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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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murmurait :
    – Je t’aime… oui, par le Dieu vivant, je
t’aime, je t’aime…
    L’un des estafiers sauta aux rênes, dix autres
se ruèrent sur le flanc, un autre à genoux s’apprêta à couper le
jarret du cheval. L’œil de Beaurevers était partout. Le lourd
estramaçon fut partout. Un furieux coup d’éperon. Le cheval se
cabra, entraînant dans les airs l’homme pendu aux rênes :
c’était Lorédan !…
    L’estramaçon s’abattit sur le crâne de
Lorédan, qui s’affaissa sur la route, dans un soupir. L’estramaçon
bondit sur le flanc gauche, sur le flanc droit. Des crânes furent
défoncés. Le cheval rua… L’homme à genoux eut les mâchoires
fracassées…
    Une seconde plus tard, Beaurevers
disparaissait au loin…
    Et le cheval galopait dans l’air pur. Des
oiseaux chantaient au fond des taillis. La forêt n’était plus qu’un
chant de triomphe et d’amour. Beaurevers et Florise s’enivraient de
leurs regards…
    Maître Tiphaine, en homme habitué à manipuler
les serrures, avait crocheté la porte de sa propre cuisine, où il
était enfermé à double tour avec sa femme et ses deux servantes.
Ils avaient très bien entendu le cliquetis du duel dans la
salle.
    – Je crois que nous sommes perdus, dit
Tiphaine à Martine. Pardonne-moi les misères que je t’ai
faites.
    – Nenni, fit Martine. Moi, d’ailleurs, ça
m’est égal, de mourir, puisque un jour ou l’autre, tu m’aurais
tuée. Autant l’être tout de suite de la main de cet enragé qui
bataille là.
    – Comment ça je t’aurais tuée ?
M’aurais-tu trompé ?
    – Regarde-moi. Ai-je l’air d’une femme
qui trompe son mari ?
    Pendant cette intéressante discussion
conjugale, le bruit d’armes avait cessé. Au bout de dix minutes de
silence, Tiphaine se hasarda à appeler. Ne recevant pas de réponse,
il crocheta la serrure et s’aventura au dehors, suivi des trois
femmes.
    – Et c’est aujourd’hui, grinça-t-il, que
doit venir au château ce gros seigneur de Paris. Rien de
prêt ! Je suis perdu d’honneur. Allons, volailles !
Allumez-moi ces fourneaux !
    Un grand cri lui répondit. Martine s’était
précipitée dans la salle et se penchait sur le corps de Roland de
Saint-André.
    – Pauvre jeune homme ! dit-elle,
sincèrement émue.
    Tiphaine était jaloux, mais il n’était pas
méchant. Et puis, Roland lui était apparu comme l’incarnation de la
générosité. Il examina le corps et finit par surprendre sous le
pourpoint, un imperceptible battement de cœur.
    – Il vit, dit-il, mais il n’en vaut guère
mieux.
    Le blessé fut transporté dans la chambre qu’il
occupait en haut, et couché. Martine lava ses blessures.
    Il n’y avait pas de médecin dans le hameau.
L’auberge était la seule maison sérieuse du pays, après le
presbytère, et elle vivait du château. Mais dans ce château il y
avait un chirurgien. Il vint et déclara que le blessé mourrait dans
la journée.
    En cette journée, il y eut au château et aux
alentours de grandes allées et venues, des départs de cavaliers qui
s’en allèrent battre le pays. Et maître Tiphaine se creusait le
cerveau pour deviner ce qui se passait. Martine, elle, devinait, et
tremblait pour le cornette.
    Le seigneur attendu ne vint pas. Et le blessé
ne mourut pas.
    Le lendemain jeudi, les battues de cavaliers
recommencèrent dès la pointe du jour. À l’auberge, le blessé
n’avait pas repris connaissance. Mais, par moments, des paroles
incompréhensibles venaient expirer sur ses lèvres.
    Vers midi, un nuage de poussière sortit de la
forêt. Cinquante cavaliers, richement équipés, apparurent au trot.
Ils étaient commandés par M. de Montgomery. Tout ce qu’il
y avait d’habitants à Pierrefonds était accouru et criait Noël.
    À dix pas en avant de cette escorte, deux
seigneurs chevauchaient, causant et riant.
    L’un était le roi. L’autre, le maréchal de
Saint-André.
    Henri II fut presque aussitôt reconnu. On
cria fort : « Vive le roi ! » Le château, de
son côté, salua son hôte par une bonne arquebusade. Le guidon aux
armes de France fut hissé et toute cette cavalcade pénétra dans la
cour d’honneur.
    Tout ce bruit, toute cette joie s’affaissèrent
soudainement. Un silence pesa sur le château et s’abattit sur le
pays.
    – Il est arrivé un malheur ! dit
Tiphaine. Ah ! Voici le cornette du diable ! Il vient
ici ! Martine, si jamais…
    Tiphaine n’acheva pas, et demeura

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