Notre France, sa géographie, son histoire
Invalides, né à Paris en 1645, mort en 1708. — Lenôtre, né à Paris en 1613,
mort en 1700, etc.
L'ÎLE-DE-FRANCE - PARIS - PATRIE
I
Nous sommes enfin arrivés au terme du voyage ; nous entrons
dans notre Ile-de-France , si bien nommée. Ici, il y a de tout, mais
avec travail , des pommiers, des vignes, de l'orge, du froment, cidre, vin,
bière farines, pâturages même. La Normandie, la Bourgogne, la France et la
Flandre semblent s'être réunies pour doter ce berceau de la France. Les routes
ne sont bordées ni de noyers comme en Touraine, ni de pommiers comme en
Normandie. L'orme, dur et patient, y croît pour l'industrie. Vous ne trouverez
ici, ni légers treillages, où la vigne tombe en guirlandes, ni cultures
mariées... Médiocrité forte, riche, intelligente, laborieuse, communications
faciles, comme un appel du centre aux extrémités.
II
Paris
Pour ce centre du centre, Paris, Ile-de-France, il n'est qu'une
manière de les faire connaître, c'est de raconter l'histoire de la monarchie.
On les caractériserait mal en citant, comme nous l'avons fait pour la Picardie,
quelques noms propres ; ils ont reçu, ils ont donné l'esprit
national ; ils ne sont pas un pays, mais le résumé du pays. La féodalité
même de l'Ile-de-France exprime des rapports généraux. Dire les Montfort, c'est
dire Jérusalem, la croisade du Languedoc, les communes de France et
d'Angleterre et les guerres de Bretagne ; dire les Montmorency, c'est dire
la féodalité rattachée au pouvoir royal, d'un génie médiocre, loyal et dévoué.
Quant aux écrivains si nombreux, qui sont nés à Paris, ils doivent beaucoup aux
provinces dont leurs parents sont sortis, ils appartiennent surtout à l'esprit
universel de la France qui rayonna en eux. En Villon, en Boileau, en Molière et
Regnard, en Voltaire, on sent ce qu'il y a de plus général dans le génie
français ; ou, si l'on veut y chercher quelque chose de local, on y
distinguera tout au plus un reste de cette vieille sève d'esprit bourgeois,
esprit moyen, moins étendu que judicieux, critique et moqueur, qui se forma de
bonne humeur gauloise et d'amertume parlementaire entre le parvis Notre-Dame et
les degrés de la Sainte-Chapelle.
Mais ce caractère indigène et particulier est encore
secondaire : le général domine. Qui dit Paris, dit la monarchie tout
entière. Comment s'est formé en une ville ce grand et complet symbole du
pays ? Il faudrait toute l'histoire du pays pour l'expliquer : la
description de Paris en serait le dernier chapitre 1 . Le génie parisien est la forme la plus complexe à
la fois et la plus haute de la France. Il semblerait qu'une chose qui résultait
de l'annihilation de tout esprit local, de toute provincialité, dût être
purement négative. Il n'en est pas ainsi. De toutes ces négations d'idées
matérielles, locales, particulières, résulte une généralité vivante, une chose
positive, une force vive. Nous l'avons vu en Juillet.
1 Nous espérons donner bientôt ce chapitre en nous
aidant des papiers inédits de M. Michelet (M me J.
H.)
III
La France, comme le corps humain, est un système
organique complet, fortement centralisé.
C'est un grand et merveilleux spectacle de promener ses regards du
centre aux extrémités, et d'embrasser de l'œil ce vaste et puissant organisme,
où les parties diverses sont si habilement rapprochées, opposées, associées, le
faible au fort, le négatif au positif ; de voir l'éloquente et vineuse
Bourgogne entre l'ironique naïveté de la Champagne, et l'âpreté critique,
polémique, guerrière, de la Franche-Comté et de la Lorraine ; ; de
voir le fanatisme languedocien entre la légèreté provençale et l'indifférence
gasconne ; de voir la convoitise, l'esprit conquérant de la Normandie
contenus entre la résistante Bretagne et l'épaisse et massive Flandre.
Considérée en longitude, la France ondule en deux longs systèmes
organiques, comme le corps humain est double d'appareil, gastrique et
cérébro-spinal. D'une part, les provinces de Normandie, Bretagne et Poitou,
Auvergne et Guyenne ; de l'autre, celles de Languedoc et de Provence,
Bourgogne et Champagne, enfin celles de Picardie et de Flandre, où les deux
systèmes se rattachent. Paris est le sensorium.
La force et la beauté de l'ensemble consistent dans la réciprocité
des secours, dans la solidarité des
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