Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
la révolution industrielle.
Précisément. La notion de « renaissance », comme elle nous est transmise, doit beaucoup aux historiens du xix e siècle. Le mot lui-même apparaît au xvi e siècle sous la plume du père de l’histoire de l’art, Vasari, un Italien qui écrit la vie des artistes qu’il admire, Michel-Ange et les autres : il pense qu’ils ont fait renaître le génie, et donc qu’ils ont créé la renaissance (Rinascità) . Il faut attendre le siècle de Michelet pour en faire une période historique, fille de l’idéologie de ce temps-là, la religion du progrès : le xvi e siècle qui libère l’individu, qui secoue la domination sans partage de la religion est forcément « mieux », et, puisque la marche du temps pousse par essence vers la Civilisation, ce qui précède est forcément plus barbare, plus médiéval , en somme. Faut-il en rester aujourd’hui à ce schéma ? Il ne s’agit pas de nier le progrès technique, le progrès de la connaissance. Un livre imprimé, puisqu’il peut être diffusé auprès du plus grand nombre, apporte forcément un mieux par rapport au manuscrit, réservé à une petite élite. Bien sûr, la découverte extraordinaire du chanoine polonais Copernic, qui pose le premier que le Soleil est au centre de notre univers et non la Terre comme on le croyait, représente une formidable avancée de l’intelligence. Mais les massacres de masse des Indiens d’Amérique, mais les atrocités des guerres de Religion ?
1 Nouvelle Histoire de la France moderne , t. 1, Royauté, Renaissance et Réforme (1483-1559) , « Point », Le Seuil, 1991.
2 Une histoire de l’Europe , Fayard, 1986.
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Les Grandes
Découvertes
On ne peut être partout. Affairés à la vaine conquête de Milan ou de Naples, nos rois de France ratent le grand mouvement qui, à pareille époque, pousse quelques peuples intrépides à tenter l’aventure sur un autre terrain, la mer. C’est elle qui mène à la conquête de mondes inexplorés, elle qui permet une nouvelle épopée européenne, « les Grandes Découvertes ».
Deux pays tireront une immense fortune de cette intuition maritime. Le premier est le Portugal. Ce peuple de commerçants et de navigateurs est obsédé par l’idée de trouver de nouvelles routes de commerce. Au début du xv e siècle, le prince Henri, fils du roi, est passionné de voyages et d’aventures maritimes, cela lui vaut le surnom d’Henri le Navigateur (1394-1460). Il reste à terre mais use de ses richesses pour développer la cartographie, créer une école de navigation et impulser un mouvement qui se prolongera longtemps. Grâce à lui, les Portugais tentent peu à peu le voyage le long
des côtes de l’Afrique, ce continent mystérieux. En 1434, ils sont au sud des Canaries ; en 1482 (bien après la mort d’Henri, donc), ils mouillent dans l’embouchure du Congo ; en 1487, ils franchissent la pointe sud du continent, qu’ils baptiseront « le cap de Bonne-Espérance » ; en 1498, enfin, le célèbre Vasco de Gama touche au but. Il aborde le port de Calicut, en Inde. Il en reviendra avec les épices convoitées, et une grande déception : là-bas, les grands rivaux des Européens, les Arabes, tiennent déjà tous les marchés, alors que ces longs voyages avaient pour but de contourner leur zone d’influence.
Repères
– 1492 : Christophe Colomb accoste aux Antilles
– 1519-1521 : Hernan Cortés conquiert l’Empire aztèque
– 1531-1535 : Pizarro conquiert l’Empire Inca, fondation de Lima
– 1534 : Jacques Cartier au Canada, prise de possession au nom du roi de France
– 1552 : publication par le dominicain espagnol Las Casas de la Très Brève Relation de la destruction des Indes , dénonciation des exactions commises contre les Indiens
Tout à leur route africaine, les Portugais ont commis une erreur : ils n’ont pas cru la thèse audacieuse d’un Génois un peu exalté qui faisait un autre pari. Puisque la terre est ronde (point sur lequel la plupart des savants du temps étaient d’accord depuis longtemps), pourquoi ne pas essayer de passer par l’ouest pour atteindre les royaumes fabuleusement riches dont avait parlé naguère un Marco Polo ? L’homme, on l’a compris, s’appelle Christophe Colomb. Rejeté par les Portugais, il tente sa chance auprès d’Isabelle la Catholique, reine de Castille. Elle n’aura pas à le regretter. Le 12 octobre 1492, après deux mois et demi de
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