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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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verrions la droite la plus radicale.
    Les premières élections favorisent plutôt les premiers. Les seconds l’emportent à partir des années 1820. Leur heure semble sonner en 1824. À la mort de Louis XVIII, son frère, le comte d’Artois, qui est le chef de leur coterie, devient roi sous le nom de Charles X. Politiquement, le personnage est assez fascinant. Il représente le type le plus achevé du réactionnaire , c’est-à-dire celui qui, littéralement, pense qu’on peut faire avancer l’histoire en revenant en arrière. Toutes les premières mesures qu’il prend ne visent qu’un but : effacer les trente-cinq ans d’horreur que son pauvre royaume vient de subir et lui faire reprendre le cours du temps dont il n’aurait jamais dû dévier, celui d’avant 1789. Pour montrer que Dieu l’a choisi, il renoue avec la pratique du sacre à Reims dans sa forme la plus traditionnelle, aucun rite n’est oublié, pas même l’onction par l’huile de la « sainte ampoule » apportée à Clovis par une colombe divine. Les révolutionnaires avaient pourtant tenu à la détruire, mais un « miracle » a permis d’en retrouver quelques gouttes.
    Le nouveau monarque fait voter des indemnités faramineuses aux émigrés qui avaient perdu leurs biens sous la Révolution. Il impose la « loi sur le sacrilège » qui punit de mort quiconque aurait profané des hosties consacrées. Il finit par tant exaspérer la Chambre, où la majorité a tourné, qu’il porte la tension avec elle à son comble. En 1830, il prend de force quatre ordonnances qui restreignent les libertés et dissolvent le Parlement. Ce sont les quatre gouttes qui font déborder la patience de l’opposition.

    On se met à manifester à Paris. Les polytechniciens, la jeunesse est dans la rue, le peuple dresse des barricades. Nous sommes les 27, 28 et 29 juillet, ce sont les « Trois Glorieuses », les trois journées de la révolution de juillet 1830, immortalisées par une toile fameuse de Delacroix (La Liberté guidant le peuple) et une colonne qui orne la place de la Bastille, à Paris. Charles X essaie de résister, il sent vite qu’il ne tient plus rien, il abdique et reprend le chemin de l’exil – une vieille habitude. Mais par qui le remplacer ? Parmi le peuple, beaucoup ont dressé les barricades en espérant la république. Nombreux, chez les bourgeois, sont ceux qui la redoutent : le cauchemar, les exactions, la guillotine vont donc recommencer ? Un petit groupe d’influents, parmi lesquels un jeune avocat marseillais ambitieux et plein d’avenir nommé Adolphe Thiers, en profite pour placer son candidat : le duc d’Orléans. L’homme paraît l’incarnation même du consensus du moment. Son père, du temps de la Révolution, était le rebelle des sang-bleu, on l’appelait Philippe Égalité, il avait voté la décapitation de son cousin Louis XVI. Son fils, le présent duc, alors jeune homme, a été lui-même soldat à Jemmapes, une des grandes victoires de la République de 1792, avant de passer à l’émigration, puis de revenir en France pour faire figure d’opposant convenable – et discret – à Charles X.
    Le 31 juillet, il apparaît au balcon de l’hôtel de ville de Paris à côté du vieux La Fayette, dans son dernier grand rôle. Tous deux se sont entourés dans les plis d’un immense drapeau tricolore, la scène fait sensation. Avec ça, on habille l’entourloupe d’un peu de modernité : notre duc ne sera pas « roi de France », il sera « roi des Français », il ne s’appellera ni Louis XIX ni Philippe VII, mais Louis-Philippe I er , et promet de moderniser la charte pour transformer le pays en une royauté constitutionnelle. À cause de la révolution qui l’a fait naître, la séquence qui s’ouvre s’appelle « la monarchie de Juillet ». Les tenants de l’ordre soupirent. Les républicains ont perdu la manche, ils resteront longtemps à espérer la belle.

    La monarchie de Juillet
    De près étudié, le régime n’est pas si tranquille. Les légitimistes – ainsi qu’on appelle désormais ceux qui ne jurent que par le retour des rois légitimes (à leurs yeux), c’est-à-dire les Bourbons – ne pardonnent pas au cousin félon d’avoir ravi le trône. La gauche lui en veut de perpétuer la monarchie. Et de nombreux républicains, faute de pouvoir faire entendre leur voix publiquement, entrent dans des sociétés secrètes. On voit se multiplier les

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