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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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faim,
soif, fatigue !
    – C’est vrai, nous avions lou
pigeoun !…
    – Nous avions Le Royal de
Beaurevers !…
    – Sacrament ! rugit Bouracan dans un
sanglot.
    Les chiens gras regrettaient leur vie de loups
maigres. Le collier dont ils étaient attachés les démangeait au
cou !
    Les soupirs se modulèrent en quatuor
nostalgique. Ce fut à ce moment qu’entrèrent en un coup de vent les
quatre
estafières
de l’escadron volant attachées par
Catherine à l’instruction de nos quatre gaillards – les servantes
de la
Truie blanche,
si l’on n’a pas oublié.
    – Santa madonna, fit la châtaine, encore
à table ?
    – Et vite, dit la blonde, au travail,
nobles seigneurs !
    Nos estafiers s’étaient levés et lancèrent
quatre regards… des regards de fureur, de rage, de
révolte !
    Tout leur avait été promis, ils n’avaient pas
eu le moindre baiser furtif, rien, pas ça, qué ! disait
Strapafar. Ils n’aimaient plus : elles étaient les damnées
maîtresses de travaux mondains.
    Travaux
mondains !
Ah
pécaïre ! Ah ! doux Jésus ! Ah ! porco
dio ! Ah ! sacramant ! Voilà qu’il leur
fallait apprendre à marcher
comme on marche à la cour,
quoi encore !
    Catherine-la-Grande avait reconnu quelle force
pouvait lui donner quatre molosses de cette taille et de cette
moralité. Elle les voulait partout avec elle. Il fallait les rendre
présentables. Et elle les élevait !
    – Capon ! rugit Corpodibale, mon
épée, drôle !
    – Capon, mon manteau vert bouteille, milo
dious !
    – Capon, mon toquet à plumes
violettes.
    – Capon, mon écharbe chaune,
sacramant !
    – Voilà, mon gentilhomme, voilà,
monseigneur, voilà !
    Le valet s’empressa ; en un clin d’œil,
les quatre estafiers se trouvèrent alignés à la parade. Gravement,
elles passèrent l’inspection. C’était à qui, avec son malandrin,
obtiendrait le plus beau gentilhomme. Elles signalaient les erreurs
de tenue, les fautes de goût.
    Ils écoutaient, attentifs et dociles, mais
roulaient des yeux féroces, et les péronnelles, sans se fâcher,
entendaient des jurons gronder dans la gorge de leurs
gentilshommes.
    – Allons, fit la brune ! Qui prend
leçon, ce soir ?
    – C’est le tour de
M. de Bouracan, dit la rousse.
    La table repoussée à un bout de la pièce, les
fauteuils disposés à l’autre bout, la rousse indiquait :
    – Monsieur de Bouracan, nous supposons
que vous êtes admis à l’honneur de saluer Sa Majesté. Vous allez
pour la première fois faire votre entrée en audience. Vous,
monsieur de Strapafar, sur ce fauteuil, vous êtes le roi. Vous,
monsieur de Trinquemaille, asseyez-vous là, vous êtes le
dauphin ; vous, monsieur de Corpodibale, mettez-vous à la
gauche du roi, vous êtes le duc de Savoie ; mesdemoiselles,
vous êtes Sa Majesté la reine, madame Diane de Valentinois et
madame Marguerite de France. Mettez-vous près de la porte, monsieur
de Bouracan. Attention, j’annonce.
    La rousse, imitant la voix aigre de
l’huissier, cria :
    – Monsieur le chevalier de
Bouracan !
    Le pauvre Bouracan s’avança, mais comme un
rhinocéros qui ne veut pas écraser des coquilles d’œufs.
    – Allons, criait la rousse très en
colère, redressez le buste, par la sambleu ! Regardez droit
devant vous ! Le poing sur la hanche. Tendez le jarret !
Trop de raideur, là ! vous y êtes. Arrêtez-vous à trois pas du
roi, saluez !
    Bouracan s’arrêta, s’inclina, et, de sa voix
de basse taille :
    – Ponchour, sire !
    – Attendez que le roi vous adresse la
parole !… Sa Majesté vous dirait, par exemple :
« Monsieur de Bouracan, je suis content de vous voir. »
Maintenant, faites votre compliment au roi.
    – Sire…
    – Inclinez-vous en parlant au roi. Là.
Plus bas !…
    – Che beux bas !…
    – Comment ! Vous ne pouvez
pas ! Devant le roi !
    – Che beux bas ! gémit Bouracan.
J’afre trop manché !
    La rousse leva les bras au ciel. La brune, la
blonde et la châtaine partirent d’un éclat de rire cristallin.
    – Soit, reprit la rousse. Supposons donc
que vous êtes respectueusement courbé. Là. Faites maintenant votre
compliment à Sa Majesté qui vient de vous dire qu’elle est contente
de vous voir.
    – Ponchour, sire ! dit Bouracan.
    – Voilà qui est du dernier galant !
s’écrièrent les femmes.
    Bouracan déjà se rengorgeait. Mais la rousse,
furieuse :
    – Vous êtes odieux, mon cher, avec votre
« Ponchour,

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