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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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sont les guerres d’Italie, c’est-à-dire des dizaines de milliers de morts laissés sur les champs de bataille pour satisfaire le caprice de quelques rois désireux d’augmenter leur gloire et leur patrimoine en allant conquérir des duchés et des provinces. Était-il plus raisonnable de mourir pour la gloire de François I er à Marignan que pour la plus grande gloire de Dieu un peu après ? Je ne justifie rien, je pose simplement cette question : les guerres religieuses sont absurdes. Quelle guerre ne l’est pas ?
    1 Coauteur d’une remarquable synthèse de la période dans Histoire et dictionnaire des guerres de Religion , « Bouquins », Robert Laffont, 1998.

20
    Henri III
et l’homosexualité
de son temps
    Mignons et libertins
    Nous l’avons à peine vu passer, pris dans la folie des guerres de Religion. C’était trop rapide, il y a bien d’autres choses à dire sur lui. Revenons donc à Henri III, dernier fils d’Henri II à régner, dernier des Valois. Il était, dit-on, le préféré de sa mère, Catherine de Médicis. Elle désirait tant qu’il eût lui aussi sa couronne qu’elle réussit à le faire élire roi de Pologne par la noblesse d’un pays dont lui ne voulait pas : trop froid, trop loin, trop rustre. Il y resta six mois, sauvé par le destin : la mort prématurée de son frère Charles IX. Elle lui ouvrait la voie d’un poste plus à sa convenance : le trône de France. On a raconté comme il y fit ce qu’il put pour naviguer entre les ultras-catholiques de la Ligue et les huguenots frondeurs. On a omis de mentionner un détail : ses mœurs. Et pourtant ! Ce sont elles qui l’ont rendu célèbre. Chaque roi de France, dans la mémoire nationale, a sa spécialité. Saint Louis a son chêne, Henri IV son panache blanc, le pauvre Louis XVI ses serrures, et notre Henri ses petites manières, comme on disait. La plupart des Français seraient bien incapables de le situer précisément dans une généalogie royale ou de savoir comment il a essayé d’affronter les problèmes de son temps. Presque tous connaissent sa légende rose. Henri III, c’est cette grande chose un peu fofolle, couvert de bijoux, portant la fraise, jouant au bilboquet entre ses grands chiens et ses courtisans au surnom célèbre : les mignons . En clair, c’est l’homo de la bande.
    Le drôle de l’histoire, c’est que désormais de nombreux historiens doutent qu’il le fût. On peut douter de leurs doutes, bien sûr. Comment avoir des certitudes dans un domaine étouffé sous le puritanisme de tant de commentateurs ? Derrière la volonté de montrer qu’Henri III n’était pas homosexuel, on sent chez certains comme une volonté de le réhabiliter, de le laver d’une faute, comme si c’en était une. On peut néanmoins entendre un argument : plus qu’un autre, Henri III a été victime des haines de son temps, et donc des ragots de toute sorte. Tout était bon pourvu qu’il fût la cible. On l’a longtemps présenté comme faible, soumis à sa matrone de mère. En fait, il fut le seul des trois frères à réussir à s’en dégager. Il essaya bien mieux que ses prédécesseurs de défendre la majesté royale et de tenir une ligne médiane, ce qui aboutit à mécontenter les deux camps, et à déchaîner tout le monde contre lui, avec la rage pamphlétaire de l’époque. L’homme était un peu précieux : allons-y, visons au plus bas. Sans parler de la propagande de son successeur. Henri III est le dernier de sa dynastie, les Valois. C’est toujours, dans l’histoire, une position inconfortable. La dynastie suivante est prête à tout pour asseoir sa légitimité et donc à montrer combien la précédente était indigne de la place qu’elle occupait. La propagande Bourbon forgea la légende du « bon roi Henri », maître débonnaire d’un royaume pacifié, et n’hésita pas à en rajouter des tonnes sur le thème du Vert Galant coureur de jupon, ce gascon viril à qui l’on prête cette élégante formule : « Jusqu’à quarante ans, j’ai cru que c’était un os. » Autant dire pas une mijaurée comme le précédent.
    De fait, Henri de Valois introduisit à la Cour (dont il contribua, on l’a dit, à codifier la vie) des pratiques qui firent jaser. Le Dictionnaire des guerres de Religion 1 en rapporte certaines, aussi curieuses les unes que les autres : figurez-vous que l’homme aimait le linge propre, et qu’il adorait se laver et se parfumer. En

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