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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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règne à partir des années 1880 le « Code de l’indigénat », qui crée un statut particulier pour les habitants des pays soumis. Les colons sont des citoyens de plein droit, les gens qu’ils viennent dominer, non. Ils ne bénéficieront jamais d’aucune des libertés dont la France se proclame la championne, ni les droits politiques, ni le droit de réunion, ni les droits syndicaux : ils deviennent des parias dans leur propre pays.
    Bien sûr, ce siècle n’est pas d’une pièce, l’histoire coloniale est émaillée des noms de grands réformateurs qui rêvèrent d’en changer le cours. Ils n’y arriveront jamais. Napoléon III n’est guère favorable à l’idée de coloniser l’Algérie en y transplantant des métropolitains. Il rêve plutôt d’un grand « royaume arabe » avec lequel notre pays serait allié et propose pour cela de hâter la naturalisation française d’une nombreuse élite locale. Les fonctionnaires coloniaux veillent, les ordres de l’empereur ne seront pas appliqués. Sitôt la chute du régime, les choses reprennent comme avant. En 1871, nous explique encore La République coloniale , le Parlement prévoit de donner aux colons d’Algérie 100 000 hectares de terres. Il ne dit pas un mot des gens qui y vivaient jusqu’alors, sauf pour mentionner les punitions prévues pour ceux qui résisteraient aux spoliations.
    Il faut un demi-siècle encore et des circonstances particulières pour que l’image des colonisés évolue un peu. Pendant la guerre de 1914 on a besoin d’hommes. Le général Mangin a l’idée de « la force noire », ces puissants soldats des colonies qui vont sauver la métropole. En Afrique (et aussi en Indochine), on recrute à tour de bras, souvent en employant la force, d’ailleurs. Grâce au courage dont ils font preuve dans les tranchées, la représentation des dominés changent : le « sauvage » d’hier devient le brave tirailleur naïf mais robuste, le fameux « y a bon banania ! ». Pour autant la ségrégation est toujours là : sur 30 000 Algériens aux armées, on compte 250 officiers. Et quand Paris tente des réformes, comme au moment du Front populaire, qui prévoit d’élargir le droit de vote à quelques milliers d’autochtones, elles sont à nouveau systématiquement torpillées par les colons : ils ne veulent rien perdre de leurs petits privilèges ni de leur immense supériorité. Après la Seconde Guerre mondiale et la lutte contre le nazisme, un vent d’émancipation souffle sur le monde. Quelques-uns des excès les plus criants du système sont enfin supprimés, comme le travail forcé ou le Code de l’indigénat. La citoyenneté de plein droit n’arrive toujours pas. En Algérie, jusqu’en 1958, on vote selon un « double collège » qui dénote une conception très particulière de l’équité électorale : la voix d’un « Français » vaut celle de 7 « musulmans ». Tout un symbole.
    1 À ceux qui veulent en savoir plus sur la colonisation sous ses divers aspects, on conseillera deux livres : le Dictionnaire de la France coloniale (Flammarion, 2007), très riche, très clair, et faisant la part à toutes les thèses sans exclusive. Et, à propos de l’incroyable dépeçage de tout le continent noir, l’ouvrage savoureux et remarquable du Néerlandais Henri Wesseling, Le Partage de l’Afrique (« Folio », Gallimard, 2002).
    2 Voyage au Congo , Gallimard, 1927.
    3 Coécrit par Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Françoise Vergès, Hachette littératures, 2006.

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    Monde ouvrier
    Monde oublié ?

    Le xix e  siècle, ses immenses usines, ses cheminées fumantes, ses mines, ses machines qui tournent dans un bruit d’enfer, ses villes tentaculaires et, partout, les travailleurs et leur misère, ces foules abruties par l’ouvrage, les prolétaires .
    On l’a vu plus haut, sur le plan de la politique, ce temps n’en finit plus de subir les répliques de la grande secousse de 1789. L’économie est sous le choc d’une autre révolution : la « révolution industrielle », c’est-à-dire le basculement de sociétés reposant sur l’agriculture et l’artisanat dans un monde dominé par les machines et la production à grande échelle. Pour l’historien Jean-Pierre Rioux, qui lui a consacré un livre indispensable et précis 1 , il s’agit de « la plus profonde mutation qui ait jamais affecté les hommes depuis le Néolithique ». Les causes en sont multiples. Les

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