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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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du lit, les
yeux fixés sur ce visage placé ainsi dans la pénombre. Parfois un
brouillard s’étendait devant elle, et alors cette figure semblait
s’animer. Elle souriait. Elle ouvrait les yeux…
    Et ce n’était pas le regard de
Beaurevers !… Dans un de ces moments, Marie se leva toute
droite, terrifiée.
    Le brouillard disparut… Le visage redevint ce
qu’il était : celui de Beaurevers… d’un inconnu. Elle
murmura :
    – J’ai cru… chimère de mon pauvre cerveau
affolé… oh ! j’ai cru que là, sur ce lit,
c’était
RENAUD !…
    Les heures s’écoulèrent. Le jour vint. Marie
était restée là. Elle n’éprouvait aucune fatigue. Elle continuait à
fixer ce jeune visage. Elle luttait contre un mirage. Mais le
mirage fut le plus fort. Tout à coup, Marie de Croixmart s’approcha
du lit et balbutia :
    – Quoi que je fasse et dise, cet inconnu
ressemble… oui, c’est vrai… ce jeune homme RESSEMBLE À
RENAUD !…
    Brusquement, la suggestion fut complète.
    – Est-ce toi, Renaud ?
demanda-t-elle.
    Et elle avait cette même voix de rêve qu’elle
avait jadis lorsque Renaud l’endormait. À ce moment, Le Royal
ouvrit les yeux. Cette figure pétrifiée, ces yeux qui ne voyaient
pas et qui pourtant se fixaient sur lui, cette voix qui ne
ressemblait à aucune des voix qu’il avait entendues, cela lui
produisit une prodigieuse sensation d’étonnement mêlé d’effroi. Il
tint les yeux fixés sur la voyante. Elle parlait lentement.
    – C’est donc toi, mon bien-aimé ? Tu
m’as donc entendue enfin ? Oh ! comme je t’ai
appelé ! Comme j’ai pleuré ! Renaud, n’as-tu jamais eu
pitié de ta femme ? Écoute ! Ce qu’il y avait sur la
lettre, c’était vrai ! Je suis Marie de Croixmart…
    – Marie de Croixmart ! répéta
sourdement Le Royal.
    En une seconde, l’affreuse légende qui s’était
faite sur ce nom s’échafauda dans son esprit. La conversation que
devant lui, dans les caves de la grande prévôté, avaient eue
Trinquemaille, Corpodibale, Strapafar et Bouracan se retraça dans
sa mémoire. Et aussi son indignation ! Et aussi la promesse
qu’il avait faite de punir Marie de Croixmart ! La
dénonciatrice ! Ses poings se crispèrent.
    – Si c’est elle, par tous les diables
d’enfer, je…
    – Renaud, disait Marie. J’avoue. Je suis
la fille du grand juge. Je porte ce nom abhorré de Croixmart…
    – Enfer ! hurla Beaurevers. C’est
bien elle !
    Marie s’était abattue sur les genoux. Elle
sanglotait.
Elle répétait la scène de la lecture.
Son
esprit
repassait par toutes les phases de cette scène.
Et
c’était à faire frissonner de pitié…
    Et Le Royal de Beaurevers frissonnait. Et
lorsque Marie revint à la vie normale, lorsqu’elle se releva
effarée, il n’y avait plus que de la pitié dans l’âme du jeune
homme. D’avoir entendu de pareils sanglots, Le Royal de Beaurevers
pleurait… Et il murmurait :
    – Pauvre femme !…
    – Vous êtes réveillé, dit Marie de
Croixmart en tremblant. Depuis quand ? Qu’ai-je fait depuis
que vous êtes réveillé ?
    – Rien, madame, dit doucement Le
Royal.
    – Rien ? Est-ce bien sûr ? J’ai
dû parler, dire des choses… extravagantes, sans doute. Qu’ai-je
dit ?…
    – Rien, madame…
    – N’ai-je pas dit que je m’appelais… j’ai
dû dire un nom…
    – Madame, dit Beaurevers, je sais que
vous vous appelez la Dame sans nom. Moi, je m’appelle Le Royal de
Beaurevers. Vous m’avez offert un abri. C’est tout ce que je
sais.
    Un joyeux sourire éclaira cette pâle
physionomie. Elle s’occupa aussitôt de défaire le bandage de la
blessure pour renouveler la compresse. Le Royal de Beaurevers
songeait :
    – Non, je ne punirai pas cette pauvre
femme. Si Trinquemaille et ses acolytes osaient venir lui demander
compte de son passé, ils auraient affaire à moi !… Mais
puis-je demeurer sous le même toit que la fille de ce grand juge
dont la mémoire suscite encore des malédictions !… Non, je ne
resterai pas ici… et pourtant… qui sait ce qu’elle a pu
souffrir !…
    – Vous sentez-vous mieux ? fit Marie
de Croixmart.
    – Si bien, madame, que je vais pouvoir me
retirer…
    – Vous voulez vous en aller ! Blessé
comme vous êtes !
    – J’en ai bien vu d’autres. Que de fois
il m’est arrivé de monter à cheval tout saignant et de faire
l’étape sans autre baume qu’un linge mouillé sur la
blessure !
    – Mais vous êtes

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