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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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Dieu. Il est présent partout en ces temps-là. Le christianisme est le grand ciment des longs siècles médiévaux. Cela vaut aussi pour l’histoire militaire. Si le livre de Duby s’intitule Le Dimanche de Bouvines , c’est que ce moment de la semaine a une importance clé. En attaquant ce jour-là, les ennemis de Philippe ont commis plus qu’une faute, un sacrilège. Ils ont rompu le pacte qui s’impose à tous. L’Église, en ces siècles turbulents, essaie d’adoucir les mœurs. C’est elle qui pousse à un code d’honneur des chevaliers qui les contraint, en principe, à être justes, à protéger les faibles, à être charitables envers les pauvres, à servir le Christ. C’est elle aussi qui a décrété la « trêve de dieu », c’est-à-dire l’interdiction de verser le sang chaque semaine, dès le mercredi. Alors oser déclencher une attaque un dimanche ! D’ailleurs, si Philippe a gagné in fine , c’est bien la preuve que Dieu punit ceux qui l’offensent, et récompense ceux qui le respectent.

    Bouvines dénationalisée
    Tout cela est fort intéressant et nous éclaire sur cet aspect du Moyen Âge que l’on croit connaître et que l’on découvre toujours, mais, comme on en a fait mention, cela a été écrit déjà.
    Il reste un point sur lequel, curieusement, les historiens français, même les plus prestigieux, sont moins diserts : cette manie de la « nationalisation ». Même notre cher Duby, si critique, si ironique sur tout le reste, ne s’en préoccupe pas. Peut-être cela tient-il à sa génération ? Quand on est né en 1919, on n’a sans doute pas l’idée de s’offusquer de ce qu’on colle des drapeaux partout. Quelle idée bizarre, pourtant, de le faire avant même que ces drapeaux ne soient inventés !

    Reprenons donc notre histoire point par point, ou, pour rendre les choses plus simples et plus claires, reprenons-la homme par homme. On verra à quel point, soudain, elle nous apparaît différente.
    Ferrand. Dans notre première version, on s’en souvient, ce méchant est le félon incarné. Ne va-t-il pas jusqu’à préférer le roi d’Angleterre en trahissant son roi, autrement dit – tout le monde l’entend ainsi en lisant le livre d’histoire – sa patrie. Mais laquelle ? Dans les manuels, en général, Ferrand est dit « de Flandre ». Cela fait image. Avec un rien d’imagination, on se le représenterait volontiers buvant de la bière sur des grands-places devant de riches maisons en pignon à gradins, dans une sorte de scène de Breughel avant l’heure. Allons ! L’homme est le fils du roi de Portugal. Il n’a jamais mis les pieds dans ce beau comté du Nord avant que ce dernier ne lui échoie par son mariage avec Jeanne, qui est « de Flandre » mais fut élevée à la Cour par Philippe Auguste et s’appelle par ailleurs Jeanne de Constantinople, parce que son père, lors d’une croisade, en est devenu le roi. Nos géographies modernes en sont soudain embrouillées ? Peu importe, le problème n’est pas là. Sitôt le mariage prononcé, le roi retors exige que l’on exclue du contrat deux riches places, Saint-Omer et Aire-sur-la-Lys, qu’il destine à son fils Louis. Il fait même emprisonner le couple pour le pousser à céder – c’était les mœurs du moment. Voilà la base de l’ire de Ferrand. L’homme n’est ni un mauvais Français, ni un mauvais Flamand, ni un mauvais quoi que ce soit qu’il n’est pas, il est un homme qui se sent grugé par un tricheur et, après diverses autres péripéties, cela le rend capable de changer son alliance autour de la table de jeu. On voit que glisser dans tout cela une logique « nationale », qui n’apparaîtra que des siècles plus tard, brouille la réalité des cartes du temps. Selon la logique qui est celle de son époque, Ferrand est simplement un seigneur qui estime qu’on a brisé le code chevaleresque qui régit les rapports entre hommes de bien. À son sens, cela lui donne tout loisir de le briser à nouveau. Cela se traduit-il pour autant par une haine, non pas de « la France », mais simplement de la couronne capétienne ? Même pas. Après l’épisode de la cage qui le ramène à Paris, il passe dix ans en prison, puis il est libéré – après rançon – par la régente du royaume, Blanche de Castille, la belle-fille de Philippe, la mère de Saint Louis. Durant ces années, elle connaît de graves troubles d’autorité, les grands du royaume lui cherchent

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