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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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avec un texte qui scelle la réconciliation : l’édit de Nantes. Il confirme que la France est un royaume catholique, mais garantit aux protestants la liberté de culte dans les villes où ils sont installés et de nombreuses « places de sûreté », des places fortes censées assurer leur sécurité.
    Les « guerres de Religion » sont terminées. L’occasion est donc excellente pour tâcher de comprendre ce qu’elles ont encore à nous apprendre.

    Ce que l’on peut retenir des guerres religieuses
    L’édit de Nantes de 1598 a longtemps été considéré comme un texte fondateur de ce que nous appelons la tolérance. De fait, il permet pendant un moment aux frères ennemis catholiques et protestants de vivre ensemble dans le même royaume. On l’a vu, c’est un cas rare dans l’Europe de l’époque, seules la Pologne et la Hongrie connaissent pareille cohabitation paisible. La plupart des historiens actuels (comme par exemple l’excellente Arlette Jouanna 1 ) estiment que la seule cause que le texte ait fait progresser en réalité fut l’absolutisme royal. Le texte ne cherche pas à réconcilier les deux camps – ils sont tellement sûrs de leurs vérités qu’ils sont irréconciliables –, il montre à chacun qu’il existe une autorité supérieure aux convictions : le roi, vrai vainqueur de l’histoire.
    Sur un strict plan religieux, la seule valeur qui a vraiment progressé au xvi e  siècle, ce fut le sectarisme. Il est à l’œuvre dans les deux camps. Parce que les huguenots en France furent minoritaires, parce que les grands historiens républicains qui nous ont enseigné cette histoire étaient très anticléricaux, on a souvent l’habitude de considérer les catholiques comme les méchants de l’affaire, et les Guises et leurs ligueurs comme d’horribles fanatiques. Ils le furent. La Saint-Barthélemy est une tache épouvantable sur le livre de comptes de leur camp. Elle fut saluée à l’époque par des cris de joie dans toutes les églises, le pape fit chanter un Te Deum et frapper une médaille pour saluer cette magnifique victoire.
    Notons cependant, pour rétablir le fléau de la balance, que les protestants du temps étaient d’un humanisme très relatif. On peut, pour en donner une idée, rappeler deux exemples. Ils sont classiques mais ils sont parlants.
    Le premier se passe dans l’Empire. Dès 1525, poussés par le vent que Luther lui-même a suscité, des paysans se révoltent en Allemagne contre les horribles conditions de vie qui sont les leurs. Le moine protestataire est effrayé par cette rébellion contre l’autorité et contre les princes dont il a tant besoin. Alors même que des milliers de ces malheureux sont victimes de la plus abominable répression, il écrit textuellement qu’il faut les frapper et les éventrer « comme on assomme un chien enragé ».
    Le second a lieu à Genève. En 1553, un érudit espagnol, Michel Servet, y cherche abri parce qu’il défend des thèses audacieuses, lui aussi. Il attaque le dogme de la Trinité. Hélas pour lui, ce dogme-là ne déplaît pas à Calvin : sur son ordre, Servet est donc brûlé. Un seul de ses lieutenants contestera cette condamnation et rompra avec son maître. Il s’appelle Sébastien Castellion et écrira à propos de cette affaire une phrase admirable : « Tuer un homme, ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme. » Il était bien seul à penser de la sorte à l’époque.
    La Genève du xvi e  siècle – comment le nier ? – a plus de parenté avec un État taliban qu’avec le paradis des droits de l’homme : la danse, l’amusement, la fête y sont interdits et le seul fait d’oser porter un vêtement à la mode ou de laisser échapper un Ave Maria du bout des lèvres est un moyen très sûr de se faire traîner devant le « conseil », l’impitoyable tribunal de la moralité qui contrôle tout et chacun.
    On dira que de tels excès sont le fait des doctrines nouvelles, trop incertaines pour être tolérantes. Le drame, c’est que par concurrence la vieille maison romaine va bientôt en arriver à se durcir tout autant. L’Église catholique du début du xvi e était un vieux monument vermoulu gouverné par des pontifes débauchés et corrompus. Justement, tout y était possible. Le séisme venu d’Allemagne la pousse à se ressaisir, pour ne pas s’effondrer tout à fait. Vers le milieu du xvi e  siècle, durant une vingtaine d’années, un

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