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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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n’arrive dans le Reich. Même les épluchures de pommes de terre étaient rationnées. On estime à 700 000 le nombre des civils morts de faim, à l’arrière, en Allemagne. Il n’y eut rien de comparable en France ni en Angleterre.
    C’est vrai, fin 1917, la Russie cesse le feu. Mais les Américains commencent le leur. Pour la mémoire française, là encore, le débarquement au Havre des Yankees aux cris fameux de « La Fayette, nous voilà ! » est un épisode assez mineur : on n’est pas à Utah Beach en 1944. Ces braves soldats sont vus comme une gentille petite armée d’appoint qui nous aide à donner le coup de grâce. Les Allemands savent compter, ils savent qu’en quelques mois, ces sympathiques auxiliaires ont été deux millions ! Deux millions de soldats frais face à une armée épuisée par quatre ans d’efforts inouïs. Et celle-ci a encore tenu quelques mois. Où sont les héros ? demandent les Allemands.

    Le droit à géométrie variable
    Les Français, comme leurs alliés, ont toujours prétendu faire « la guerre du droit » – c’est ainsi que fut nommé le conflit dès le départ. Faut-il rappeler au passage que ce droit a parfois été à géométrie variable ? Ne cherchons pas à rouvrir de vieilles plaies trop douloureuses. Contentons-nous d’effleurer un sujet encore tellement tabou : l’Alsace-Lorraine. L’image que nous avons dans la tête des « provinces retrouvées », en 1918, c’est celle des soldats français accueillis en libérateurs par des villes en liesse peuplées de petites Alsaciennes en coiffe. D’innombrables Alsaciens et Lorrains furent en effet ces jours-là emplis de joie. D’autres ne le furent pas. Certains étaient sincèrement germanophiles. D’autres avaient pris leurs habitudes. Les provinces étaient allemandes depuis si longtemps, ils avaient fini par y trouver leur compte. Pourquoi devrait-on leur en faire grief ? On pense toujours à un pro-allemand de 1918 comme à une sorte de pré-collabo, un Laval avant l’heure. Quel anachronisme stupide ! L’Allemagne de l’époque, on l’a dit, est une nation honorable en passe d’être pleinement démocratique, pas la dictature monstrueuse qui advint quinze ans plus tard. Et choisir ce parti n’était pas simple en 1918.
    Après 1871, une centaine de milliers d’Alsaciens-Lorrains firent le choix de la France, c’est-à-dire qu’ils durent prendre la décision courageuse de s’exiler. Les traités signés avec la Prusse leur laissèrent des mois pour le faire. En 1918, de nombreux Alsaciens considérés comme « allemands » furent expulsés en une journée : ils passèrent le pont du Rhin à pied, sous les crachats et les insultes. De très nombreux Alsaciens-Lorrains furent heureux de voir leurs provinces redevenir des départements français, c’est sûr. Comment vérifier ce fait de façon rigoureusement démocratique ? Après 1870, une intense propagande française se fit entendre pour que l’Allemagne respectât le droit injustement bafoué : pour connaître le vrai choix des peuples, il fallait organiser un plébiscite en Alsace et en Lorraine. Après 1918, la France incarnait le droit. Elle n’en organisa donc aucun.

    Un mot enfin sur les traités de l’après-guerre. Il peut être bref, tous les historiens sont à peu près d’accord : ces textes, à court et à long terme, furent catastrophiques. C’est sûr, les Ludendorff, les Hindenburg, tous les généraux d’extrême droite allemands instrumentalisèrent cette thématique : ils savaient pertinemment la guerre perdue dès la fin de l’été 1918 mais firent traîner les choses pour avoir le temps d’envoyer des civils négocier la cessation des hostilités, puis les traités, et leur faire ainsi porter l’entière responsabilité de la défaite. C’est la thèse fameuse du « couteau dans le dos », la légende de la pure et héroïque armée allemande assassinée à revers par ces pourris de politiciens démocrates qui furent incapables de résister au « diktat » de Versailles. Le mythe fera des ravages. Le traité de Versailles aussi. L’Allemagne fut dépecée, écrasée sous le poids d’énormes réparations en matériel et en argent, humiliée d’avoir à endosser seule la faute de la guerre. Tout le monde s’entend aujourd’hui sur ce point : l’accablement du vaincu créait le terreau idéal pour faire croître les horreurs qui suivirent, la soif inextinguible de revanche,

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