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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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la peau de Beaurevers…
Lagarde agissait pour le compte de la reine. Mais il agissait aussi
pour son propre compte.
    Le Royal de Beaurevers, seul, en pleine
nuit !… Au lieu, donc, de s’étonner de l’arrivée de la reine
(d’ailleurs suffisamment protégée par les quatre recrues), il
s’élança avec ses hommes. Au détour de la rue, il rejoignit Le
Royal, tira son épée et dit :
    – Attention !…
    Les huit dégainèrent avec un frémissement
joyeux.
    Le Royal marchait rapidement. Il n’entendait
pas les pas des assassins. Il n’écoutait que les battements de son
cœur. Il eût donné la moitié de sa vie pour se trouver face à face
avec le ravisseur. Qui était-ce ?… Les portes de Paris étaient
fermées : le lendemain matin seulement, il pourrait courir à
Pierrefonds.
    – Holà, monsieur ! fit tout à coup
une voix rocailleuse. Oui, vous, monsieur ! Où courez-vous si
vite ?
    Le Royal se retourna, et vit les reflets des
neuf rapières.
    – Ah ! Ah ! grinça-t-il. Il
s’agit donc d’en découdre ?
    Les neuf tombèrent sur lui tous ensemble. Le
Royal s’accula et sa rapière décrivit une zébrure d’acier.
    – Sus ! Sus ! rugit
Lagarde.
    – À mort. À nous sa tête ! vociféra
l’escadron de fer.
    Nos quatre estafiers, transformés par
l’escadron volant en spadassins de cour, s’étaient arrêtés devant
le pont-levis. Eux aussi virent cet homme qui, à grands pas
traversait le pont, et qui passa en les bousculant. Ils demeurèrent
ébahis. Déjà Le Royal disparaissait au fond de la nuit.
    – Sacrament, gronda Bouracan, c’est sa
poigne !
    – Vé, fit Strapafar, c’est lou pigeoun,
mes enfants !
    – C’est bien lui ! murmura
Trinquemaille.
    – Andiamo ! cria Corpodibale. Au
diable les donzelles, le Louvre, les rois, les reines ! Mon
roi, c’est Beaurevers !
    Ils allaient s’élancer pour le retrouver. À
cet instant, Djinno s’avança, et, avec force courbettes :
    – Vous ne pouvez attendre dans la rue.
Entrez, messeigneurs. Il y a pour vous une collation. D’ailleurs la
reine le veut !
    Ils hésitèrent. Mais le Royal était loin. La
reine commandait… L’oreille basse, ils franchirent le pont qui se
releva.
    Catherine de Médicis était entrée dans le
cabinet de Nostradamus qui se leva.
    – Maître, dit-elle en s’asseyant, je ne
vis plus. Aucune de vos promesses ne se réalise. Pourtant je dois
croire en votre pouvoir.
    – Que vous ai-je donc promis,
madame ?
    – Tout ! fit sourdement
Catherine.
    – Rien ! dit Nostradamus. J’ai été
l’interprète. J’ai dit ce qui sera. Je ne promets que ce que je
puis tenir, moi. Vous avez demandé si votre fils Henri régnerait.
Il vous a été répondu que sûrement vous le verriez un jour sur le
trône. Eh bien ! attendez, madame !
    – Mais le roi ? balbutia
Catherine.
    – Il vous a été dit que le roi mourrait
de mort violente. Il mourra.
    – Quand ? palpita la reine.
    – Avant la fin du présent mois, ce sera
fait.
    – Écoutez, maître. Si ce que vous dites
est vrai, pourquoi Lagarde a-t-il échoué ? Pourquoi ce
misérable Beaurevers s’est-il trouvé là à temps pour sauver celui
qui est condamné ?
    – Vous haïssez Beaurevers,
madame ?
    – Oui. Non seulement parce qu’il a sauvé
le roi, mais encore parce qu’il sait une chose que Montgomery et
moi nous savions seuls. Je ne vous compte pas. Qui l’a
instruit ? Qui lui a dit que mon fils Henri n’est pas le fils
du roi ?…
    Nostradamus ne répondit pas.
    – Il le sait, fit-elle. C’est là un
secret qui tue, maître !
    Elle fixa un regard menaçant sur
Nostradamus.
    – Vous pouvez tuer votre époux, dit-il,
comme vous avez tué François ; vous pouvez tuer Beaurevers
portant un secret dont on meurt. Mais vous ne pouvez rien contre
moi. Il ne vous a pas été dit que le roi serait assassiné par
Lagarde. Il vous a été annoncé que le roi succomberait sous le fer
de Montgomery. Et ce sera bien ainsi. Encore une fois, madame, tout
est logique. Il sera
naturel
que le roi de France meure
frappé par l’arme de Montgomery…
    – Gabriel ! balbutia Catherine en
passant sa main sur son front. Je le connais. Jamais Montgomery ne
tuera le roi !
    – On ne vous a pas dit que Montgomery
tuerait le roi, madame.
On
vous a dit seulement que le roi
tomberait sous le fer de Montgomery. Ce sera fait avant la fin du
mois. Et tenez, vous m’avez apporté une épée qui a appartenu à
Montgomery,

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