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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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étaient réunis.
C’étaient, d’une part, François et Henri, les deux fils du roi, et,
d’autre part, Roncherolles et Saint-André, qui venaient d’arriver.
Les deux frères, enchaînés l’un à l’autre par la haine, ne se
quittaient pas.
    C’est que les deux frères adoraient la même
femme. Ensemble, ils l’avaient vue pour la première fois sous les
peupliers de la Seine et chez tous deux, la passion s’était
déchaînée.
    À l’entrée de Roncherolles et Saint-André, les
deux princes eurent le même mouvement d’interrogation
angoissée.
    – Nous connaissons le bien-aimé !
s’écria Saint-André.
    – Nous savons qui est la fille, dit
Roncherolles.
    – Qui est-elle ? interrompirent les
deux princes.
    – La fille du seigneur de Croixmart.
    – Tué hier en place de Grève !
ajouta Saint-André.
    Aucun des deux frères ne songea que la mort
tragique du père pouvait les faire renoncer à leurs projets.
    – Seule, maintenant ! dit François
avec un soupir.
    – Et sans défense ! dit Henri avec
un sourire.
    – Et l’homme qu’elle aime ?…
grondèrent-ils tous deux.
    – Il s’appelait Renaud, dit
Roncherolles.
    – Cette nuit, ajouta Saint-André, nous
lui avons vu faire quelque chose d’étrange… Prenez garde,
messeigneurs. Qui sait quelles protections couvrent les agents de
l’enfer ?…
    – Qu’avez-vous donc vu ? murmurèrent
les princes.
    – Quelque chose, dit Roncherolles, qui a
fait reculer de terreur la ronde que nous conduisions…
    – Et quelque chose, se hâta d’ajouter
Saint-André, qui vous débarrassera de cet homme, s’il est d’essence
humaine…
    – Comment cela ? firent avidement
les deux frères.
    – Voici, messeigneurs. Passant sur la
place de Grève, nous avons vu ce Renaud, agenouillé sur les cendres
du bûcher où a été brûlée la sorcière. Un spectre noir
l’accompagnait. Il enlevait les ossements de la
sorcière !…
    Les deux princes frémirent. Roncherolles
acheva le récit :
    – Ossements destinés sûrement à un
maléfice. Renaud est criminel : il n’y a plus qu’à le faire
brûler !
    – C’est vrai ! rugit Henri. Je cours
chez le roi.
    – Non ! grinça François. C’est à
moi, l’aîné, d’y aller !
    Les deux frères se mesurèrent du regard. Des
paroles confuses s’échangèrent, les grondements de deux tigres face
à face. À ce moment, une tenture se souleva, et Saint-André
cria :
    – Le Roi !…
    C’était en effet François I er ,
le roi batailleur et galant, qu’il nous faut ici présenter en
quelques mots. Pour cela, nous entrerons dans une magnifique salle
où le roi François I er et le connétable de
Montmorency pénètrent ensemble. François I er est
rentré à Paris depuis quelques jours après une trêve signée avec
Charles-Quint, et Paris lui a fait une splendide réception.
    François I er venait d’avoir
son tour de triomphe. Il avait jeté sa griffe sur les Savoies, et
Charles avait demandé une trêve…
    Le roi de France, donc, pénétrait avec Anne de
Montmorency dans son cabinet de travail. Le connétable regarda le
roi qui se mit à rire.
    – Eh bien ! Parle. Mais d’abord,
laisse-moi te féliciter. Quel appétit ! Je voudrais avoir tous
les jours des convives tels que toi à ma table ! Moi, je n’ai
pas mangé.
    – Sire, dit Montmorency, Sa Majesté
Charles-Quint rassemble soixante à quatre-vingt mille combattants,
et dans trois mois…
    François I er se mit à arpenter
son cabinet. Il avait conservé cette élégance qui faisait de lui le
plus beau gentilhomme de son royaume.
    – Quelle entrée ! s’écria-t-il.
As-tu vu comme les femmes agitaient leurs écharpes et comme elles
étaient jolies ? Dieu me damne, elles sont toutes amoureuses
de moi !
    Anne de Montmorency redressa sa taille de
géant.
    – Sire, dit-il, lorsque l’empereur aura
sous sa main l’armée qu’il rassemble, il rompra la trêve. Alors,
sire, le vautour impérial fondra sur vos provinces, et…
    – Et nous lui opposerons ta rude épée,
mon connétable, cariatide de mon trône ! Ah ! par tous
les diables, laisse-moi m’enivrer de vie, après m’être tant enivré
de mort sur les champs de bataille !… Oui, je sais !
J’aurais dû achever le sanglier !… Que veux-tu ! Tu ne
peux comprendre, toi, géant d’acier, qu’un cœur d’homme batte dans
ma poitrine…
    – Toujours l’amour ! Maudites soient
les

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