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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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à
genoux, non pas devant
sa tombe,
mais devant une autre
toute proche, une dalle sur laquelle aucun nom n’était gravé.
C’était elle-même qui avait fait poser là cette dalle.
    Cette tombe était devenue le but de ses
quotidiennes promenades ; elle s’y plaisait ; elle s’y
sentait protégée ; c’est là que, par une nuit effrayante, elle
était venue avec Renaud, quand il avait enterré là les ossements de
sa mère, brûlée vive sur l’ordre du seigneur de Croixmart…
    Renaud, la terrible scène qui avait suivi le
mariage, la lecture de la lettre où elle se dénonçait elle-même,
c’étaient là des souvenirs sur lesquels elle se penchait.
    La scène de la lecture avait été racontée par
Roncherolles et Saint-André pendant le procès de Marie. La Margotte
– la geôlière – la lui avait racontée à son tour. Car Marie,
endormie magnétiquement, n’en avait aucun souvenir. Et alors, elle
avait compris ou cru comprendre pourquoi Renaud n’était jamais
revenu !
    – C’est égal, pensait-elle en ses
rêveries, il eût pu me pardonner cela. Était-ce ma faute, si je
m’appelais Croixmart ? A-t-il pu croire que j’ai dénoncé
quelqu’un, moi ! Que j’ai dénoncé sa mère ! J’avais tout
fait au monde pour essayer de lui cacher mon triste nom. Renaud,
j’ai, pour toi, menti à Dieu, sur l’autel. Que dis-je ? J’ai
tenté d’éviter le mariage ! J’ai étouffé mes pudeurs de
fille !… et ton fils est né ! Ton fils né dans les
cachots du Temple, le geôlier et la geôlière en ont eu pitié… mais
toi !…
    Puis, elle ne savait plus. L’enfant avait
disparu. Emporté, lui avaient dit Gilles et La Margotte, par
Brabant-le-Brabançon, un homme capable de tuer un enfant. L’enfant
était donc mort. Et mort aussi, sans doute, Renaud !
    Et tandis que sur la tombe de la suppliciée,
Marie de Croixmart sanglotait, râlait, appelait Renaud, appelait
son fils, elle se demandait pourquoi elle vivait encore… Et comme
elle ne pouvait détacher sa pensée des deux démons qui venaient de
lui apparaître, elle comprit que c’était pour assister à leur
châtiment.
    Brisée, Marie de Croixmart se releva enfin,
sortit du cimetière et reprit le chemin de la rue de la
Tisseranderie. Elle songeait à Renaud :
    – Pourquoi n’est-il pas revenu, selon sa
promesse ? Sait-il qu’il a un fils ?… Si je le revoyais,
que lui dirais-je ?…
    Et alors, tantôt elle se voyait reprochant à
Renaud son abandon. Tantôt elle se voyait lui demandant pardon
d’être la fille de Croixmart…
    Ce qu’il y avait au fond de son cœur, c’était
l’amour resté jeune. Ce qui la faisait vivre, c’était son
amour…
    Une fois de plus, donc, elle se demandait en
sanglotant :
    – Sait-il qu’il a un fils ?…
    Elle répéta doucement, comme dans une
caresse :
    – Notre fils… mon fils…
    En prononçant ce mot « mon fils »,
sans cesser de pleurer, elle se prit à sourire. Elle sourit, oui,
et murmura :
    – Il aurait vingt-deux ans à la
Saint-Jean. Il serait grand comme Renaud, hardi comme lui, noble de
cœur et généreux comme lui. Il porterait fièrement l’épée. Il
serait le plus beau.
    Marie de Croixmart frappa à la porte de la
maison – selon un signal convenu avec Gilles. Elle semblait
calmée.
    – Ils sont entrés à trois, dit
l’ex-geôlier, et ont tout visité.
    – Je pense qu’ils n’ont pas découvert la
chambre secrète ?
    – Il aurait fallu des malins. Et si
c’était arrivé, je leur sautais dessus. Ils ne seraient pas sortis
vivants.
    – Et ce jeune homme ?
reprit-elle.
    – Il dort comme un bienheureux.
    Marie fit signe à Gilles de veiller en bas.
D’ailleurs, depuis plus de vingt ans que le geôlier et sa femme
s’étaient attachés à elle, elle avait pris l’habitude de s’en
remettre à eux. Si des ennemis tentaient de l’approcher, il leur
faudrait d’abord passer sur Gilles et la Margotte. Elle monta. Dans
la chambre où tout à l’heure l’avaient vue Roncherolles et
Saint-André, elle poussa un panneau de lambris ; une porte
étroite béa. Marie entra.
    C’était une petite chambre, où il n’y avait
qu’un lit, une table et deux ou trois chaises, évidemment un refuge
secret. Un jeune homme dormait paisiblement dans le lit. Et Marie
de Croixmart se pencha sur Le Royal de Beaurevers.

VI – LE NOM MAUDIT
    Un inexprimable attendrissement lui vint. Elle
posa le flambeau loin du lit, et elle-même s’assit loin

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