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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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d’un bord à l’autre pour assouvir leur soif de sang et quelques traités définitifs signés par des ennemis épuisés qui n’en attendent qu’un peu de répit avant de reprendre leur lutte folle.
    Le sommet de l’horreur sera atteint en 1572, dans la semaine du 24 août, jour fameux, c’est celui de la Saint-Barthélemy. Depuis quelque temps, le jeune roi Charles IX est proche d’un grand réformé, de la famille des Montmorency, l’amiral de Coligny. Les temps semblent à la réconciliation. La reine mère Catherine, pour en donner l’éclatant symbole, a offert la main de Marguerite (la fameuse reine Margot), sa fille catholique, au chef du camp protestant, le Bourbon Henri de Navarre. Tous les chefs huguenots sont à Paris pour célébrer la noce. Est-ce un piège affreux qu’on leur a tendu ? Toujours est-il que le 22 août, quelqu’un, sans doute payé par les Guises, tire sur Coligny, qui par chance réchappe à l’attentat. Les huguenots crient vengeance. Le faible roi va réconforter Coligny, il promet la justice, puis il perd pied. On le croyait acquis à la paix. Les catholiques ultras, poussés par la reine Catherine, le retournent et le convainquent en une soirée qu’il faut profiter de ces troubles pour en finir avec les hérétiques. Selon sa légende noire, il accepte le pacte infernal en y ajoutant cette clause abjecte : « Tuez-les, mais tuez-les tous, qu’il n’en reste pas un pour me le reprocher. » Le 24 août avant la pointe du jour, les spadassins se ruent chez l’amiral, le tuent bel et bien et le défenestrent : son corps sera dépecé par la population hystérique. C’est le signal d’une semaine de sang et d’horreur, bientôt suivie d’autres semaines sanglantes dans toutes les grandes villes du royaume : 12 000 protestants, selon les estimations, sont tués de la façon la plus atroce.
    On n’en est là qu’au début de la quatrième guerre. Il en faudra autant pour sortir de ce cycle infernal où se mêlent bientôt des armées étrangères : les soldats du roi d’Espagne viennent aider les Guises ; les protestants reçoivent les subsides d’Élisabeth d’Angleterre et l’appui des reîtres, mercenaires allemands qui sèment la terreur.
    Dans les années 1580, le lancinant problème de la succession royale vient couronner le tout. Le troisième des frères, Henri III, n’a pas d’enfant. Il en restait un quatrième, François, duc d’Anjou : il meurt prématurément en 1584. Le seul successeur légitime au trône est un cousin très lointain, mais « prince du sang », c’est-à-dire de sang royal – son arbre généalogique remonte à Saint Louis. Par malheur, il est protestant. C’est notre Bourbon Henri de Navarre. La perspective déchaîne l’ire du troisième Henri de notre affaire : le duc de Guise. Jamais il n’acceptera un parpaillot qui conduirait le pays en enfer. À la tête de son parti, la Ligue, Henri de Guise fait tout pour empêcher cette perspective dantesque. Pendant un temps, le roi penche de son côté, puis il s’en détourne. Guise tente le tout pour le tout. En 1588, ses affidés fomentent une sédition à Paris, c’est « la journée des Barricades », elle oblige le roi à fuir sa capitale. Meurtri par cet affront terrible, Henri III fait venir Guise dans son château de Blois et le fait froidement assassiner par ses gardes. Un an plus tard, un moine catholique fanatique, Jacques Clément, plante en retour son couteau dans le corps du roi. Fin de la dynastie des Valois.
    Place aux cousins, les Bourbons, c’est-à-dire Henri de Navarre, notre Henri IV, désigné par les lois de succession et par feu Henri III lui-même avant sa mort, mais rejeté par 90 % du pays. Il lui faudra du temps pour devenir le barbu débonnaire de nos livres d’histoire. Il lui faudra, pour pouvoir simplement poser la couronne sur sa tête, beaucoup, beaucoup d’énergie : assiéger Paris tenue par les ligueurs et leurs alliés espagnols (le siège, terrible, causera des dizaines de milliers de mort) ; se battre contre tous les grands qui ne veulent pas de lui, en acheter plus encore (ça le ruinera) et surtout « faire le saut périlleux », comme il le dira lui-même, c’est-à-dire se résoudre à abjurer le protestantisme et à rentrer dans le giron de l’Église catholique. Il le fait en grande pompe en 1593. Ça ne convainc pas tout le monde. Il lui faudra encore cinq ans pour mettre un terme au cauchemar

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