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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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qu’il en meurt quelques mois plus tard. Le roi, après un pontife de transition, use de grands moyens : il fait nommer un pape entièrement à sa main et le pousse à s’installer en Avignon, pour être à deux pas de la frontière française, située sur le Rhône. Cette délocalisation supposée provisoire durera près d’un siècle.
    N’allons pas trop vite, et restons-en sur la querelle elle-même, elle nous parle encore de bien des façons.
    Songeons d’abord aux arguments constamment utilisés par le pontife pour défendre son pouvoir : « Il est de nécessité de salut, écrit-il dans une bulle, de croire que toute créature humaine est soumise au pontife romain. » Ailleurs il émet la théorie des deux glaives, qu’il distingue clairement, le glaive temporel et le glaive spirituel, mais c’est pour ajouter aussitôt que le premier doit être absolument soumis au second. Aujourd’hui – le plus souvent dans le but de mieux déprécier l’islam, cette religion qui, « par nature », serait incapable de séparer « le spirituel du temporel » –, on ne cesse de louer la capacité du christianisme à accepter la laïcité, c’est-à-dire à poser l’autonomie du temporel par rapport à ce qui relève de la foi. C’est indiscutable. Il n’est pas mauvais de se souvenir qu’il y a sept cents ans, les papes soutenaient expressément le contraire.
    Songeons enfin à ce que cette affaire nous indique de la façon dont les chefs d’État traitaient alors les princes de l’Église. Entendons-nous bien, la méthode employée à Agnani est détestable, la violence à proscrire par principe et l’image, même fausse, d’un soldat giflant un vieillard est odieuse. Toutefois, il faut avouer que l’on a parfois du mal à ne pas penser à cette affaire. Surtout lorsque nos pays sont saisis de cette étonnante fièvre moderne, la papolâtrie. Le pape en tant que personne, et en tant que chef religieux, est éminemment respectable. Que les catholiques voient en lui un saint homme est leur droit le plus strict. Que dire des dégoulinades de guimauve déférente dont on use dans les médias, ou au sommet de l’État, pour la moindre visite officielle d’un pontife, ou face au plus étriqué de ses discours ? Oui, que dire ? Rien précisément. Se taire pour respecter les croyances de chacun, et sourire in petto en songeant qu’à l’époque de Philippe le Bel, quand il s’agissait de défendre l’autorité du royaume, on était moins chochotte.

8
    La bataille
de Bouvines
revisitée

    Pendant longtemps, l’enseignement de l’histoire a reposé sur deux piliers. Nous venons d’aborder le premier, les rois. Il en était un autre, non moins important en ces temps guerriers et patriotiques : les batailles. La mode en a passé, peu de sujets, aujourd’hui, paraissent plus ennuyeux que celui-là. C’est dommage, car en trouvant une façon de les raconter, l’histoire des batailles peut être riche d’enseignements.
    Celle dont nous entendons parler maintenant eut lieu le 27 juillet 1214 dans l’après-midi, le long d’une rivière située dans les environs de Lille, dans le Nord de la France, tout à côté d’un petit village appelé Bouvines. Nous y voilà. Ce nom n’évoque sans doute plus grand-chose à la majorité de nos lecteurs. Il brilla de ses derniers feux au début des années 1970, lorsque Georges Duby lui consacra un livre savoureux, qui connut un succès mérité, et dont je ne saurais trop conseiller la lecture : Le Dimanche de Bouvines 1 . On l’a beaucoup souligné alors : pour le médiéviste français, fils de la grande « école des annales » qui avait renouvelé totalement la science historique en mettant au centre des préoccupations la longue durée, l’étude des mentalités et des structures, il y avait du défi à relever ainsi le gant de l’histoire telle qu’on ne la faisait plus, l’histoire ancienne, l’« histoire événementielle », comme on disait. Le défi était d’autant plus grandiose que l’événement en question était ce qui se faisait de plus daté : une vieille victoire française.
    Repères
    – 1199 : mort de Richard Cœur de Lion, Jean sans Terre roi d’Angleterre
    – 1209 : Otton IV de Brunswick élu empereur du Saint Empire
    – 1213 : achèvement de l’enceinte de Paris, élément de la défense de Philippe Auguste contre les Plantagenêts
    – 1214 : bataille de Bouvines
    – 1215 : « Magna Carta »

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