Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
vont régner après lui, trois enfants faibles et inadaptés aux circonstances. C’est une des causes d’une des pages les plus sombres de l’histoire de France : les guerres de Religion. Elles dureront de 1562 à 1598.
Les guerres religieuses en France
La fièvre religieuse a touché la France comme le reste de l’Europe dès la première moitié du siècle. Un scandale avait même secoué le règne du farouche François I er : par bravade, une nuit de 1524, d’intrépides inconnus avaient collé dans tout le pays des affiches hostiles à la messe et au pape, et certaines avaient été clouées non loin de la propre chambre du roi, dans son château d’Amboise (c’est « l’affaire des placards »). Les persécutions engagées alors n’y avaient rien fait, le « mal » avait continué à se répandre. Sous Henri II, le royaume compte environ 2 millions de rebelles de la foi. Ils sont principalement calvinistes, on les appelle, par déformation d’un mot suisse allemand, les huguenots ou, quand on ne les aime pas, les parpaillots . Ils sont artisans, bourgeois, hommes ou femmes du peuple, plus souvent des gens lettrés et parfois même des nobles de haut rang.
Avec la mort d’Henri II, la monarchie entre donc dans une mauvaise passe. Ses fils viennent trop tôt. François II monte sur le trône à moins de quinze ans et meurt au bout d’un an de règne seulement (né en 1544, règne en 1559, meurt en 1560). Son frère Charles IX lui succède alors qu’il n’a pas dix ans et meurt à vingt-quatre, sans enfants, faisant la place au dernier, Henri III, fantasque, inconséquent. Trois rois incapables, chacun dans un genre particulier, dominés par le grand homme de la période, leur mère, Catherine de Médicis. Quand j’étais écolier, elle jouait encore dans l’affaire le rôle de la méchante absolue, acariâtre, autoritaire, obsédée seulement du destin de ses enfants, impénétrable aux malheurs de la France : d’ailleurs elle était italienne, comment compter sur une étrangère ? Aujourd’hui, poussés par ces mouvements de balancier qui sont si fréquents dans le jugement de la postérité, les historiens tendent à réhabiliter son action pour tenter d’assurer l’autorité royale. Disons que cette femme a fait ce qu’elle a pu et qu’elle pouvait peu. Comme toujours lors des périodes d’instabilité monarchique, les grandes familles du royaume avaient senti leur heure venue, elles étaient prêtes à beaucoup pour dépecer le cadavre. Il faut ajouter à ce tableau cent fois vu la dimension religieuse. Les Bourbons, par exemple, personnages considérables, descendants de Saint Louis, devenus par mariage les rois de Navarre, sont protestants. Les Guises, une puissante et riche famille lorraine alliée de la France, sont les ultras-catholiques. Agitez devant le nez des puissants un pouvoir à prendre, vous pouvez facilement les rendre fous. Ajoutez le fait que chaque camp formé autour d’eux est persuadé d’agir au nom de la Vérité, du Bien et du salut éternel, et c’est un pays tout entier qui bascule. Cela a produit trente-six ans d’horreur.
Pourquoi en donner les détails ? Le processus est toujours le même. On en date, traditionnellement, le début à 1562. Le fragile François II, roi à quinze ans, totalement sous l’influence de la famille de sa femme, les Guises, est mort après un an de règne (en 1560). Catherine de Médicis, régente au nom du petit Charles IX, pour tenter de reprendre la main, décide de s’appuyer sur un autre clan, les Bourbons. On fait donc un édit qui donne à leurs amis huguenots certaines garanties, comme le droit au culte dans les faubourgs des villes. Les Guises en sont furieux. En 1562, sur la route de Paris, leur puissant duc fait halte à Wassy, un petit village de Champagne, lors même que les protestants du lieu célèbrent l’office. Insultes, provocations : près de cent malheureux sont assassinés par les soldats du duc. Un crime appelle toujours des représailles. Elles demandent des vengeances en retour. C’est le début de l’engrenage infernal, c’est la « première guerre de Religion ». Il y en aura huit, avec d’autres carnages, des provinces ravagées, des villes assiégées, des batailles rangées, des innocents tués par milliers, quelques rares esprits pacificateurs (comme le chancelier Michel de L’Hospital, ministre de Catherine de Médicis), beaucoup de psychopathes passant parfois
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