Nostradamus
yeux.
– Calmez-vous, dit-il, je le veux… Me
croyez-vous ?…
– Je vous crois, parce que vous ne m’ayez
jamais trompé.
– Eh bien ! écoute. Je te jure, moi,
que je te mettrai en présence du roi, les armes à la main…
Beaurevers tomba à genoux, saisit la main de
Nostradamus et la baisa ardemment. C’était son amour qui le jetait
aux pieds du mage. Nostradamus le releva doucement.
– Quand ferez-vous cela ? bégaya
Beaurevers.
– Djinno, quel jour le roi joutera-t-il
contre Montgomery ?
– Le 29 du présent mois, dit le petit
vieux.
– Bien. Le Royal de Beaurevers, le 29 de
ce mois tu iras combattre en champ clos pour l’honneur de ta
dame.
– J’attendrai le jour que vous me dites.
Maintenant, je veux le nom de ma mère, le nom de mon père. C’est
cela que je suis venu vous demander.
– Tu les sauras le jour où tu auras
combattu le roi.
– J’attendrai ce jour ! reprit-il.
Mais le père de Florise ?…
– Roncherolles ! Tu veux qu’il soit
délivré ?…
– Oui. Je l’ai juré à Florise. Je
m’attaquerai au Châtelet. Je ne suis pas le roi, moi : je
tiens mes serments.
Beaurevers vit Djinno qui se frottait les
mains.
– Délivrer le grand-prévôt ! disait
le petit vieux. Impossible, par tous les saints !
Impossible !…
– Pourquoi ? fit Nostradamus en
fronçant le sourcil.
–
Parce qu’il est déjà
délivré !
répondit Djinno. Ce fut le premier soin de Sa
Majesté en rentrant de Pierrefonds. Il s’en alla au Châtelet,
descendit au cachot du sire de Roncherolles, et lui dit :
« Mon brave grand-prévôt, pardonne-moi de t’avoir fait
connaître les joies du
Paradis…
Mais un sacripant a
profité de ton absence pour te voler ta fille… Or, moi, roi de
France, je ne veux pas qu’on moleste ainsi les filles de ma
noblesse. Et c’est une indignité que ta fille soit aux mains d’un
truand. Et de quel truand ! Le Royal de Beaurevers ! J’ai
donc pensé que si quelqu’un au monde est capable de retrouver ce
damné sacripant, ce ne peut être que toi. C’est pourquoi je te
délivre. Je te rends ta place de grand-prévôt. Va, mon brave.
Fouille Paris et rends-moi ta… non ! rends-moi le sacripant,
afin que je le fasse tirer à quatre chevaux. En sorte…
Djinno s’interrompit et parut prêter
l’oreille.
– En sorte ? demanda
Nostradamus.
– Voici la réponse ! dit le petit
vieux en s’élançant.
On entendait au loin le son du cor.
– Entrez là ! dit vivement
Nostradamus en poussant Beaurevers dans un cabinet. Et écoutez.
Deux minutes s’écoulèrent. Puis un homme
entra, précédé de deux pages, escorté de douze gardes. C’était un
héraut royal. Il adressa à Nostradamus un salut et
prononça :
– Moi, Superbe-Écharpe, de la part de Sa
très chrétienne Majesté, Henri deuxième ; à Michel de
Nostredame, salut ! Vous savez que le roi de France vous tient
en estime singulière et qu’il a ordonné à son grand-prévôt de ne
conserver contre vous aucune animosité ni dessein de vengeance…
– Dites au roi que je suis content de
savoir le sire de Roncherolles rentré en grâce ; dites-lui que
je n’ai rien à craindre du grand-prévôt. Veuille donc Sa Majesté
cesser de se préoccuper ainsi du salut de ma personne ; je
suffis à assurer ce salut.
Le héraut royal parut prendre acte de ces
paroles. Puis :
– Vous saurez en outre que Sa Majesté et
son grand-prévôt se sont mis d’accord pour retrouver une fille
ravie à son père par un truand. Il s’agit de très puissante
demoiselle Florise de Roncherolles. Le roi et le grand-prévôt
supplient le grand Nostredame d’employer sa science à trouver les
traces de cette noble demoiselle.
Nostradamus hésita un instant, puis d’une voix
sombre :
– Si les recherches demeurent vaines, je
trouverai, moi.
Le héraut royal s’inclina de nouveau, puis
continua :
– Michel de Nostredame, vous saurez enfin
que le roi…
– Cherche le truand qui a
volé
Florise de Roncherolles, interrompit Nostradamus. Je le sais. Je
sais aussi que la tête de Beaurevers est mise à prix pour cent
mille écus. Est-ce vrai ?
– C’est vrai, dit le héraut étonné.
– Voici ce que le roi vous a chargé de me
dire. Il me rappelle la promesse que je lui ai fait de mettre en sa
présence Le Royal de Beaurevers, il me somme de tenir cette
promesse.
– C’est vrai ! dit le héraut
stupéfait.
– Eh bien, voici ma
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