toutes les autres. Politiquement, ses idées sont moins subtiles : il pousse, partout où c’est possible, au rétablissement des monarchies les plus réactionnaires et réussira pendant plus de trente ans à faire régner un ordre de fer sur l’Autriche et la moitié de l’Allemagne.
    Du temps de Napoléon, l’occupation de l’Europe n’avait déjà eu qu’une vertu : susciter l’explosion du nationalisme antifrançais le plus agressif. « Les peuples n’aiment pas les missionnaires armés », avait prévenu Robespierre quand les Girondins, en 1792, avaient déclenché ce qu’ils pensaient être une « guerre de propagande » au service d’idéaux qu’ils croyaient universels. Partout, le drapeau tricolore provoque des rejets puissants. Partout, les mythologies nationales, si importantes en ce xix e  siècle qui les forge, vont se construire sur le souvenir exalté des nobles batailles contre le tyran français. En Allemagne, pays qui n’existe pas encore, tous les cœurs vibreront pendant des années à l’évocation des Freiheitskriegen , les guerres de la liberté. L’Angleterre n’oubliera jamais qu’elle fut la seule à rester invaincue et à maintenir cette même flamme de la liberté quand le continent tout entier était asservi, et tous les écoliers britanniques pendant des générations apprendront par cœur les exploits de deux grands héros, Nelson et Wellington. L’Espagne tient pour sa grande œuvre patriotique le Dos de mayo et le Tres de mayo de Goya, ces deux toiles saisissantes racontant les premières révoltes des Madrilènes contre les soldats de Murat. À la fin du siècle encore, Tchaïkovski écrit son « Ouverture 1812 » pour chanter la gloire de la patrie qui a su résister aux barbares venus de l’ouest. Surtout, et c’est beaucoup plus grave, dans beaucoup d’endroits la haine des Français conduira à la haine des principes qu’ils prétendaient défendre. Voilà bien le reproche le plus lourd que l’on peut faire à l’Empereur : en croyant habile de déguiser ses conquêtes sous le noble masque des idéaux révolutionnaires, il a contribué à les dévaloriser aux yeux de ceux qu’il soumettait. Dans tout le monde allemand, nous explique Joseph Rovan dans son Histoire de l’Allemagne , « la démocratie ou le parlementarisme sont repoussés comme appartenant au monde de l’ennemi ». Par réaction, le nationalisme, que les premiers grands philosophes comme Fichte développent à l’université de Berlin à cette époque, est construit sur d’autres mystiques : l’exaltation du passé germanique, du peuple éternel, le Volk . Bien plus tard, on fera reproche à l’Allemagne de la mauvaise tournure que peut prendre un tel idéal national. Il est juste de ne pas oublier ce qu’il doit à un empereur français.
    1 L’œuvre de Jean Tulard est monumentale. Ceux qui en cherchent un excellent résumé liront avec profit son Napoléon , chez Hachette Pluriel, 2002.
    2 Les Batailles de Napoléon , de Laurent Joffrin (Le Seuil, 2000), très didactique et très bien écrit, est parfait pour comprendre le génie stratégique de l’Empereur.

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    Trois rois,
deux républiques,
un empereur
    Un siècle d’histoire politique

    Les siècles des historiens ne correspondent jamais à ceux des mathématiques. Pour eux, le xix e commence à la fin de l’Empire et se termine au début de la Première Guerre mondiale : 1814-1914. Au moins, en nombre d’années, le compte est-il rond. Politiquement, l’époque est plus tourmentée. Elle verra passer trois rois (Louis XVIII, Charles X puis Louis-Philippe), deux révolutions (celle de 1830 et celle de 1848), une république très éphémère (1848-1852), un nouvel empereur (Napoléon III), puis, après une guerre (la guerre franco-prussienne de 1870), le retour – définitif – de la république. Un vrai feuilleton à rebondissements. Tâchons d’en faire

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