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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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lèse-majesté. Il était condamné à avoir la tête tranchée par
l’exécuteur sur un échafaud dressé en place de Grève. L’exécution
aurait lieu le lendemain matin à 9 heures.
    Il restait au Royal trente-six heures à
vivre.

II – JACQUES D’ALBON DE SAINT-ANDRÉ
    Il y avait quelqu’un qui devait tout à Henri,
et qui, à sa mort, eût dû pleurer des larmes de sang. C’était
Jacques d’Albon, comte de Saint-André, maréchal de France. Le grand
favori du roi !
    Lorsque le bruit se répandit que le roi allait
mourir, Saint-André sentit que la terre allait lui manquer sous les
pieds.
    Il avait été l’un des adulateurs de Diane de
Poitiers. Il avait humilié Catherine de Médicis autant de fois que
cela avait été nécessaire à son crédit, c’est-à-dire tous les
jours. Au moment où tous les regards étaient fixés sur le blessé
qu’on plaçait sur une civière pour le transporter au Louvre,
Saint-André fixait les siens sur Catherine de Médicis. Il était
tout prêt à se faire le premier chevalier servant de la reine si
celle-ci lui faisait signe.
    Lorsque le brancard s’ébranla, Catherine de
Médicis regarda autour d’elle pour reconnaître ses amis et ses
ennemis, imposer du premier coup son autorité de régente.
    – Messieurs, dit-elle, suivez-moi au
Louvre, où je vais assembler le conseil. Monsieur le Maréchal, vous
attendrez mes ordres en votre hôtel.
    Saint-André se mit en route vers les
Fossés-Mercœur, suivi de ses écuyers, précédé de ses pages, escorté
de ses gardes. Il songeait :
    – Il va pleuvoir du sang, et peut-être de
l’or. Les Guise ont besoin de moi, Montmorency a besoin de
moi ; je leur proposerai une alliance, et peut-être
pourrai-je… Oh !… mais qu’est-ce que j’éprouve
donc ?…
    Il avait pâli soudain. Un mystérieux malaise
s’emparait de lui. Machinalement, il se retourna, et, à dix pas
derrière ses gens, il vit un homme de haute stature, monté sur un
cheval noir, enveloppé d’un manteau noir.
    Saint-André ne prêta qu’une médiocre attention
à ce cavalier. Son malaise se dissipait, d’ailleurs. Il
songea :
    – Il faut que je mette
tout cela
à l’abri, dès cette nuit. Bon ! j’en profiterai pour compter
un peu et voir au juste ce qui manque du dernier million…
    Prétexte ! Saint-André savait le compte à
un ducat près. Saint-André savait qu’il ne trouverait pas de coffre
plus sûr que celui qu’il avait imaginé. Prétexte pour contempler
l’or.
    En mettant pied à terre dans la cour de son
hôtel, il riait, et… Un fracas retentit dans sa tête. Tout ce bruit
qu’il avait entendu déjà une nuit sur le pont-levis de la rue
Froidmantel. Puis tout se tut, et une voix, la même qu’il avait
entendue aussi, hurla :
    – Renaud ! Renaud !
Renaud !
    Saint-André jeta autour de lui des yeux de
folie, et ne vit que ses gens d’armes qui, à grand bruit rentraient
leurs chevaux aux écuries.
    Subitement, l’hallucination disparut. Devant
le porche de l’hôtel, le cavalier noir attachait son cheval.
    Saint-André descendit dans les caves sans plus
tarder. Devant le coffre, il s’arrêta. Il songeait :
    – Mon fils est mort. À ma mort, j’eusse
été forcé de lui laisser mon or. Moi mort, ma fortune aux mains de
Roland eût fondu comme une neige de printemps. À qui laisserai-je
cette fortune ? La mort de Roland a sauvé mes millions. À qui
la laisserai-je ? Si le roi avait vécu… Non, tout compte fait,
Henri ne méritait pas, si j’étais mort avant lui, d’être mon
héritier. Il eût tout dépensé. Suis-je avare ? Non. J’ai
honorablement tenu mon rang. À qui laisserai-je tout cela en
mourant ? C’est ma vie. Dois-je donc laisser ma vie à
quelqu’un ? Non, non, de par Dieu ! À personne ! Je
ne laisserai mon or à personne !…
    Il alla s’assurer qu’il avait bien fermé la
porte du caveau.
    Il approcha une table. Sur la table, il y
avait une balance. Il y avait trois coffres. Il ouvrit le
premier.
    Un instant, il tint dans ses mains le
couvercle levé, plongeant des yeux hagards à l’intérieur. Puis il
laissa retomber le couvercle. Il demeura quelques instants
immobile.
    Puis il ouvrit le deuxième coffre.
    Et il demeura hébété, la bouche et les yeux
grands ouverts.
    Précipitamment, il rouvrit le premier
coffre.
    Il laissa les deux couvercles rabattus et
murmura quelques mots indistincts. Il souffrait atrocement.
    Il eut alors un geste pour ouvrir le

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