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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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souffrance… Dans un souffle il
appela :
    – Marie…
    Nous disons bien :
il appela.
Ses traits parurent se pétrifier. Sur son front ruissela la sueur
d’un surhumain effort.
    *
    *
*
    Pour un instant, franchissons l’espace. Nous
sommes à Paris. Un pauvre logis, non loin du Temple. Un mauvais
lit. Une torche de résine pour éclairer cette misère. Sur le lit,
une jeune femme en proie à la fièvre… Un homme, un colosse, assis
dans un coin. Une femme penchée sur le lit. L’homme, c’est le
geôlier Gilles. La femme, c’est la Margotte.
    Il est un peu plus de 11 heures. La malade
tout à coup, se soulève dans le lit. Elle semble écouter…
elle
écoute !…
    Soudain, elle jette un cri déchirant. Les
mains jointes, le regard fixe et vitreux, elle écoute !
    Brusquement, elle se renverse. Elle a
l’apparence d’un cadavre. La Margotte se tourne vers le
geôlier.
    – Morte ? demande le colosse.
    – Non. Le cœur bat. Mais…
    – Mais ?
    La Margotte pâlit, tressaille et, d’une voix
sourde, répond :
    L’âme est encore partie…
    *
    *
*
    Dans la chambre où dort le dauphin,
Nostradamus, pétrifié, parlait en pensée. Et voici ce qu’il
disait :
    – Où es-tu ? Depuis des mois je te
cherche sans te trouver. Ma pensée parcourt en vain les espaces. Tu
me fuis donc ? Marie ! Ne sens-tu pas que l’amour a
triomphé dans mon cœur ?…
    Un frisson le fait palpiter. Alors, il
reprend :
    – Écoute, Marie ! La nuit où je t’ai
pardonné, la nuit où, dans mon cachot, je t’ai crié mon amour et
mon pardon, ma mère ne s’est pas présentée à moi pour me rappeler
le serment ! Elle n’est pas venue me dire que je devais
poursuivre de ma haine la fille de Croixmart !… Je l’ai
compris, alors ! Marie de Croixmart, tu as innocemment porté
ce nom maudit ! Marie, tu n’as été que l’inconscient
instrument de la fatalité qui a frappé ma mère !… Marie, je te
pardonne ! Marie, je t’aime ! Marie, je t’adjure !
En quelque lieu que tu sois, je veux que tu entendes la voix de ton
époux ! Morte ou vivante, je veux que tu viennes !…
    Morte ou vivante !…
    Cet esprit audacieux descendait-il vraiment
dans le vertigineux abîme du magnétisme animal ? C’est à la
suite de ce récit que nous demanderons de répondre par des
faits…
    Le silence était tragique dans cette chambre.
Seul, le balancier de l’horloge marquait la fuite du temps. L’heure
fixée, lentement, s’écoula. L’aiguille, pareille à un serment
fatidique s’approchait du chiffre XII… Minuit !
    Dans ce même instant, le dauphin François se
réveilla, se souleva d’un mouvement convulsif, puis retomba sur son
oreiller en jetant une clameur déchirante.
    Ce cri lugubre ramena Nostradamus des régions
du rêve impossible dans le monde visible et tangible. Il semblait
porter un monde de désespoir. Ses lèvres tremblèrent. Il
murmura :
    – Elle n’est pas venue !…
Sommes-nous séparés ?…
    Son cœur se serra d’angoisse. Il crut qu’il
allait mourir. Pour la première fois depuis l’instant où il avait
aimé Marie, le doute venait de pénétrer dans cette âme… Il râla,
épouvanté :
    – Elle ne m’entend pas ! Ce serait
donc… que… peut-être… elle n’est plus à moi !…
qu’elle
s’est donnée à un autre ?…
    Un nouveau cri du dauphin le ramena près du
lit. Le savant reparut en lui. Il se pencha sur le prince qui
gémissait sourdement et se débattait les yeux révulsés.
    – Allons, murmura Nostradamus, sauvons
encore cette créature, afin que les messagers invisibles me soient
propices.
    Il prit le flacon. Et dans ce moment, François
hurla :
    – Elle est là ! Elle vient
d’entrer ! La voici ! À moi !
    D’un bond, Nostradamus fut de nouveau près du
lit.
    – Elle est là ! râla le malade.
Sauvez-moi d’elle !
    – Délire ! fit Nostradamus prêt à
vider le contenu du flacon dans la bouche de François.
Délire ?… ou
Vision !…
    Il reboucha le flacon. Une pâleur livide
s’étendit sur son visage. Il saisit la main de François et
demanda :
    – Qui est là ? Qui est
entré ?
    Et François, dans un souffle d’agonie,
répondit :
    – CELLE QUE VOUS AVEZ APPELÉE !…

II – LA CONFESSION
    Un soupir atroce gonfla la poitrine de
Nostradamus. Mais il ne fit pas un geste. Seulement son regard
ardent demeura rivé sur le dauphin. Marie était là ! Il en
était sûr… Mais ce n’est pas lui qui la voyait,

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