Nostradamus
de
France… C’est le symbole des Mages… C’est la Rose-Croix !…
– La mort du roi ! bégaya
Montgomery, ce sera un meurtre !
– Non. Le roi, dès ce moment, est prévenu
qu’il est défié à un combat à outrance, et, s’il meurt, ce sera
loyalement frappé, à la face de Paris, que le Destin a
assemblé.
L’armure sous laquelle il y avait quelqu’un
frissonna…
– Le roi n’acceptera pas ! gronda
Montgomery.
– Le roi accepte ! dit
Nostradamus.
– Qui êtes-vous ? rugit Montgomery.
Vous qui avez surpris le secret de ma vie ! Vous qui tenez
dans vos mains l’honneur et la couronne de Catherine ! Vous
que le roi nous a ordonné de tuer et qui avez subjugué le
roi ! Qui êtes-vous ? Je veux le savoir !
– Je suis le Mystère. Je suis le Malheur,
dit Nostradamus.
– Et que me voulez-vous, à moi qui ne
vous ai rien fait !… À ce moment, au loin, on entendit la
trompette royale qui défiait l’adversaire du roi. L’armure, de
nouveau, frissonna.
– Je suis perdu ! râla
Montgomery.
– Tu es sauvé, dit Nostradamus. Tu ne
combattras pas contre le roi.
C’est ton armure seule qui
combattra.
Va-t’en. Un bon cheval t’attend près de l’entrée du
château de Vincennes. Un de mes hommes te le remettra. Dans les
fontes, tu trouveras assez de pierres précieuses pour vivre en
grand seigneur partout où tu iras. Gagne la frontière la plus
proche. Ou si tu ne veux pas de ce que je t’offre, j’entre dans la
lice et je crie : « Montgomery ne peut combattre contre
le roi ! J’accuse ici Catherine, reine, et Montgomery,
capitaine, du crime d’adultère commis contre Henri de
France !… » Va-t’en, si tu ne veux pas être foudroyé, toi
aussi, par l’orage qui va éclater !
Il entraîna Montgomery jusqu’à une porte de
derrière. Il lui montra de la main le chemin qui conduisait à la
porte Saint-Antoine et de là à la frontière. Montgomery
murmura :
– Mon fils ! Si je suis dénoncé, mon
fils mourra !…
Il franchit la porte, se glissa entre les
tentes, et disparut… Nostradamus se tourna vers l’armure ; et
dit :
– Le Royal de Beaurevers, es-tu
prêt ?
– Je suis prêt. Si je meurs, vous direz à
Florise que j’ai voulu la délivrer et que ma dernière pensée est
pour elle…
– Pauvre enfant ! Oh ! je… Mais
non !
– Ce roi a menti, continua le jeune
homme. Ce roi félon était en mon pouvoir. Je lui ai fait grâce
parce qu’il a fait serment de ne plus rien tenter contre Florise.
Je retire la grâce. Je reprends mes droits. Par la lance
aujourd’hui, ou sinon par l’épée demain, ou par le poignard, je
jure, moi, de délivrer Florise en tuant cet homme. Donc, je suis
prêt. Allez, et dites qu’on annonce mon entrée dans la
lice !
Henri II était dans la lice depuis
quelques instants déjà. Ses trompettes défiaient par intervalles
l’adversaire contre lequel il devait jouter. Le roi ne faisait pas
caracoler son cheval, mais il se tenait immobile près de la
barrière, et il se dégageait de cette attitude une si funèbre
impression que peu à peu un lourd silence tombait sur les galeries.
Très peu de personnes remarquèrent que le roi portait, une lance à
fer affilé au lieu de la lance terminée par un tampon de cuir. Sous
la visière baissée, le visage du roi était livide de rage…
Tout à coup la barrière opposée s’ouvrit… Une
trompette éclatante répondit à la trompette royale…
Montgomery
parut !…
Aussitôt, les hérauts d’armes poussèrent leurs
cris de combat. Les trompettes donnèrent le signal. Puis, soudain,
ce fut un silence étrange. Malgré le signal donné, les deux
champions demeurèrent une minute immobiles.
Tout à coup, ils s’ébranlèrent… La course des
deux chevaux devint un galop furieux. Des milliers de têtes se
penchèrent et voici ce qu’elles virent :
Deux nuages se ruant l’un sur l’autre…
L’éclair des deux armures à peine entrevu… Soudain, un choc
formidable, deux poitrails de chevaux qui se heurtent, un fracas de
cuirasses, la rapide vision des deux bêtes cabrées – puis un cri
terrible.
Et ce fut tout.
Le double nuage de poussière tomba. Et alors
une clameur énorme fusa. Des cris de terreur. Des appels. Des
seigneurs qui se précipitent. Des femmes qui s’évanouissent.
La poussière dissipée on vit le cheval du roi
s’enfuyant,
Montgomery
regagnant au pas sa tente, et, au
milieu de la lice, le roi étendu, les bras en
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